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Critique de Explographe


Samuel Prothero est aliéniste, une profession encore sous-estimée à une époque où on traite les malades mentaux avec de bonnes décharges électriques purificatrices.

Ce jeune homme de vingt-six ans rêve d'ouvrir sa clinique pour aider l'humanité. (Le con, il n'a rien compris au capitalisme et à comment « réussir sa vie ».) Pour ce faire, il intègre le club des inventeurs de Londres où il espère trouver les relations nécessaires à son projet naïf.

Il y fait la connaissance du sinistre Jeffery Richmond qui lui propose un cas à résoudre. Et quel cas, les enfants ! En effet, sa dernière invention censée purifier l'air de Londres attire en fait les spectres de la ville, dont celui de sa défunte soeur, Christine. Moi ? Je suis calme. Pourquoi tu t'énerves ?!

Je découvre Lucius Shepard avec ce court texte d'une centaine de pages et, outre ses qualités narratives indéniables, je tiens à souligner le style de l'auteur particulièrement plaisant, élégant et accordé au ton de la nouvelle.

L'histoire, sombre et glauque, nous est contée à la première personne ce qui rend l'aventure encore plus immersive. En général, je ne suis pas fan, mais là c'était clairement le bon choix à faire. Il y a dans ce texte un petit quelque chose de Lovecraftien avec ce côté presque steampunk qui fonctionne à merveille.

L'enquête ne laisse aucun temps mort et l'histoire d'amour qui s'y mêle ajoute un aspect très humain qui contraste avec la noirceur du récit.

Les personnages sont travaillés, tant dans leur personnalité que dans leurs codes de classe sociale. le protagoniste, Samuel, nous partage ses pensées, et son humanisme ainsi que sa curiosité scientifique nous touchent. Il émane de lui une grande sincérité.

Richmond contraste avec lui de façon spectaculaire. L'homme possède un esprit brillant, certes, mais se comporte de façon grossière et peu amène. Il y a quelque chose de très sombre chez ce personnage.
Jane et Dorothea forment le duo médiateur entre les deux pôles que sont Samuel et Richmond. Elles ont chacune leur manière de voir le monde et de s'y adapter tout en étant d'une grande complicité. En effet, elles viennent du même milieu pauvre où la prostitution finit par devenir la seule solution pour survivre.
Christine, le fantôme objet de toutes les curiosités, nous apparait comme une femme jadis forte et entreprenante réduite à errer après une mort violente. Cela la rend agressive et imprévisible. Elle incarne jusqu'au bout des ongles tout le tragique de sa situation.

Avec ce cheptel de personnages, L. Shepard aborde un tabou majeur. Loin de le caricaturer en manichéisme primaire, il y ajoute toute la complexité malsaine d'une pareille situation. Je ne peux bien évidemment pas révéler le tabou en question, car cela serait du spoil, et le spoil c'est mal. Cependant, la surprise était au rendez-vous.

Pour résumé, un texte court, prenant et élégant. Je n'ai pas grand-chose à lui reprocher, sinon sa fin peut-être un poil trop abrupte. À consommer sans modération pour tout amateur de fantastique.
Lien : https://les-chroniques-d-aen..
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