AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,33

sur 24 notes
5
1 avis
4
5 avis
3
8 avis
2
1 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un roman indien qui se respecte fait au moins 500 pages. du moins, c'est l'habitude que nous ont donnée les auteurs du sous-continent avec quelques exceptions pour confirmer la règle. Mais Vivek Shanhbag, inconnu jusqu'alors en nos contrées, est différent. Ne serait-ce que parce qu'il écrit directement en langue kannada. Et avec Ghachar Ghochar, son premier livre traduit en français, paru aux éditons Buchet-Chastel, il nous offre un récit de moins de 200 pages qui, par bien des égards, ressemble à une longue nouvelle. Inutile donc de le comparer aux pavés indiens auxquels nous sommes accoutumés, sinon c'est la déception assurée. le récit, lui-même, n'est pas vraiment lié à une évolution narrative constante. Il s'agit plutôt d'un grand flashback d'un homme qui nous raconte sa vie familiale depuis divers angles comme pour constituer une tapisserie ou, si l'on préfère, esquisser une miniature. La quatrième de couverture parle d'un roman "en forme de parabole sur les affres de la richesse trop vite venue et la dégradation morale qui l'accompagne, campé dans une Inde tiraillée entre traditions et modernité." Hormis les deux derniers termes, cliché absolu, c'est assez bien vu. L'accession à un standard de vie supérieur, en Inde, est quelque chose de très spécial et de déstabilisant, non seulement aux yeux des autres mais au sein même de la famille qui en bénéficie. C'est tout l'art de Vivek Shanhbhag que de nous en expliquer les composantes et les conséquences avec une finesse de trait doublée d'une sorte de douceur qui cache pourtant de grandes cruautés. Chacun des personnages de Ghachar Ghochar a droit à une portrait admirablement ciselé dans ce qui pourrait être une comédie de moeurs sur les nouveaux riches indiens. La chute du livre est brutal et ouverte : elle pourrait être frustrante mais elle donne surtout envie de découvrir d'autres récits de l'auteur. Un de plus à ajouter à la longue liste des romanciers passionnants de ce pays aux folles contradictions..


Lien : https://cin-phile-m-----tait..
Commenter  J’apprécie          210
C'est un roman agréable à lire mais quelle drôle d'ambiance! Au début du récit, la famille est unie, dans l'entraide, la convivialité et le partage du peu qu'ils ont et tous semblent heureux dans leur petit maison, envahie par les fourmis.
La nouvelle situation de Chikkappa (l'oncle paterne du narrateur), dans le commerce des épices, censée soulager financièrement la famille, n'aura pas que des effets bénéfiques, loin de là. le déménagement puis la redistribution des rôles semble les isoler et les éloigner les uns des autres.

Je me suis pas tellement attachée aux personnages, l'argent les pervertit, les rendant faibles ou agressifs et superficiels.
Anita, l'épouse du narrateur semble être la seule à avoir encore la tête sur les épaules, désapprouvant le comportement de chacun, et affirmant haut et fort son opinion.
Elle disparaît mystérieusement, l'auteur laissant le lecteur s'interroger à son sujet, la famille se refermant sur elle-même.
La derrière tirade du serveur du coffee shop ne fait que confirmer ce que j'imaginais.

Malgré la petite déception de ne pas avoir une fin plus explicite, le Ghachar Ghochar prend quand même tout son sens, telle une fable sur les méfaits de l'argent facile, entraînant la perte des valeurs. A méditer.
Lien : http://www.lelivroblog.fr/ar..
Commenter  J’apprécie          20
Merci à Babelio et aux éditions Buchet Chastel.

Comment traduire "ghachar ghochar" ? C'est une expression utilisée par la famille d'Anita quand les évènements ou les gens sont un peu emmêlés, confus... Chaos est un mot sans doute trop fort, désordre peut-être ou imbroglio conviendraient mieux.

