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Critique de Ourcq


Cette BD retrace la vie de Taha Siddiqi, journaliste, de l'Arabie Saoudite (où il a passé son enfance) au Pakistan, pays d'origine de ses parents (où il a passé son adolescence et commencé sa carrière), jusqu'à son arrivée à Paris avec un statut de réfugié, où, faute de pouvoir exercer pleinement son métier, il a ouvert le Dissident Club où se retrouvent les réfugiés politiques de diverses nationalités (ce point n'est pas développé dans la BD).
Nous sommes un peu dans la même lignée (et la même qualité) que les ouvrages autobiographiques de Riad Sattouf ou Guy Delisle, mais sur un ton beaucoup plus grave.
J'ai trouvé cette histoire passionnante, car il n'est pas si courant en BD d'avoir le point de vue direct d'une personne « non occidentale ». C'est tout l'intérêt ici pour plein de raison.
D'un point de vue micro tout d'abord, elle aborde la vie, plutôt méconnue, de ces millions de musulmans du sous-continent indien qui travaillent , vivent et grandissent dans la péninsule arabique.
Ensuite, d'un point de vue macro, cet ouvrage évoque l'histoire récente, là aussi plutôt méconnue, du Pakistan avec son armée omniprésente, sa société corrompue, ses relations ambiguës à la fois avec les moudjahidines de l'Afghanistan et les États-Unis, le statut des minorités chiites et chrétiennes dans la société….
Ce que j'ai aimé, c'est la description sans concession de ses parents, de sa religion, de l'Arabie Saoudite et du Pakistan faite par Taha dont on ne peut jamais douter de la sincérité : on y découvre une société où l'intégrisme est très présent, où le rôle de la femme est mineur (j'ai appris que les mères pouvaient perdre leur prénom, puisqu'on les interpelle sous le terme de mère du fils aîné ! « mère de Taha au cas présent »), où une bonne partie de sa vie se passe sous couvert de l'hypocrisie et du mensonge (boire , fumer, s'amuser, exercer certaines professions, et bien sûr fréquenter l autre sexe…), et où la liberté d'expression ,évidemment, est limitée.
Au-delà, de l'histoire, le dessin de Hubert Maury peut paraître comme un simple support, mais avec le recul sur la base d'une gamme chromatique de couleur sable (pour le récit de Taha) ou bleu (pour le présent, les rêves ou les références historiques) illustre bien à mon avis cette vie où la joie est peu présente ou, en tout cas, très éphémère. le trait est vif et finalement s'accorde bien avec le récit qui a toutefois le premier rôle.
J'ai trouvé cet ouvrage de plus de 250 pages, passionnant et salutaire. Au fil de la lecture, je me suis attaché à Taha et sa famille, à sa « petite » histoire dans la « grande » histoire. Je lui souhaite sincèrement le meilleur pour la suite (en France ou peut être au Pakistan s'il peut y retourner un jour) : il s'agit d'un homme honnête et éclairé qui s'est interrogé sur sa condition, celle de sa famille et de son pays au prix de l'exil.





Livre reçu dans le cadre de Masse Critique
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