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Critique de Tachan


Tachan
08 décembre 2020
Nous avons découvert le trait si particulier de Narumi Shigematsu cette année avec son titre hommage aux sportifs handicapés : Running Girl, que j'ai beaucoup aimé. Je suis donc ravie de constater que son éditeur, Akata, a fait le choix de la suivre et de nous proposer, rapidement en plus, un autre de ses titres un brin plus ancien.

Oeuvre plus ancienne, je l'ai trouvée moins aboutie graphiquement. Ce qui apportait un charme certain dans un titre sur l'athlétisme, apparait plus maladroit ici même si on est encore sur un titre plein de mouvement. le trait est quand même plus maladroit, notamment dans les proportions des personnages. Cependant, on retrouve la même poésie, même sensation virevoltante et le même tourbillon graphique qu'on lui connaissait. J'aime quand un(e) artiste à comme ça SA patte.

Concernant l'histoire, elle avait tout pour me séduire. Ce shojo manga historique s'intéressent à l'adolescence de Zeami, le créateur du théâtre Nô, nous proposant ainsi une vraie plongée dans la culture japonaise classique. L'autrice offre sa propre interprétation d'un personnage très important pour l'art japonais, mais également celle d'un homme phare de la politique d'alors, et celle de leur rencontre qui va changer et bousculer bien des choses. C'était de belles promesses.

J'ai trouvé le titre parfait pour découvrir l'histoire des différents courants théâtraux japonais, appréhender un peu un bout de l'époque Muromachi (XIVe siècle), découvrir les rapports entre un shogun et l'Art, assister à ce que c'était de vivre auprès du shogun, voir la politique qu'il développait, ses rapports avec ses courtisans... Tout ça est très bien conté même si je me doute que c'est très romancé, mais le titre tient bien sa place à côté des autres titres historiques de ma bibliothèque pour ces points-là. J'ai vraiment trouvé que l'autrice nous plongeait à merveille dans la tradition de la pensée japonaise où art et divin sont intimement liés.

Là où ce n'est pas du tout passé en ce qui me concerne, c'est par contre du côté des valeurs morales du titre. Les deux héros de cette histoires sont tous deux passionnés, plein de vie mais également un brin mélancoliques et malheureusement leur rapprochement fut particulièrement malaisant pour moi. Oniyasha, le jeune héros de 12 ans, a des sentiments très purs et naïfs, limite immatures, et il est très maladroit. le jeune shogun, lui, est plus âgé. Il n'a que 17 ans mais il est présenté comme un adulte car c'est quelqu'un de mature, qui a vécu. du coup, le regard amoureux et plein de désir qu'il pose sur le jeune Oniyasha m'a vraiment dérangé. Il y a pour moi, un problème dans la représentation de ces sentiments qui flirtent avec la pédophilie, tant on dirait le désir d'un homme adulte pour un enfant. Vous me direz, que ça n'avait peut-être de choquant pour l'époque, ou encore que l'autrice a juste repris des personnages historiques ou encore que je pose un regard anachronique sur leur relation, mais n'empêche ça m'a mis très mal à l'aise.

Je sens bien pourtant que l'autrice cherche à développer une belle romance entre eux, quelque chose de mélancolique et dramatique, où elle s'appuie sur les codes de l'époque et notamment de la tragédie propre à l'art qu'elle célèbre en prime. Les gens de regard entre eux sont puissants, leurs effleurements électrisants ou tendre selon, il y a une vraie tension romantique et romanesque entre eux, donc ça plaira certainement aux amateurs.

Mais la romance ne fut pas la seule faille pour moi. La narration est également un peu brouillonne, le rythme saccadé : trop rapide parfois, trop lent à d'autres moments, et l'équilibre informations historiques / récit pas toujours optimum. le mélange ne se fait pas toujours bien, ce qui rend la lecture un peu longuette du coup.

Ce nouveau titre de Narumi Shigematsu, le second chez nous, m'a donc moins convaincue que le précédent, notamment parce que mon curseur moral a eu du mal avec la romance qui se met en place. En revanche, j'ai beaucoup aimé le décor historique, qui lui me passionne. Je lirai donc quand même avec curiosité le dernier tome mais avec une pointe d'appréhension.
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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