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Critique de Zakuro


Les bords du fleuve de la Casamance, la mangrove et les rizières, c'est le pays Diola. C'est aussi le berceau de naissance d'Aline Sitoé Diatta née en 1920 dont je ne savais rien avant de lire l'hommage vibrant que lui consacre Karine Silla dans ce très beau roman.
Aline Sitoé Diata aurait eu 100 ans cette année où l'on célèbre aussi les 60 ans de l'indépendance du Sénégal.
Elue prophetesse et reine parce qu'elle a su faire venir la pluie par ses prières dans son village de Cabrousse, Aline Sitoé Diatta devient la porte parole légitime, combattante non violente et résistante aux lois coloniales françaises de l'époque qui appauvrissent et humilient son peuple.

Le roman commence avec un souffle épique que j'ai beaucoup aimé à la manière d'un roman de Laurent Gaudé faisant cheminer ensemble le débarquement des premiers colons portugais au 19 ième siècle et la danse rituelle d'un village Diola avant la chasse.
Dans ces premières pages, la nature est peinte de manière luxuriante et magnifique, elle n'est pas encore asservie par l'huile de caoutchouc.

La figure d'Aline Sitoé Diatta arrive dans le roman par petites touches dans le contexte historique du colonialisme qui écrase tout. J'ai vu plutôt comme personnage principal dans ce roman la machine monstrueuse d' un système institutionnel qui s'installait et prenait pouvoir en édictant des lois raciales comme le code de l'indigénat ou nommait des chefs locaux comme Benjamin Diatta, le cousin d'Aline pour assurer la paix sociale.

Aline Sitoé Diatta apparaît pleinement dans sa personne quand le « je »est utilisé mais là aussi, la jeune femme reste mystérieuse dans ses sentiments et ses émotions. Aline Sitoé Diatta est vivante par tout ce qu'elle endure de terrible, son travail forcené de docker puis de bonne dans la maison du colon français Martin dont on suit également une partie de sa vie depuis son départ de Bordeaux.
Jusqu'à son sacrifice final.
Karine Silla, écrivaine talentueuse m'a ouvert les yeux sur cette figure féminine résistante et pacifiste qui ne s'effacera pas de ma mémoire quand je longerai lors d'une visite à Paris le musée de la Porte Dorée.

Je remercie infiniment Babelio et les éditions de l'Observatoire pour ce moment de lecture instructif et beau.
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