Vivek Shanbhag, qui écrit en langue "kannada", celle utilisée par les indiens de Bangalore, nous parle ici (dans son premier livre traduit en français) des membres d'une famille de la classe moyenne, représentative de ce qui peut se passer de nos jours dans une ville du sud de l'Inde.

Un homme, le narrateur, s'assoit tous les jours au café "Coffee House", un établissement raffiné qui existe depuis plus d'un siècle. le serveur, dénommé Vincent, lui glisse régulièrement des petits conseils du genre "Monsieur, laissez faire" ou "Monsieur, une histoire... plusieurs points de vue" ; c'est un sage que "Monsieur" a souvent envie de consulter...
"Après avoir regardé par la fenêtre pendant une bonne demi-heure, j'appelle Vincent, engage la conversation et guette quelques pépites de sagesse dans tout ce qu'il raconte. Si la tempête souffle dans mon crâne, il m'arrive de commander un en-cas et de prolonger la conversation. Parfois, j'ai envie de m'épancher. Mais à quoi bon, puisqu'il semble tout savoir, sans que j'aie à lui dire quoi que ce soit ? Mon interlude à la Coffee House, loin des tensions de la vie familiale, est le moment le plus paisible de ma journée." (p 16)

Notre homme est assis là, se remémorant tout ce qui lui est arrivé depuis quelques années et hésitant à rentrer chez lui ; il est un peu perdu ce buveur de café, il s'est laissé ballotté par la vie et ce que les autres ont décidé pour lui : sa mère pour son mariage, son oncle pour son travail.
Il faut dire qu'ils vivent en famille : le père Appa, la mère Amma, Malati la fille aînée qui a quitté son mari, le narrateur et sa femme Anita et l'oncle Venkatachala, frère cadet du père, celui qui a apporté la richesse grâce à son entreprise commerciale d'épices.

Dans l'ensemble du livre, la question de la femme, de sa place dans la famille, dans la société, dans son rapport à l'homme est posée ; l'auteur ne répond pas précisément, mais donne à voir des comportements, des attitudes qui ont changé. La mère n'a pas du tout la même attitude que sa fille Malati : si l'une aime cuisiner pour les siens et ne mange qu'après eux, la fille n'a aucune attirance pour les tâches ménagères ; si l'une se tait souvent quand l'homme a parlé, l'autre s'exprime haut et fort et ne voit pas pourquoi elle ne dirait pas ce qu'elle pense.

D'où viennent les tracas de celui qui nous raconte l'histoire de cette famille en transition ? Justement de ces changements au sein de la famille et dans la société indienne. Par exemple Anita voudrait que son mari ait un vrai travail - alors qu'il est un directeur fantoche et désoeuvré - quitte à avoir moins d'argent, et elle le lui dit ; il y a des affrontements à la maison commune du fait de la promiscuité et l'auteur a l'air de penser -et de montrer - que les femmes non seulement ne sont plus soumises mais sont perpétuellement en colère !
" Que puis-je dire sur moi-même qui me soit vraiment personnel et pas lié aux autres ? de quelque façon que je m'y prenne, je retombe vite sur l'une de ces trois femmes - Amma, Malati ou Anita -, chacune plus redoutable que l'autre. Parfois, je me demande si elles ne passent pas tout leur temps à acérer leur langue, à accumuler en silence des ressentiments en vue d'un usage ultérieur." (p 93)

Le passage de la pauvreté à une certaine aisance financière est bien montrée par l'évolution du rapport de la famille aux repas : avant ils mangaient tous assis ou accroupis par terre ; avec l'argent, ils ont acheté une cuisinière à gaz et il faut donc être debout pour faire cuire les aliments et ils ont acheté une table et des chaises...

Un livre très intéressant sur la mutation des comportements féminins en Inde et ce qui arrive à une famille qui accède à un statut social plus élevé et à la richesse ; l'auteur est un conteur habile qui sait évoquer avec précision ces moments de vie en Inde et nous entraîner à sa suite...

