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Critique de Christophe_bj


Juste avant l'élection de Trump, Barry, le multimillionnaire gérant d'un fonds spéculatif à Manhattan ayant « des milliards de dollars d'actifs sous gestion », « pète les plombs » et entreprend, quasiment sans argent, un long périple de New York à la Californie en car Greyhound ; il laisse derrière lui son fonds qui traverse une mauvaise passe, sa femme et son fils autiste. ● C'est à la fois l'histoire d'une descente aux enfers, avec la découverte de la misère dans son pays et une incursion au Mexique, et celle d'une renaissance, car après son voyage initiatique, Barry ne sera plus le même. « Républicain fiscal modéré », comme il se qualifie lui-même, il va rencontrer les électeurs de Trump (comme l'a fait, semble-t-il, l'auteur, pour écrire son livre), lui qui, malgré une enfance modeste, est devenu un des privilégiés de la mondialisation et l'habitué de la sophistication new-yorkaise la plus poussée (cheffe à domicile, nounou philippine payée le salaire d'un cadre dirigeant, whisky japonais à 30 000 dollars la bouteille, collection de montres de plusieurs millions, etc.) Voici ce qu'au début du roman le héros s'entend dire : « Vous créez un monde où tout, hormis la plus grande richesse, est vu comme un échec moral. » La vie de ces gens est folle : « Il y avait des gestionnaires de portefeuille dans son fonds qui faisaient tellement d'heures sup qu'ils ne voyaient jamais leurs enfants. La fille de son chef du service Asie lui avait un jour demandé : ‘Papa, pourquoi tu vis ?' » Dans ces cercles, à New York, tout est organisé, depuis la plus tendre enfance, pour pouvoir entrer dans l'université la mieux à même d'ouvrir la porte d'une carrière dans la haute finance spéculative : « HYPMS. Harvard, Yale, Princeton, MIT, Stanford. Les bonnes écoles connaissent déjà le pourcentage de réussite de leurs élèves de maternelle à l'entrée de l'une de ces cinq facs. À Brearley, c'est 37 %. » Ces gens tirent profit de la décomposition du monde à laquelle ils participent : « Tu amasses des fortunes pendant que le monde s'écroule autour de toi. C'est même justement parce que le monde s'écroule autour de toi que tu gagnes des fortunes. » L'avidité est sans limites : « Peu de personnes cessaient de vouloir s'enrichir après avoir atteint la somme de cent millions, à moins de manquer fondamentalement d'ambition […]. » ● De tels livres constituent pour moi la preuve que le roman est supérieur à l'essai sociologique pour la description de la société. Il me semble que pour comprendre les raisons de l'élection de Trump et l'état actuel de décomposition de la société américaine, il n'y a pas mieux. « Malgré tout ce qu'ils feraient, ceux qu'ils aimeraient, ce qu'ils deviendraient, l'ombre de Donald Trump planerait sur une partie de leur vie. Il tenterait de les tirer vers le bas, à sa hauteur. C'était sa spécialité. […] Nous vivions dans un pays qui récompensait les pires citoyens. Nous vivions dans une société où c'étaient les méchants qui avaient le plus de chances de gagner. » C'est un livre que j'ai beaucoup aimé et que je conseille vivement. Il est en outre particulièrement bien traduit.
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