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Critique de Millencolin


Une belle croisière que voilà. Après nous avoir posé les bases de l'histoire, nous avoir expliqué qui sont les protagonistes et où ils se trouvent, puis avoir indiqué les raisons qui poussent tout ce petit monde à prendre le large, nous voici donc en route pour une incroyable traversée d'une durée totalement indeterminée, puisqu'il s'agit tout simplement de parcourir une planète dont la surface est entièrement constituée d'eau, à quelques exceptions près. Et dans ces exceptions se trouve la mythique et légendaire Face des eaux.

Nous suivons le médecin de cette communauté d'humains, personnage solitaire, sage, réfléchi, parfois trop attentiste et neutre. Tout le monde l'apprécie et le tient en haute estime. Lui veut simplement vivre sa petite vie, tranquille, seul mais tout en tenant une place de choix dans cette micro société mais d'une manière assez passive. Il donne son avis souvent uniquement quand on le lui demande. Et les rares fois où il décide enfin, de lui-même, de prendre le taureau par les cornes et d'essayer de contrôler une situation en la changeant radicalement, le circonstances détruisent brutalement l'embryon d'initiative, comme par exemple au commencement de la première partie où ce bon docteur veut négocier avec les insulaires qui partagent l'île.
Finalement il se contente essentiellement de subir les événements et de s'y adapter.

Concernant la trame du roman, on peut voir, au fond, une métaphore sur la destinée de la vie dans un sens général.
Notre héros est né sur une petite île, fils de l'unique médecin de l'endroit, et donc voué à lui succéder. Il ne peut pas quitter l'îlot à cause de cette responsabilité dans laquelle il est engagé, par la naissance et non pas par choix, mais il l'accepte comme une évidence.
Toutefois, un jour, comme chacun des habitants humains qu'il côtoie, il est contraint de dire adieu à sa "terre" natale. Et même à partir de ce moment, il n'est jamais réellement en mesure d'influer sur son destin, se contentant simplement de survivre et se rendre l'existence la plus agréable possible, comme le représente sa prise quotidienne de drogue d'algue. Jusqu'au bout, il donne l'impression de demeurer spectateur de sa propre vie, acceptant inconsciemment n'avoir aucune emprise sur ce qui lui arrive et qui s'impose à lui.
Les personnages secondaires, embarqués également malgré eux dans cette quête forcée, cette croisière à destination de leur destin, constituent finalement un intérêt au moins aussi grand que celui que nous pouvons porter au héros. Chacun a son caractère, ses défauts et qualités qui lui sont propres. Ils gravitent autour du médecin, et participent tous activement à ce théâtre qui se déroule en pleine mer et duquel notre docteur de bord est le seul spectateur.
En tout cas, c'est ainsi que je l'ai ressenti. J'ai le sentiment que l'auteur a construit son narrateur à la troisième personne d'une façon relativement doucereuse, neutre et passive, exprès pour que chaque lecteur puisse regarder facilement à travers lui cette grande aventure humaine et maritime qu'il nous narre si bien.

Robert Silverberg, avec sa formidable plume et son fabuleux talent de conteur, nous raconte l'histoire de l'évolution humaine, spirituelle, métaphysique, l'histoire de l'acceptation, parfois difficile et douloureuse, de tourner définitivement le dos à un passé pour en accepter le futur.

Personnellement, je trouve que ce roman aurait pu être plus court sans perdre pour autant l'essence même du message et de la symbolique, mais l'auteur est assez doué pour ne jamais parvenir à nous ennuyer.

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