" Lorsque nous prîmes congé des voisins au moment du départ, nous éprouvâmes à la fois de la fierté et de l'inquiétude. Notre prospérité nouvelle était connue de tous dans la rue ; n'empêche, le fait que nous ayons pu nous permettre d'acheter une maison, qui plus est dans un quartier prisé, était susceptible de provoquer surprise et jalousie. Amma ne s'étendit donc pas sur les détails. J'imagine que nous-mêmes considérions notre ascension avec une certaine incrédulité : argent vite acquis, argent vite englouti ?" (p 71)

Commenter  J’apprécie          10
Ghachar Ghochar : une petite surprise.
Ce petit roman est arrivé dans ma boite aux lettres samedi et je l'ai lu d'une traite. Au premier abord, c'est un livre sympa qui se lit très facilement et d'une façon très agréable.

On découvre le personnage principal, fils d'une famille pauvre et très soudée, famille composée également de son père, sa mère, son oncle et sa soeur. Oh oh, ce serait le bonheur si le père n'allait pas perdre son travail assez rapidement en page 47.
Mais les deux frères (le père et l'oncle) et sur l'initiative de l'oncle qui prend tout en main, décident de fonder leur propre entreprise, affaire qui va prospérer rapidement et faire basculer la famille dans une richesse inattendue, ce qui va bouleverser leurs habitudes et leur façon de vivre ...

J'ai adoré ce petit roman écrit comme une nouvelle. On découvre une famille soudée que la vie malmène un peu. On découvre que cet argent qui a l'air facilement gagné ne fait pas complètement leur bonheur. On découvre que la famille en raison de ces bouleversements va quelque peu changer, que leurs liens vont se relâcher.
Mais au final même le "ghachar ghochar" ne pourra en avoir raison.

Des questions vont se poser, des réponses ne seront pas forcément données ... Faudra deviner ce qui n'est pas dit.

J'ai adoré le moment où toute la famille se retrouve à prendre le thé "comme avant" ...
J'ai adoré le lexique en fin de roman où j'ai appris plein de choses ...

Et je suis restée scotchée par un final inattendu.
Commenter  J’apprécie          10
Pourquoi cet homme qui a ses habitudes dans ce Coffee House parait si tourmenté aujourd'hui.
L'homme, le narrateur, a grandi dans une bicoque d'un quartier pauvre de Bangalore avec ses parents, sa soeur et son oncle Chikkappa. Ce dernier s'est lancé dans le commerce d'épices, et la famille s'est enrichie en peu de temps. Adieu bicoque, adieu soucis d'argent, adieu études. Tous cinq vivent désormais dans l'opulence mais reste toujours redevable à l'oncle Chikkappa car la maison tourne autour de ce dernier, celui qui ramène les deniers et fait vivre tous les membres de sa famille.
Le narrateur nous conte sa vie, comment les siens ont changé et nous révèle à demi-mot jusqu'où ils peuvent aller.

"Ghachar Ghochar" est certes un court roman de 170 pages mais c'est un véritable concentré d'une merveilleuse écriture. On s'y régale et Vivek Shanbhag laisse planer son mystère bien au-delà du bout du roman. Une très belle découverte, un roman que je recommande.

Lien : http://atasi.over-blog.com/2..
Commenter  J’apprécie          10

Lecteurs (45) Voir plus



Quiz Voir plus

Le textile en s'amusant

Savez-vous quelle est la plus ancienne fibre textile dérivée du pétrole ? Indice : cette matière a rapidement pris sa place dans l'histoire du vêtement féminin.

le nylon
le feutre
le ramie

10 questions
152 lecteurs ont répondu
Thèmes : textile , Textiles et tissus , industrie , plantations de coton , culture générale , vêtements , habillement , détente , maillot de bain , laine , humour , Chanvre , confection , Fibres textiles , laine , grande-bretagne , histoire , indeCréer un quiz sur ce livre

{* *}