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Critique de Lsky


Lsky
11 septembre 2021
D'abord, et c'est rare que j'en parle : c'est un plaisir de contempler le beau bleu de la couverture, presque de l'art brut. Mais il faut bien ouvrir le livre.

Je pense qu'il est compliqué de se jeter dans le roman sans avoir lu le premier tome tant il y a des termes auquel l'auteur nous a habitué et de clins d'oeil.

Christophe Siebert propose ici une uchronie plutôt qu'une dystopie, puisque certains éléments déclencheurs de tous ces drames ont débuté hier, et il y a même dix ans, il créé donc - et c'est ce qui m'avait particulièrement séduit dans le premier tome - tout un univers très solide.
Il exploite le mélange des croyances, anciennes ou nouvelles, existantes, propres à des civilisations enfouies ou slaves, mais aussi des élucubrations fantastiques et meurtrières. J'aime beaucoup que ce monde ait des légendes propres, un passé, une histoire solide, on y croirait, ainsi qu'au détail de ses vestiges et de l'histoire de son archéologie.
Autre mélange qui marche beaucoup sur moi quand c'est bien fait : le mélange entre science-fiction et magie. Loin de robots tueurs, d'extraterrestres et de baguette magique, Christophe Siebert exploite nos technologies comme les drones, l'informatique, le numérique, le hacking... Sans oublier une certaine nostalgie pour le vieux cinéma, qui par exemple se prête si bien aux snuff movies qu'on retrouve dans ce tome-là également. La magie est plutôt de l'énergie, Siebert s'est renseigné et utilise intelligemment les concepts de magnétisme, de rêves éveillés, de sorties de corps... Bref, encore une fois, le foisonnement, la science du détail de l'univers de Mertvecgorod fonctionne sur moi.

Peu habituel de l'auteur, le livre s'ouvre sur un appel à l'humanité, il enjoint à se soucier de son prochain. Ce mystère prend forme entre les pages, mais il tarde de voir s'il déborde su la suite des chroniques.
Aussi, le ton est différent du premier tome qui regroupait le point de vue de nombreux personnages, ici nous avons à faire au manuscrit d'un journaliste. Mort dans d'étranges circonstances, critiquant ouvertement le système, s'étant pris d'affection, faisant preuve d'humanité, touché par le sort de ces filles qu'on retrouvait terriblement assassinées. le roman a son titre : Feminicid.

Ainsi, on est jeté dans un récit en poupées russes, on est plongé dans l'enquête comme si ce n'était pas un roman. L'immersion est folle, vraiment super réussie, prenante, un numéro d'équilibriste littéraire et stylistique qui met le lecteur à la place de l'enquêteur, le livre se compose de (liste non-exhaustive) : comptes rendus, entretiens réalistes et très vivants, billets d'humeurs écrits à l'arrache, extraits d'articles, chronologies, roman dans le roman... Autant de format qui embarquent le lecteur sur la piste de ces mystérieux féminicids.
L'immersion persiste même dans les interstices du livre, jusqu'en "note du traducteur."

Ainsi, le premier tome nous avait laissé avec plein d'interrogations où des destins tragiques s'allongent sur les pages glacées, retraçant la vie des basfonds. le second s'attaque à la création du monde, le big bang terrible, entre thriller et fantastique.
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