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Citations sur Chroniques de Mertvecgorod, tome 2 : Feminicid (8)

Dans la vie faut prendre des risques, sinon à quoi bon?
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Quand on vous accorde une grâce, on vous transmet aussi l'obligation de vous en servir.
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De fait, le camp se transformait en geôle uniquement pour ceux qui voulaient partir. (260)
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A "Moscou" [quartier pauvre de la ville] le taux d'homicide est quatre fois supérieur au reste de la ville et la mortalité générale six fois plus importante, avec une espérance de vie réduite de moitié. Mais ce n'est pas le plus étonnant. Le plus étonnant reste que malgré tout on y commerce, on y tombe amoureux, on y fonde des familles, on y mène des existences humaines autant que possible et pas seulement des vies de cloportes.
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Était-ce en eux le parvenu qui trahissait le crevard en le méprisant, ou le crevard qui trahissait le parvenu en s'obstinant à lui gâcher le plaisir, à lui rappeler le coût de tout ça, la misère sur laquelle leur luxe se bâtissait, alors qu'il aurait mieux fait, au lieu de jouer au professeur de morale, d'en profiter et fermer sa gueule ?
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Comment, dans cette société de surveillance totale, sous un ciel embouteillé de drones fabriqués par la Chine, la Russie, l’Inde ou même la RIM, peints en rouge, noir, blanc, or, bronze, ornés de blasons représentant des lions, des tigres, des loups, des faucons, des aigles, des vautours, des serpents, des dragons, des glaives, des casques romains, déguisés en oiseaux de proie ou en monstres, décorés de figures de proue, exhibant le logo des géants qui les sponsorisent, Kaspersky, Kalachnikov, VKontakte, Rutube, Spandex, comment, alors que trente-cinq compagnies se partagent l’immense gâteau sécuritaire de Mertvecgorod et que l’œil dans le ciel nous épie sans ciller, comment imaginer que depuis tout ce temps aucun opérateur n’ait rien remarqué, rien entendu, rien noté ?
Par quel miracle aucun enlèvement n’a-t-il jamais été constaté ni enregistré ? Par quel miracle est-ce toujours un promeneur, un passant, un riverain, un joggeur, un vigile, un vagabond, une grand-mère se rendant au Dixy, un enfant séchant l’école qui découvre la victime par hasard et jamais un drone ?
S’ils ont vu, pourquoi dissimulent-ils ce qu’ils ont vu ? Pour protéger qui ?
Lily et moi commençons par compiler les coordonnées GLONASS exactes d’un grand nombre de scènes de crime, ainsi que l’heure précise à laquelle le ou les corps sont découverts. L’étape suivante consiste à établir la liste des drones patrouillant à cet endroit et à ce moment. Il suffira alors de pirater les bases de données correspondantes pour récupérer des images montrant les assassins ou leurs complices en train de se débarrasser des pokonijki.
Très simple… en théorie.
Si la première étape s’avère aisée (ces informations sont publiques), c’est ensuite que ça se corse. Déterminer les emplacements et les parcours des drones est en principe impossible. Même leur nombre exact relève du secret industriel. Mais on connaît les trente-cinq compagnies qui se partagent la ville, et grâce à une enquête de sécurité menée en 2025 sur l’ensemble du parc par la société Innokentij – ainsi nommée, pour l’anecdote, d’après le pape qui a créé l’Inquisition en 1199 -, et dont certains éléments ont fuité, on peut déduire que plus de 50 % des appareils couvrent des surfaces de 5 à 50 kilomètres carrés et que dans 10 000 hectares de ciel patrouillent 2 à 30 drones appartenant à 2 ou 10 sociétés différentes. Une extrapolation de ces données nous permet d’estimer qu’un millier de coucous nous scrutent.
