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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
****

Aline Sitoé Diatta est la reine de Casamance. Messager de Dieu, elle entend sa voix qui lui demande de sauver son peuple. Elle ne veut que paix et liberté pour les Diolas, ce peuple d'Afrique que les colons portugais puis français ont cherché à faire plier. Elle n'est pourtant qu'une toute jeune fille, aux lourdes responsabilités, porteuse de force et d'espoir...

On ne peut qu'être à la fois touché et transporté par le récit lyrique, poétique et fluide de Karine Silla.

Au coeur d'une Afrique tournée vers la terre, la communication avec les esprits et le respect de la nature, on ressent toute l'injustice que combat Aline.
Alors que son peuple meurt, écrasé par la volonté des colons, elle se lève et fait entendre sa voix. Pacifique, elle ne veut que la paix et vivre de nouveau avec leur croyance et leur rite.

Oubliée de l'Histoire, cette jeune femme courageuse et charismatique ouvrira le chemin vers une indépendance et une liberté méritées...

Un très bon et beau roman qui devrait pouvoir bénéficier de toute la chaleur et la foi d'Aline, une lumière parmi les ombres...
Lien : https://lire-et-vous.fr/2020..
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Un portrait couleur sépia. Une femme de profil, seins nus, pipe à la bouche. Sans la connaître, on devine une femme décidée, jeune encore, une douceur et même la trace d'une léger sourire sur la photo.

Aline Sitoé Diatta. Née en 1920 et morte de tortures et de mauvais traitements dans une prison en 1944.

24 années, c'est à la fois si peu et tant. Car Aline Sitoé Diatta n'est pas qu'une photo, c'était une jeune femme forte, indépendante qui fut reine. Une reine qui appela les sénégalais à se soulever contre la colonisation.

À se réapproprier leur histoire, leur culture et leurs traditions ancestrales. Par le chemin de la non-violence, à reconquérir une liberté et une fierté bafouée. En renonçant à payer l'impôt, en refusant la conscription.

1920-1944 : deux dates qui montrent que les grands destins sont souvent brefs et marqués par la tragédie. Aline Sitoé Diatta ne fera pas exception.

Mais elle reste célébrée pour son engagement et, grâce à Karine Silla, son histoire parvient jusqu'à nous.

Son histoire mais pas seulement, l'histoire de notre pays et de la colonisation également. de cette incroyable morgue qui piétina des civilisations au nom d'un soit-disant progrès. Ce refus d'accepter la différence. Ce pillage des ressources et des hommes pour sauver la mère Patrie. Ce démembrement des sociétés tribales dont les conséquences résonnent encore aujourd'hui.

Récit à la beauté abrupte, à l'oralité chantante des grands contes, ce roman est un bel hommage et une belle réflexion.
Lien : https://allylit.wordpress.co..
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Aline Sitoé Diatta, la Reine de Cabrousse est une figure qui m'a interpellée lors de notre voyage en Casamance .


Nous avons visité Cabrousse , le village où Aline est née en 1920. Un jeune nous avait raconté en quelques mots son histoire. Et nous avons voyagé sur le ferry qui porte son nom de Ziguinchor à Dakar – traversée inoubliable.

Dès qu'on m'a signalé le livre de Karine Silla je l'ai téléchargé et lu sans attendre.

Aline Sitoé Diatta jeune paysanne de Casamance a quitté tôt son village pour être docker à Zinguinchor puis pour se placer comme bonne à Dakar auprès d'un couple de blancs. Sous l'effet de ses « rêves » (comme le disait le jeune de Cabrousse qui m'a raconté l'histoire) ou de voix qui lui parlaient, elle est rentrée vers 1941 au village et fut arrêtée le 8 mai 1943 et mourut au Mali en 1944. C'est donc une courte histoire.

L'intérêt du livre de Karine Silla est d'avoir contextualisé cette biographie : d'une part dans le récit de la vie villageoise et dans l'histoire de la colonisation. Elle entremêle les descriptions de la vie du village avec celle du couple de français à Dakar. Elle n'oublie pas les anciens combattants de la Première Guerre mondiale si patriotes et si mal récompensés.Le personnage de Diacamoune est très intéressant et très émouvant, il lui raconte l'histoire de son peuple, celle de Nahonda, amazone du Zimbabwe, et aussi les tranchées … Elle n'oublie pas non plus ceux qui ont cru dans le progrès et l'école de la République que les autorités utilisaient comme intermédiaires avec les paysans illettrés dans la collecte de l'impôt et la conscription. Elle situe l'action dans le contexte de la seconde guerre mondiale, évoque De Gaulle et la France Libre. C'est d'ailleurs dans le refus de la conscription en Casamance que se noue la résistance à la colonisation.


R

J'ai beaucoup aimé ses récits détaillés des coutumes du village : l'importance du riz et les efforts des villageois pour entretenir les rizières alors que les colons veulent imposer la culture de l'arachide pour l'exportation. Grâce à ce livre, j'ai mieux compris les croyances animistes des Diolas. Bien que Reine Aline n'avait aucun pouvoir dans le village, sauf spirituel, c'était une prêtresse, une intermédiaire entre la divinité capable de demander (et d'obtenir) la pluie après une terrible sécheresse.

