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Critique de 4bis


Le coeur de Londres, ses beaux quartiers et ses bas-fonds. S'inscrivant dans la veine du polar historique aux illustres prédécesseurs, Laura Sheperd-Robinson délaisse l'époque victorienne, abondamment utilisée comme cadre dans de nombreuses intrigues pour s'inscrire à la toute fin du 18e siècle. Nous y gagnons de ne pas croupir dans une morale bienpensante complètement étriquée et de profiter au contraire de caractères hauts en couleurs et aussi émancipés que l'organisation sociale de l'époque l'autorisait.
Pourtant il faut bien l'avouer, aucun des personnages n'a de quoi remercier le destin du sort qui lui échoit : Peregrine Child, attrape-voleur au triste passé et au foie bien attaqué au gin, prostituées côtoyant des hommes qui n'ont de gentils que la dénomination, anciens militaires devenus chiffonniers, antiquaires faussaires, la galerie des portraits n'épargne personne et il n'en est aucun qui ne morfle... Même le milieu aisé de la banque d'affaires abrite des trajectoires cabossées : Ainsi notre personnage principal, Caroline Corsham, dite Caro, fille et soeur de riches banquiers n'est pas aimée de son époux et le sait. Elle en a pris son parti et cherche le bonheur dans d'autres bras, à défaut de le trouver. Un soir qu'elle se rendait dans le fond d'un parc où se scellent certaines rencontres illicites, elle y retrouve Lucy Loveless, célèbre prostituée, laquelle se vide de son sang et finit par agoniser dans ses bras. Désireuse de ne pas laisser ce crime impuni, Caro va mener l'enquête aux côté de Peregrine Child et mettre au jour un faisceau complexe d'intérêts morbides et de personnalités sans vergogne.
Au début, j'ai crié au chef d'oeuvre, à la découverte d'une nouvelle Ann Perry. J'ai été soufflée par les connaissances historiques installant le tableau, charmée par un style agréablement érudit. Et puis, à mesure que l'enquête suivait son cours, mon intérêt n'a pas su être relancé. Comme mon enthousiasme frôlait les sommets aux premières pages, il m'en est resté assez pour que j'achève le livre mais sans la même fougue. Cela tient, je crois, à deux choses : l'intrigue policière est foisonnante, elle met au jour différents acteurs qui agissent de manière concomitante mais non conséquente et cela nuit au plaisir que constitue une élucidation ne reposant que sur une seule cause. D'autre part, aussi profonds et attachants que soient en théorie les personnages dans leur conception, l'intrigue ne leur laisse pas souvent l'occasion d'illustrer les multiples facettes de leur personnalité et la succession des chapitres les conduit trop souvent à enchainer les rencontres déterminantes, les interrogatoires probant sans que leurs existences soient en rien touchées par ce qui leur arrive. Ils finissent par être davantage conduits par les péripéties qu'à en être au coeur. C'est dommage car il y avait, à mon sens, bien plus de potentiel dans le personnage de Caro, son anticonformisme qu'explique assez bien ses origines roturières, sa liberté intérieure qui résonne autant avec les courants philosophiques dans la fin du 18e siècle qu'avec nos préoccupations contemporaines.
Vies et mort de Lucy Loveless reste cependant un polar historique tout à fait honnête et je me laisserai bien tenter par la suite des aventures de Caro si cet opus devait n'être que le deuxième d'une plus longue série.
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