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Critique de Foxfire


Lorsque j'étais tombée sur ce pavé il y a maintenant quelques années j'étais immédiatement tombée en pamoison. D'abord, il y avait le nom de Silverberg, un auteur que j'affectionne particulièrement tant il a un talent de conteur extraordinaire. Ensuite, il y avait cette sublime couverture dans les teintes sépia qui promettait un récit d'aventure exotique et échevelé. Je n'ai pas été déçue, « le seigneur des ténèbres » est un formidable récit d'aventure, épique et palpitant, riche en péripéties et en sensations qui prouve une nouvelle fois le talent de conteur de l'auteur.

Pour son roman, Silverberg prend pour personnage principal une figure historique ayant réellement existé, le corsaire et explorateur anglais Andrew Battel dont il avait découvert l'existence dans un récit jeunesse de Walter de la Mare. Par la suite, Silverberg s'est intéressé aux mémoires de Battel mais ce texte très court laissait beaucoup de blancs dans l'histoire de l'aventurier. Silverberg a eu envie de combler ces trous en imaginant la vie de Battel. Il s'est également lancé comme défi d'écrire ce texte à la façon de l'époque.

« le seigneur des ténèbres » est un formidable récit d'aventure. Malgré la taille du bouquin, pas loin de 700 pages, on ne s'ennuie pas une seconde. Les péripéties s'enchaînent à un rythme endiablé. « le seigneur des ténèbres' » c'est un peu un idéal de roman d'aventure. Tout y est, les périples maritimes, les combats, les sauvages cannibales, l'amour… le roman est tout simplement addictif.

Au-delà du formidable et trépidant roman d'aventure, « le seigneur des ténèbres » est aussi un excellent récit d'atmosphère. Certains aspects m'ont beaucoup fait penser au « coeur des ténèbres », le chef-d'oeuvre de Conrad. Ce n'est guère étonnant puisque Silverberg voue une grande admiration à ce roman et lui avait déjà rendu hommage en composant une variation SF de ce récit avec « Les profondeurs de la terre ». Ici, ce sont surtout les descriptions de la jungle africaine qui m'ont fait penser au roman de Conrad. Comme son illustre modèle, Silverberg excelle dans la peinture de la luxuriance de la forêt vierge et parvient à en faire une lecture très sensorielle, on ressent bien la touffeur, l'hostilité de ces lieux d'une mortelle beauté. La ressemblance avec « le coeur des ténèbres » ne se limite pas à cette ambiance oppressante, le récit en lui-même partage certains éléments : Kurtz prend ici les atours d'un fascinant et terrible chef guerrier en la personne de Calendola et le périple de Battel a la même allure de voyage spirituel que le périple de Marlowe dans le Conrad.

Le défi stylistique que s'est lancé Silverberg semble lui aussi réussi. Je ne peux me fier qu'à la traduction, très agréable à lire et très belle, mais il semble que la tentative de composer un récit élisabéthain soit réussie. Toutefois, j'émettrais juste un petit doute, les scènes de sexe me paraissent bien explicites pour l'époque, je ne suis pas certaine qu'on écrivait ce genre de scènes de façon aussi crue mais je peux me tromper et ces scènes étaient par ailleurs plutôt réussies aussi dans leur genre.

« le seigneur des ténèbres » est à la fois un formidable roman historique, un excellent roman d'aventure et un très bel hommage à Joseph Conrad. J'ai passé un merveilleux moment. Ce n'est pas pour rien que Silverberg fait partie de mes auteurs préférés.
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