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Critique de loreleirocks


Voici une pièce qui, parmi les quelques oeuvres de Shakespeare que j'ai lues, me semble assez différente. Tout d'abord parce que bien que tragicomique, elle n'est pas aussi tragique, ni aussi comique que ses autres tragédies et comédies. Elle me paraît cependant bien plus sérieuse dans le fond. Et elle se déroule dans un seul lieu et linéairement. Même le langage est d'une apparente simplicité.
La raison de ma relecture influence sans doute cette impression : dans le cadre d'un séminaire sur l'écocritique et Shakespeare, me voilà lancée dans la recherche d'un thème à exploiter dans un extrait d'oeuvre de Shakespeare afin de le mettre en parallèle avec un autre extrait autour du même thème, d'un point de vue écocritique. J'ai choisi The Tempest pour sa quasi absence de critique de la société élizabethaine et parce que c'est ma préférée.
Elle me paraît cette fois comme une réflexion sur les effets de la colonisation, les interactions humaines et entre l'homme et la nature.
Outre les interventions comiques des quelques personnages et la vengeance de Prospero envers ceux qui l'ont trahis, mon intérêt s'est focalisé sur les relations de Prospero et Ariel d'une part et Prospero et Caliban de l'autre. Bien que Prospero soit toujours qualifié positivement, tant bien dans son caractère que dans son utilisation de la magie, Shakespeare laisser percer l'oppression que Prospero fait subir aux habitants de l'île sur laquelle il s'est échoué, qu'ils soient animaux, végétaux, esprits ou humains. Il exploite les connaissances de l'île et de ses ressources offertes par Caliban, et en fait son esclave, qui tout aussi sauvage soit-il exprime son île avec plus de poésie que de plus nobles personnages. Ariel aussi. Sous prétexte de l'avoir délivré d'un sortilège jeté par la mère de Caliban, Prospero l'utilise afin de mener à bien sa vengeance, faisant miroiter sa libération à plusieurs reprises. Sans jamais remettre en question son attitude dominante basée sur ses livres et sa magie.
L'île est aussi décrite selon differentes perceptions et conceptions. Pour Prospero, sans l'aide de Caliban et Ariel pour l'exploiter, est déserte et peu propice à l'homme. Pour Caliban et Ariel, elle est verte et abondante, riche en vie, selon le goût et l'esthétique de l'homme européen ou pas, elle est pleine de beauté subtile.
On voit en cette pièce Shakespeare tirant sa révérence, à travers l'épilogue de Prospero. On pourrait peut-être aussi voir dans son départ de l'île et l'abandon de sa magie, comme dans sa libération d'Ariel, une prémonition sur les effets de la colonisation qui, à l'époque de l'écriture de The Tempest, se propage en Amérique.
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