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« En vérité je vous le dis, contaminez-vous les uns les autres. Ils veulent nous empêcher de répandre le virus de la bonté. Ils veulent nous empêcher de libérer l’amour et l’empathie sur le monde. Pour étouffer notre compassion, ils envoient la Milicia. Pour faire taire les sanglots des victimes du feminicid qui s’adressent à nous, ils dispersent nos rekviemi à coups de matraque. Afin de nous empêcher de prier pour les âmes en peine des femmes mortes, ils utilisent des drones de combat. Lors de notre dernière réunion, ils ont ouvert le feu.
Pour nous punir de pleurer les mortes dont ils sont responsables, que font-ils ? Ils nous tuent. Pour empêcher les mortes de nous parler et de dénoncer leurs bourreaux, que font-ils ? Ils nous tuent. Pour nous empêcher de délivrer dans le monde des vivants le cadeau que les mortes nous ont fait, le cadeau de la bonté, que font-ils ? Ils nous tuent. Pour nous empêcher de répandre l’empathie comme un virus, comme une divine maladie qui se transmettrait par la douceur d’un baiser, la chaleur d’une caresse, le souffle d’une parole, le feu d’un regard, que font-ils ? Ils nous tuent.
Vendredi dernier à cinq heures trente du matin, lors du rekviem honorant sur les lieux même de son calvaire la mémoire de Léonilla Cyrillovna Golovine, retrouvée morte, violée et mutilée vingt-quatre heures plus tôt dans le terrain vague s’étendant entre le prospekt 1551 et le ring, qu’ont-ils fait ? Ils nous ont tués. Vendredi dernier, alors que nous nous retrouvions pour pleurer la mort de Léonilla Cyrillovna Golovine, habités par ses dernières pensées, qu’elle avait envoyées, depuis le monde des morts, à deux d’entre nous, qu’ont-ils fait ? Ils ont téléguidé un drone de sécurité de la société Berkut qui a ouvert le feu et massacré vingt-sept des nôtres. Vingt-sept innocents réunis pour pleurer, prier et chanter en l’honneur d’une innocente morte avec plus d’un millier d’autres, juste parce qu’elle est une femme. Vingt-sept innocents venus en toute humilité offrir leur compassion à une âme en peine, tués par un État à ce point inhumain qu’il emploie des robots pilotés à distance pour assassiner ceux qui en contestent légitimement la tyrannie.
Mes chers amis, bien peu d’entre nous portent en eux le virus de l’empathie. Nous ignorons pour quelle raison les victimes du feminicid le transmettent à certains et non à d’autres. Et nous ne savons même pas s’il est réellement contagieux. Qu’avons-nous à perdre en essayant ? Que ce virus de l’empathie se diffuse par la sueur, les larmes, la salive, le sang, le sperme ou l’âme, je vous en conjure : si cette grâce vous a touché, partagez-là. Par tous les moyens, transmettez le virus blagocestie, transmettez la piété comme une maladie contagieuse. En vérité je vous le dis, contaminez-vous les uns les autres. »

(Discours prononcé par Nikolaï le Svatoj en direct sur sa chaîne Rutube le lundi 23 mars 2020 et suivi par 350 000 personnes.)
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Suite à l’attentat du 27 avril 2025 et au coup d’Etat raté qui s’en est suivi, la République indépendante de Mertvecgorod est coupée du monde : depuis l’état d’urgence instauré par le président Vadim Romanovitch Glazkov, impossible de quitter le pays ou d’y pénétrer. Surveillance étroite des frontières et de l’espace aérien, aéroports fermés, avions cloués au sol. Pendant un an nous n’avons pu utiliser ni réseau téléphonique ni internet pour communiquer avec l’étranger, liberté rétablie le 10 mai 2026 sous la pression de l’ONU.
Ce livre représente une bouteille lancée à la mer afin d’alerter le monde sur la situation de la RIM.
Pour le courage dont elles font preuve en le publiant en France, nous tenons à remercier les éditions Au diable vauvert.

Assili Axionov et Lydia Tchoukovskaïa, directeur et directrice de la maison d’édition Glavlit
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