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Critique de Sharon


Je dois reconnaître un premier fait : le genre de la nouvelle n'est vraiment pas fait pour moi (mis à part les nouvelles de Guy de Maupassant, extrêmement concises). J'ai besoin de plus de temps pour m'imprégner des personnages, d'autant plus que leur culture, leur manière d'être et de penser sont radicalement différents de la mienne. J'avais éprouvé moins de difficulté avec Compartiment pour Dames d'Anita Nair bien que chaque femme raconte tour à tour son histoire. L'enchâssement de chaque récit dans un récit plus vaste, le crescendo dans la désespérance y était sans doute pour beaucoup.
Ici, le ton est plus varié, et parfois même franchement comique. Je pense en particulier à deux nouvelles, le pèlerinage de Mayadevi et Les premières vacances de RC. Dans le pèlerinage de Mayadevi, l"héroïne prend l'avion pour la première fois, pour rendre visite à son fils, dentiste à Londres. Elle ne l'a pas revu depuis des années parce que môssieur a pris l'avion une fois pour l'Angleterre et qu'il n'a jamais osé le reprendre depuis. Tant pis pour les périls encourus : sa vieille mère va lui montrer ce que c'est que le courage, en dépit des risques qu'elle prend, et lui rappellera les devoirs qu'un fils doit à sa mère. Non mais ! Elle a même appris l'anglais de manière intensive afin d'être fin prête le jour dit. Ne croyez pas que ce voyage se passera exactement comme prévu, et si Mayadevi renvoie certains européens à leurs clichés et autres phrases toutes faites sur l'Inde, elle est profondément émue par Martha sa belle-fille, qui lui offre quelque chose, au contraire des autres membres de sa famille qui ne lui donne que ce qu'elle leur a demandé.
Dans les premières vacances de RC, nous avons ce fameux RC, chef d'entreprise à la vie réglée à la minute près. Il régente mère, femme et fille d'un chronomètre de maître, et gare à celles qui changerait quoi que ce soit à sa vie !!!! Pourtant, c'est lui qui décide d'emmener toute sa famille en voyage. S'il s'était douté de toutes les changements que celui-ci allait apporter dans sa vie.... il serait parti beaucoup plus tôt.
Quant aux Sacrées tantes, qui donnent leur nom au recueil, nous les retrouvons dans Les tantes et leurs maux, la troisième nouvelle. Des maux, elles en ont, et pas qu'un seul. Je crois en fait que leur existence a été traversée par tellement de maladies que c'est une chance bien réelle qu'elles soient parvenues jusqu'à l'âge qu'elles ont. La rencontre avec la veuve d'un médecin, lors qu'un voyage en train, changera leur vie : que de nouveaux maux ne vont elles pas connaître grâce à elle !!!
Tout n'est pas aussi riant dans les autres nouvelles, et le mariage reste souvent douloureux pour les femmes. La "trop grande épouse" de l'avant-dernière nouvelle doit son malheur à sa grande taille - 1 m 75 - ce qui donne des accès de fureur à son nabot de mari. La manière dont elle retrouve sa liberté face à la violence de son mari est extrêmement courageuse. Autre extrême : la très jeune mariée n'est qu'une enfant lorsqu'elle est envoyée dans le palais de son mari. Son père a voulu un mariage somptueux pour elle, elle découvre non seulement la condition de femme mariée, dans une famille où la grand-mère règne comme une despote, mais aussi celle de veuve, en la personne de la toute jeune Uma, dont le mari est décédé.
Mes sacrées tantes est un recueil que je conseillerai aux amateurs de nouvelles et à ceux qui veulent découvrir petit à petit la littérature indienne.
Lien : http://le.blog.de.sharon.ove..
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