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Critique de pchion


pchion
11 décembre 2020
Pour qui s'intéresse tant soit peu à l'écologie sociale, je considère que la scientifique indienne Vandana Shiva, fondatrice du mouvement paysan Navdania, fait partie des auteurs incontournables. Cela fait plusieurs livres que je découvre d'elle, et ce dernier titre publié, « 1% - Reprendre le pouvoir face à la toute puissance des riches », fait partie des ouvrages essentiels qu'elle a écrit.
J'ai particulièrement apprécié cette prise en compte de la dimension sociale essentielle du projet politique écologique. La catastrophe planétaire annoncée n'est pas inéluctable, mais nous ne pourrons l'éviter qu'en acceptant la nécessité absolue d'un changement de cap économique dans un très proche avenir – un avenir, dirais-je même, qui aurait dû commencer hier ! La capacité de nuisance des multinationales et de ceux qui en sont les principaux commanditaires est considérable. La démonstration faite par l'auteure est implacable et ses arguments percutants (un bon tiers du livre mériterait de figurer dans la rubrique « citations » de ce site). Des tableaux chiffrés, souvent arides, viennent étayer son argumentation.
Elle s'appuie sur un terrain qu'elle connaît parfaitement, la situation des agriculteurs en Inde, pour montrer de quelle manière les principaux acteurs des filières agroalimentaires et chimiques (souvent les mêmes remarquons-le au passage) procèdent pour s'emparer des biens communs comme l'eau, la terre ou les semences paysannes, et pour les breveter, avec l'appui d'administrations complices, comme si l'on pouvait « posséder » ce qui appartient à tous ! Elle démontre l'imposture de la Révolution verte qui a été promulguée dans son pays, et l'hypocrisie des différentes fondations qui entendent maintenant jouer un rôle majeur dans le domaine de l'agriculture, de la santé et de l'information. Trois domaines dont il serait pourtant essentiel que les peuples gardent sous leur contrôle. Des fondations comme celles de Bill et Melinda Gates donnent d'une main ce qu'elles reprennent de l'autre avec avidité et des profits sans limites. L'Afrique est leur nouveau terrain d'expérimentation…
Ce que j'aime dans les écrits de Vandana Shiva, c'est que malgré le côté apocalyptique du tableau qu'elle dresse de l'avenir du monde, ils sont chargés d'optimisme. Les références aux Ecrits du sage Gandhi sont nombreuses, mais l'auteure démontre que ce n'est pas parce qu'une lutte s'appuie sur des bases non-violentes qu'elle ne doit pas être implacable. Dans l'état du Kérala, que je connais un peu, la persévérence et le courage des populations locales ont permis de contrer les agissements néfastes de la société Pepsi Cola. Bien que la multinationale ait commis beaucoup de dégâts, et après de nombreuses années de lutte, elle a dû fermer son usine de fabrication et d'embouteillage de sodas et d'eau potable.
Mon seul regret c'est que l'éditeur ait choisi pour rédiger l'introduction de ce livre, Mme Hervé-Gruyer, une personne qui à mon avis n'est pas vraiment un fer de lance des luttes de l'écologie sociale. La ferme du Bec Hellouin est sans doute une belle réalisation, mais j'ai du mal à la situer par rapport à la lutte des paysans du mouvement Navdania. J'aurais trouvé plus judicieux de faire appel à des personnalités dont l'engagement politique est plus marquant.
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