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Critique de anniefrance


Deux trains et trois voyageurs de nuit: Paris-Berlin pour Norbert Grebbe qui rentre chez lui après avoir défendu la proposition allemande sur l'immigration.
L'accord de Dublin ne fonctionnant plus, les ministres de l'intérieur de l'UE se concertent: l'Italie, le Grèce et l'Espagne n'en peuvent plus alors que l'Allemagne n'est entourée que de la Suisse et des pays de l'UE. Il faut répartir les charges entre les différents pays de l'Union européenne.
Grebbe a un autre souci: Johanna ou Hanna l'a quitté: leurs opinions politiques à l'égard des migrants les opposent: l'ex allemande de l'Est trouve son mari trop soumis aux idées du gouvernement; dans le train Norbert réfléchit et se rend compte de toutes les autres choses qui les ont éloignées l'un de l'autre.
Deux voyageurs sont dans un autre train de nuit de Budapest à Berlin: Johanna, qui va devenir guide du musée juif et un émigré afghan qui après bien des difficultés a décidé de rejoindre seul Copenhague en passant par Berlin. Johanna lui vient en aide: lui offre de la nourriture et le protège des éventuels contrôles. Elle pense que Norbert pourrait user de son pouvoir pour procurer une autorisation de séjour ou un statut de demandeur d'asile pour le jeune afghan.Le roman se termine par un échange de mails dont on ignore l'issue.
Après La Route des Balkans qui me laissait optimiste, notamment de la part de l'Allemagne, c'est un autre son de cloche qui est rapporté ici; certes Johanna est très compréhensive, c'est une idéaliste qui défend les exilés à tout pris mais Norbert nous fait découvrir une Allemagne moins sympathique, plus calculatrice. Les migrants ici ont une image très négative des allemands; Johanna reconnait que des choses horribles se sont passées en Allemagne mais on ne peut pas dire que les gens qui viennent de l'étranger sont constamment ici en danger de mort.
Ce livre est construit en alternance de chapitres donnant voix à Norbert et l'autre à Johanna et Aryan Shukrula; il montre la complexité du problème des frontières intérieurs et extérieures; l'espace Schengen n'est pas facilement accessible aux étrangers. Ce qui a été un progrès s'est arrêté: on ne va pas vers un monde sans frontière.
Des passages me demeurent obscurs: trop allusifs pour que je les comprenne:
ex: Pourquoi , après la Seconde Guerre Mondiale, avons-nous pu héberger plus de douze millions d'expulsés bien que la présence de ces crève-la-faim étrangers dans nos murs non seulement nous ait gênés dans l'usage de nos cuisines et de nos toilettes, mais aussi ait mis clairement sous les yeux de tous l'échec grandiose de la mégalomanie allemande-qui était souvent aussi pour chacun un échec personnel?
autre ex: Nous n'avons rien contre les étrangers, mais ils ont commencé par prendre notre travail, ensuite nos filles et nos femmes, et maintenant en plus, nos places de stationnement. Ici, nous aimons l'ordre. Nous n'avons fait que lui dire ce que nous pensions. Nous ne voulions pas le tuer.
Qui parle et de qui?

Que s'est-il passé à Göttingen? Je me souviens des paroles de la chanson de Barbara."Un des chapitres les plus douloureux de l'histoire franco-allemande" Ô faites que jamais ne revienne, le temps du sang et de la haine, car il y a des gens que j'aime, à Göttingen, et lorsque sonnerait l'alarme, s'il fallait reprendre les armes, mon coeur verserait une larme, pour Göttingen,
Un livre que j'ai aimé malgré ou à cause de sa complexité; une réflexion approfondie sur l'exil, les frontières, les pays se recroquevillant sur leurs acquis...et sur la démocratie: en politique, il faut avoir des idéaux; les hommes politiques doivent se battre pour des convictions.
Les gens attendent que quelqu'un défende enfin clairement une position humaniste; et là on verrait que l'opinion publique changerait aussi
Mais beaucoup d'hommes politiques prennent les électeurs pour des débiles, alors ils se mettent au niveau de bêtise qu'ils supposent chez eux.
Intégration ou raccompagnement au retour au pays (déclaré sûr!)
On a écrit aussi la nécessité d'améliorer les conditions de vie des habitants des pays d'origine et d'agir pour un développement économique et social durable de ces pays. Ce discours change de celui des contrôles aux frontières et des expulsions! mais pour agir, il faut avoir le peuple derrière soi et contrer les mouvements d'extrême droite.
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