Dieu était pour Lawler un concept aussi vague et mystérieux que pouvaient l'être des singes et la jungle, des chèvres et un rocher.
On ne peut pas savoir ce que c'est de perdre ce que l'on n'a jamais eu.
La vie sur Hydros était simple, parfois rude, jamais très amusante pour la population humaine. Les options restaient très limitées, on n'avait guère la liberté de choisir ce que l'on faisait, qui l'on épousait, où l'on vivait. A moins de décider de tenter sa chance sur une autre île, les grandes lignes de la vie étaient déjà tracées au moment où l'on atteignait l'âge adulte. Et si l'on décidait d'aller voir ailleurs, il y avait de grandes chances que l'on découvre que les choix s'y trouvaient pareillement limités par les mêmes facteurs. Cette situation tendait à engendrer un certain stoïcisme.
J'ai toujours pensé que la vérité d'une personne est dans l'image que les autres ont d'elle...
L’effort était extrêmement violent mais , Il était animé d’une mystérieuse énergie engendrée par la tension et dont il ignorait la source .
L'idée consistait à produire de l'électricité en tirant profit des écarts de température de la mer... L'eau de mer chaude de la surface était aspirée dans une chambre vide où son point d'ébullition serait fortement abaissé. L'eau, bouillant violemment, devrait dégager de la vapeur de faible densité qui actionnerait les turbines du générateur. De l'eau de mer froide, pompée au fond de la baie, servirait à condenser la vapeur d'eau et l'eau ainsi obtenue serait rejetée à la mer de l'autre côté de l'île.
Cela l'amusait toujours de voir comment les hommes projettent sur le monde qui les entoure leurs besoins et leurs craintes, et comment ils les élèvent au rang de lois fondamentales de l'univers.
Mais n'est-ce pas l'histoire de l'humanité depuis le commencement des temps? se demanda Lawler. Une expulsion après l'autre, à commencer par celle du paradis terrestre. Un exil après l'autre.
L'océan n'a ni compassion , ni foi ni loi , ni mémoire .
Cette petite sphère, sensiblement plus petite qu'Hydros, à ce qu'on disait, qui avait produit des empires et des dynasties, des rois et des généraux, des héros et des scélérats, des fables et des mythes, des poètes, des chanteurs, de grands maîtres des arts et des sciences, des temples et des tours, des statues et des villes fortifiées. Toutes ces choses glorieuses et mystérieuses dont il pouvait à peine imaginer la nature, lui qui avait passé toute sa vie sur une pauvre, une pitoyable planète d'eau. La Terre qui nous a produits, songea-t-il, qui, après des siècles de lutte, nous a projetés au plus profond des ténèbres, vers les planètes lointaines de la galaxie insoucieuse. Puis la porte a claqué derrière nous sous la violence des implacables radiations. Nous laissant échoués ici, égarés au milieu des étoiles.