Citations sur Le poids des secrets, tome 2 : Hamaguri (79)
Je marche quelques pas derrière ma mère pour aller à l'église. Je vois sa jupe évasée s'agitant au rythme de sa marche et de ses longs cheveux noirs. Les couleurs des fleurs d'hortensia. Le bruit de la pluie, qui tombe sur le parapluie de papier huilé. Les escargots. La barbe noire de l'homme étranger. La silhouette de la petite fille s'éloignant avec son père. Et le bruit du coquillage. (p. 81)
Je demande :
- C'est quoi, épouser ?
ELLE répond :
- Tu ne sais pas ? Un homme et une femme habitent ensemble pour le reste de la vie et ils élèvent des enfants. L'homme travaille pour gagner de l'argent et la femme reste à la maison pour s'occuper des enfants. Mais il faut fêter le mariage avant ça.
Je comprends maintenant et dis :
-Alors j'aimerais épouser ma mère pour habiter avec elle pour le reste de ma vie...
Il n'y a plus de cours maintenant. Les étudiants de notre âge ou plus vieux doivent travailler dans une usine réquisitionnée par l'armée. Tous les matins, le directeur nous donne des instructions. Et de temps en temps, un commandant vient inspecter l'usine et nous fait un long discours...
Tout le monde écoute, silencieux. Les paroles offensantes pour l'armée sont interdites. Si on lui réplique, on est giflé.
Yukiko ne vient plus dans le bois de bambous. Je l'attends une semaine, deux semaines, trois semaines en vain. Je commence vraiment à m'inquiéter à son sujet. Qu'est-ce qui lui est arrivé ? Est-elle tombée malade ? Je ne la vois jamais devant la maison...
Je reste maintenant seul dans le bois, le coeur brisé.
“— Comment peut-on savoir que la mémoire disparaît ? On sait que le corps, incinéré ou enterré, se décompose, parce qu’il possède une forme matérielle. Mais la mémoire, qui n’a pas de forme, comment peut-on savoir qu’elle disparaît ?
/…/
— Je crois que notre mémoire, à moi et à toi, se perpétuera dans le bois, éternellement.”
Peut-être ma mère avait-elle aussi besoin de toi. Tout est complémentaire. Ce qui est important, c'est que nous soyons heureux, n'est-ce pas ?''
Il avait répondu : ''oui, tu as tout à fait raison, mon fils.''
Lecture agréable de ce livre 2 de la pentalogie Le poids des secrets.
Le ton est léger alors que le narrateur Yukio vit sur le plan
personnel des tourments.C’est un roman sur la filiation et les secrets
avec les conséquences que cela entraîne , un sujet universel et intemporel donc,
Je marche quelques pas derrière ma mère pour aller à l'église. Je vois sa jupe évasée s'agitant au rythme de sa marche et de ses longs cheveux noirs. Les couleurs des fleurs d'hortensia. Le bruit de la pluie, qui tombe sur le parapluie de papier huilé. Les escargots. La barbe noire de l'homme étranger. La silhouette de la petite fille s'éloignant avec son père. Et le bruit du coquillage.
Nous entrons dans le bureau du médecin. Au moment où nous l'apercevons debout devant une fenêtre, un éclair éblouissant brille derrière lui. Une détonation suit. C'est la bombe! On entend les cris des infirmières. Nous nous couchons immédiatement. Monsieur M. me hurle: « Ne bouge pas, Yukio!» Les fenêtres sont déjà arrachées par le souffle de l'explosion. Le médecin a disparu. Les fragments de verre volent. Les livres tombent sur nous. Les chaises roulent violemment. Je regarde la scène en retenant mon souffle. Je crois que je vais mourir. L'extérieur devient sombre. Puis, un silence sinistre...
- Je ne pense pas à la vie après la mort. Je crois que la mémoire disparait au moment de la mort.
Elle demande :
- Comment peut-on savoir que la mémoire disparaît ? On sait que le corps, incinéré ou enterré se décompose, parce qu'il possède une forme matérielle. Mais la mémoire, qui n'a pas de forme, comment peut-on savoir qu' elle disparaît ?
Je ne sais que répondre. Je demeure silencieux. Elle a peut-être raison. Nous continuons à marcher. Elle a toujours lair de se perdre dans ses pensées :
- Je crois que notre mémoire, à moi et à toi, se perpétuera dans le bois, éternellement.