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Critique de lettres_et_caracteres


Ça vous intéresse, vous, un polar sur fond de tatouages japonais ? Moi non, absolument pas. D'abord parce que l'univers du tatouage m'est totalement étranger, ensuite parce que la culture nippone ne m'attire pas du tout. On ne pouvait donc faire pire entrée en matière. Et pourtant, pour la seconde fois consécutive, les éditions Plon ont réussi un tour de force en me transportant très loin de mes univers de prédilection et en ébranlant toutes mes convictions en matière de polars. Après Gamine guerrière sauvage, voilà que Jeu de peaux a été bien plus qu'une excellente découverte, ce fut un vrai, beau et franc coup de coeur.

Ce roman au titre évocateur s'ouvre sur la convocation de Juliano Rizzoni au siège de la PJ. le jeune homme, mondialement connu pour son oeuvre artistique tout autant que pour sa fortune colossale héritée au décès de ses parents, est interrogé par la police dans le cadre d'une drôle d'affaire. Il y a quelques années de cela, l'artiste a choisi de séjourner au Japon pour se former auprès d'un maître à la technique du tatouage Irezumi. Un art exigeant qu'il a appris à maîtriser au fil des mois avant d'être lui-même en mesure de le pratiquer. Mais l'artiste dont les toiles se négocient à coup de millions dans les salles de vente, ne réalisera que dix tatouages sur le dos de proches. La rareté de ces oeuvres leur octroie une valeur inestimable, ce dont leurs propriétaires ont bien conscience. Or, contre toute attente, ces dix oeuvres vont être mises aux enchères. Déposés anonymement à la salle de vente, ces dix tatouages se présentent désormais sous forme de toiles. Mais où sont passés les corps de leurs propriétaires ? Avec une telle surface de peau retirée, on ne peut qu'imaginer une destinée tragique…

Toutes mes craintes relatives au thème du tatouage japonais se sont envolées dès les premières pages car le roman d'Anouk Shutterberg séduit d'emblée par son rythme, sa singularité, la fascination qu'exerce sur le lecteur la personnalité du personnage central.
L'ambiance est pesante et chargée de mystères et d'incohérences, on avance dans un univers mêlant l'esthétisme de l'art à la plus grande des perversions. le beau et le laid se côtoient au fil des pages, le malaise s'intensifie à mesure que l'on découvre l'étendue des dommages. Tout dépasse l'imagination et l'entendement. C'est un roman qui choque, qui bouscule et qui renverse tout sur son passage. Un roman à proscrire aux âmes sensibles, le sadisme y est omniprésent. Et même si la fin est totalement improbable (remarquez, le début aussi, enfin je l'espère), on se laisse porter par l'imagination de l'auteure, comme dans un conte peuplé de très mauvaises fées. C'est totalement hallucinant comme histoire et parfaitement invraisemblable mais qu'importe, on a envie de croquer cette pomme à pleines dents car on comprend vite qu'il ne nous sera pas donné de goûter de sitôt un fruit aussi délicieusement défendu.

Lien : https://www.lettres-et-carac..
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