C'est une histoire de résistance avec la non-violence



Aline est une figure admirable et ce livre fait revivre cette époque et sa lutte.
Lien : https://netsdevoyages.car.blog
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Le voyageur qui effectue en bateau le trajet entre Dakar et Ziguinchor a toutes les chances d'embarquer sur l'Aline Sitoé Diatta, patronyme d'une héroïne et martyr casamançaise. C 'est le destin de cette femme née en 1920 et morte en 1944 dans les geôles des colonisateurs français que retrace Karine Silla qui s'appuie sur les références historiques et les recherches sociologiques de son père universitaire Ousmane Diallo. Aline est une enfant curieuse, à l'écoute des histoires et légendes des peuples d'Afrique que lui conte son vieil ami Diamacoune, tirailleur de la première guerre mondiale, qui lui apprend aussi le français. Une adolescente et femme courageuse, déterminée, qui quitte son village de Cabrousse pour travailler d'abord comme docker à Ziguinchor, puis comme aide-ménagère chez une famille française à la Médina, quartier dakarois. Lorsque la 2ème guerre mondiale s'attaque à Dakar dans un bombadement qui oppose De Gaulle à Brisson, gouverneur vichiste de la capitale sénégalaise, Aline retourne en Casamance, obéissant aux voix qui lui intiment de sauver son peuple. Pendant deux ans, elle sillonne le sud du Sénégal, appelant les Diolas à la résistance contre le colonisateur, les sommant de ne pas payer l'impôt qui les aliène, et de refuser d'envoyer les hommes dans une guerre qui ne les concerne pas.
La présence même pacifiste d'une telle "agitatrice" ne saurait être tolérée par les colons. Aline se rend pour éviter que d'autres souffrent de la répression violente que met en place le commandement français.
Maltraitée, torturée, affamée, dans les prisons françaises au Mali et en Gambie, Aline meurt à l'âge de 24 ans.
Karine Silla choisit d'entrecouper le récit de vie d'Aline Sitoé Diatta, par la destinée de Martin, Français qui s'installe au Sénégal, et qui y fera venir sa femme. Ils seront les employeurs d'Aline qui aura la charge de s'occuper de leurs enfants.
Si c'est avant tout Aline la protagoniste de ce roman, il n'est pas inintéressant de partager le devenir d'un couple de colons, leur état d'esprit, attitude. Mais comme déjà indiqué, l'héroïne est Aline Sitoé Diatta, et c'est avec finesse que l'autrice nous fait partager ce parcours de vie hors du commun, d'une prophétesse, résistante, qui redonnera confiance aux Diolas, leurs rappelant qu'ils sont des hommes et femmes libres, dont les croyances et traditions ne peuvent être piétinées par un pouvoir qui ne les respecte pas.
Une dernière petite observation quant au choix de la photo de couverture. C'est une belle photo, vue en contreplongée d'une femme, qui la pipe à la bouche semble au-dessus de la mêlée, calme, en attente, observatrice. C'est une photo prise en 1910 d'une femme wolof, il ne s'agit donc pas d'Aline Sitoé Diatta.
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C'est d'abord la couverture qui interpelle. La photographie magnifique, sans fioritures, m'a sautée aux yeux.
Aline Sitoé Diatta, ce nom, je ne l'avais jamais entendu. Femme forte, résistante non-violente, elle a su ouvrir la voie aux peuples colonisés et humiliés du Sénégal.

A travers elle, Karine Silla nous raconte le peuple Diola, son histoire, ses croyances, son mode de fonctionnement. La colonisation est au centre de tout. Elle transforme, elle brutalise, elle tente d'effacer et de modeler à son image, niant l'humanité et l'histoire d'autres peuples. Ce livre amène à réfléchir sur le sujet.

En parallèle des colonisés, on suit les colonisateurs. Et ça, c'est la vraie force du roman. Ces différents points de vue qui évoluent au fil des pages. L'auteure a su le faire avec maîtrise et intelligence. Je lui reprocherai seulement de placer son contexte un peu trop lentement. J'ai attendu avec impatience de rencontrer Aline mais elle a tarder à arriver...
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L'auteure, qui a une connaissance de l'histoire du Sénégal, de l'Afrique en général et de la période coloniale, nous offre un récit dense et condensé à travers le personnage d'Aline mais pas que. Comme un devoir de mémoire pour l'auteure, il est impressionnant de se plonger dans ce roman dont les évènements conditionneront les relations entre nos pays et nos peuples et qui, pour ma part, a éclairé ma pensée.
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J'ai lu « Aline et les hommes de guerre » de Karine Silla pour la masse critique Babelio. Mon choix a été motivé par ma grande tendresse pour le Sénégal. J'avais neuf ans, la première fois que j'ai posé le pied sur cette terre d'accueil. Comment aurais-je pu me douter que mes souvenirs de vacances me ramèneraient toujours là-bas ?
 
Je trouve que la couverture de ce titre de la rentrée littéraire illustre idéalement son contenu. Il se dégage de cette photographie d'Aline Sitoé Diatta, une indiscutable force de caractère. Dès les premiers mots, j'ai su que ce bouquin allait me plaire. J'ai prestement éprouvé de l'empathie pour cette messagère de Dieu qui résiste à la colonisation, de manière pacifique.
 
Dans ce quatrième roman, l'auteure dakaroise fait aussi état de l'opinion des colons. Comme ça, le lecteur à une vue d'ensemble sur l'histoire coloniale sénégalaise. L'écriture lyrique de Karine Silla convient bien à ce texte qui fait connaître sa grande estime pour Aline en même temps que son refus que la guerrière devenue reine des diolas, tombe dans l'oubli. 
 
Je remercie Babelio et les éditions de l'Observatoire de m'avoir confié cette lecture édifiante. Je vais garder précieusement ce livre. 
 
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