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Critique de sylviedoc


Merci à Babelio et aux éditions Belfond de m'avoir permis de découvrir Lionel Shriver, auteure dont je ne savais pas grand-chose, hormis qu'elle avait écrit « Il faut qu'on parle de Kevin », à cause du film éponyme. Une fois n'est pas coutume, je voudrais commencer par féliciter Laurence Richard pour la qualité de sa traduction, parce que cela n'a pas du être facile de restituer toutes les finesses et l'humour assez particulier de ces nouvelles ! En tout cas c'est réussi, bravo.
Petite mention également pour la couverture, sobre mais complètement en adéquation avec le thème de la propriété, avec sa couleur rouge, sa poignée de porte et son trou de serrure qui nous invite à regarder ce qui se passe de l'autre côté.
Et ce n'est pas toujours très joli, ce qui se passe de l 'autre côté justement ! L'auteure nous invite à découvrir à travers 12 nouvelles (dont deux sont plutôt de courts romans) les dérives que peut entraîner la possession, ou le désir de posséder. Et qu'il s'agisse de biens matériels, comme une maison ou de l'argent, voire même d'un banal pot de mayonnaise, ou d'aspects spirituels tels que l'amitié, l'amour filial ou conjugal, certains sont prêts à tout ou presque pour défendre/conserver leurs possessions.
Dans « Le lustre en pied », la novella qui ouvre le bal, c'est Baba qui est l'objet du désir, entre Jillian sa meilleure amie et confidente depuis 25 ans, et Paige, la femme qu'il va épouser, (mais pour cela la condition est de renoncer à cette précieuse amitié). Chacune considère cet homme un peu mou-du-genou comme lui appartenant, l'une étant prête à partager et l'autre pas. le lustre dont il est question dans le titre a été fabriqué avec beaucoup de soin par Jillian et va cristalliser autour de lui toutes les tensions traversées par le trio.
J'ai eu un peu de mal à rentrer dans l'histoire à cause des tournures de phrases et de la sophistication du vocabulaire employé, mais en lisant un peu plus lentement que d'habitude j'ai fini par apprécier tout le sel du récit.
Je ne résumerai pas les nouvelles plus courtes qui suivent, j'en ai beaucoup aimé certaines, notamment « Terrorisme domestique », où un Tanguy du XXIè siècle se fait flanquer à la porte et n'apprécie vraiment pas de quitter le cocon familial, ou « Repossession » où l'on constate qu'une maison peut choisir de ne pas accepter sa nouvelle propriétaire. D'autres m'ont moins enthousiasmée, comme « Poste restante », trop courte, ou « Kilifi Creek » moins pertinente par rapport au thème. « Le baume à lèvres » m'a fait rire parce que j'ai vécu une situation identique à l'aéroport Heathrow de Londres, où j'ai craint de finir en cellule à cause d'un baume à lèvres laissé dans mon bagage à main, quand j'ai protesté auprès de la contrôleuse que ce n'était pas un liquide et qu'elle s'est vengée en saccageant le contenu de mon sac...
Le dernier récit, « La sous-locataire » est plus élaboré. Il narre la difficulté de partager un appartement contre son gré, surtout lorsqu'on est compulsivement toujours en train de tenir les comptes de ses possessions matérielles, jusqu'aux plus insignifiantes. Alors lorsqu'une personne vient piocher sans vergogne dans le frigo ou occupe l'espace de façon assez invasive, la cohabitation risque d'être bien orageuse !
Ce dernier texte ne m'a pas emballée, trop de détails sur les tribulations politiques de l'Irlande du Nord, on se perd dans les sigles et les positions respectives des différents partis, j'étais à la limite de l'ennui. A mon sens, une cinquantaine de pages auraient suffi à exprimer l'essentiel, ou alors peut-être au contraire aurait-il fallu en faire un roman à part entière, non plus seulement sur le thème de la propriété, mais également en développant davantage le contexte des « troubles » dans le pays.

Pour conclure : une écriture extrêmement pointue, un recueil à lire en prenant son temps sinon on risque de passer à côté de détails savoureux, des histoires d'un intérêt inégal, et à mon humble avis peut-être pas le meilleur choix pour une première lecture de Lionel Shriver. Je vais sans doute paraître sévère au vu des autres critiques, mais je ne lui octroie que trois étoiles sur cinq.

P.S. En général j'écris mes critiques et les publie en « premier jet », après une simple vérification orthographique ou des éventuelles répétitions. Mais pour celle-ci j'ai du exceptionnellement rédiger un brouillon, ayant plus de mal avec les nouvelles (j'en lis rarement). Et en me relisant j'ai eu un doute : n'avais-je pas été trop dure, au vu des éloges prodigués pas les autres lecteurs ? Mais ensuite je me suis dit qu'après tout le but de Babelio n'est pas d'encenser unanimement les mêmes livres, mais plutôt de refléter la diversité des opinions, chaque lecteur étant différent des autres. Ai-je raison ou tort, en tout cas je ne me censurerai pas !
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