AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Lamifranz


Qui a dit que la Science-fiction était un univers dénué d'humour ? Celui-là n'a jamais lu Fredric Brown ou Robert Sheckley. Ces deux auteurs sont la caution incontestable d'une science-fiction humoristique, non seulement drôle (et pas qu'un peu) mais encore drôlement intelligente : parce que, comme les meilleurs moralistes depuis Molière et Voltaire jusqu'à nos humoristes contemporains, il fait passer de très sérieux messages écologiques, politiques, philosophiques et même religieux.
« La dimension des miracles », un peu comme « Martiens, go home » (de Fredric Brown) est une farce qui cache une parabole, ou si l'on préfère, une parabole déguisée en farce.
Carmody est un brave type comme vous et moi (vous je ne sais pas, mais moi je ne veux pas m'avancer, mais bon…) Et un beau jour il reçoit une visite inattendue :
« … Il ouvrit la porte, entra et alla s'allonger sur le canapé. Sa femme était en villégiature à Miami, aussi put-il en toute impunité poser les pieds sur la table de marbre proche.
Un instant plus tard, il y eut un grand coup de tonnerre et un éclair jaillit en plein milieu du living-room. Carmody se dressa et porta ses mains à sa gorge sans raison particulière. le tonnerre gronda encore quelques secondes, puis fut remplacé par un choeur de trompettes antiques. Carmody retira vivement ses pieds de la table de marbre. Les trompettes cessèrent et furent remplacées par l'aigre et héroïque son des cornemuses. Il y eut un nouvel éclair, et un homme apparut dans le déchaînement de lumière » ; (cette citation, c'est juste pour vous donner une idée du « ton » inimitable de ce roman)
Cet inconnu, est en fait un extraterrestre qui vient informer Carmody qu'il est l'heureux gagnant du Super Tiercé Galactique, et qu'il a un Prix à retirer au Centre du même nom. A partir de là, ça vole dans tous les sens : Carmody et son guide partent pour le Centre, et c'est le prétexte à une épopée intersidérale des plus loufoques, où tous les thèmes de la SF sont rebattus, où l'on rencontre des dinosaures qui parlent et même le Bon Dieu.
Incidemment (et c'est le côté parabole du roman », on apprend que la Terre est une planète pourrie par son propre appétit de production à outrance et qu'elle est en train de mourir étouffée par ses propres déchets. Quand aux humains je ne vous en parle même pas !
En fait un univers pas si déjanté que ça, si on y regarde bien. Carmody met un temps fou à retrouver sa planète d'origine, mais ce voyage interstellaire l'a fait réfléchir. Toutes ces expériences l'ont mûri :
« J'ai tourné le dos à l'attrape-gogo que les dieux nous font miroiter dans leur foire céleste. Je ne me soucie plus de découvrir la clef de l'immortalité. Je n'en ai pas besoin. J'ai le moment présent, qui me suffit.
- Saint Carmody, s'écria le Prix avec dérision. L'épaisseur d'un cheveu vous sépare de la mort. Que voudriez-vous faire avec votre pauvre moment ?
- Continuer à vivre, dit Carmody. C'est à cela que servent les moments. »
(dernières lignes du roman)
En somme la version futuriste du « Carpe diem » d'Horace, ou mieux, celle du « Il faut cultiver notre jardin » De Voltaire. Mais va y avoir du boulot !
Commenter  J’apprécie          100



Ont apprécié cette critique (10)voir plus




{* *}