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G. Jean-Aubry (Traducteur)Claude-Noël Thomas (Éditeur scientifique)Sylvère Monod (Éditeur scientifique)
EAN : 9782070425822
88 pages
Gallimard (02/10/2002)
3.76/5   167 notes
Résumé :
Un rafiot, presque une épave, un jeune marin inexpérimenté, un vieux loup de mer, une mutinerie, une traversée à hauts risques, des tempêtes, des catastrophes, une mer déchaînée, l'exotisme d'un. Orient mystérieux... De Londres à Bangkok, l'odyssée de la Judée est un voyage initiatique, de l'adolescence vers l'âge adulte.
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Critiques, Analyses et Avis (28) Voir plus Ajouter une critique
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Trois hommes sont attablés autour d'une bouteille, l'un d'eux, Marlow, se souvient...
Il va raconter son premier engagement en temps que second dans la marine marchande à bord de "La Judée", il a tout juste vingt ans et convoyer du charbon de Londres à Bangkok est pour lui le summum de l'aventure, il est jeune, plein de vie et d'envies, il se sent invincible.
C'est un court récit qui va se révéler passionnant à suivre, car il va se passer pas mal de choses, même les haltes forcées vont être intéressantes car la narration est simplement brillante, l'auteur devait être fasciné par la mer.
Si l'on considère que cette nouvelle a été écrite en 1898, soit il y a plus de 120 ans, on ne peut qu'être étonné par le style qui se révèle très actuel voire moderne.
J'ai découvert Joseph Conrad grâce à mes pérégrinations sur Babélio et je voulais initialement lire "Au coeur des ténèbres", "Jeunesse" étant en première partie dans mon édition constitue donc une lecture "accidentelle" que je ne regrette absolument pas, j'ai simplement adoré, le hasard fait souvent bien les choses.
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A celles et ceux qui souffrent du mal de mer, je conseille de ne pas embarquer avec le jeune Marlow, vingt ans, toutes ses dents, aspirant au commandement et soupirant après l'aventure maritime.

Son rêve est celui de tous les marins (par conséquent de tous les Anglais à l'en croire) : naviguer, de préférence vers l'Orient. Et ce rêve n'a jamais été aussi près d'être exaucé puisqu'embarqué sur La Judée, placée sous la férule du capitaine Beard dont c'est le premier commandement, Marlow se voit confier la lieutenance. Mission : amener à bon port - Bangkok ! - une cargaison de charbon. La feuille de route semble simple à suivre et notre fougueux marin se sent déjà pousser des ailes sauf que La Judée est un rafiot qui prend l'eau de partout et dont le temps sur mer semble révolu...

A travers ce récit qui se déroule exclusivement sur les flots, Conrad rend un hommage à la jeunesse (et comment ne pas deviner qu'il parle de la sienne ?), à la passion et l'audace qui l'animent et à ce goût de l'aventure qui caractérise les jeunes matelots. A travers une succession très rythmée d'aléas, de la tempête à l'incendie, La Judée trimbale sa vieille coque sur l'Océan Indien qui lui réserve une place d'honneur dans le cimetière des naufragés, entre l'Australie et l'Indonésie.

Le style de Conrad est toujours aussi plaisant et bien moins anxiogène que dans son terrible "Au coeur des ténèbres". Attention, jargon de navigation à l'horizon, cela ne convient pas toujours aux marins d'eau douce !


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Je profite une nouvelle fois de la collection Folio 2€ pour découvrir un auteur. C'est donc Joseph Conrad avec sa nouvelle « Jeunesse » écrite en 1902.

Je me suis laissé guider par la 4ème de couverture qui m'annonçait « des tempêtes, des catastrophes, une mer déchaînée, l'exotisme d'un Orient mystérieux… ». Mon cerveau s'est focalisé sur le mot « exotisme » et je m'attendais donc à visiter des endroits… exotiques donc. Pour le coup j'ai été déçu.

Tout le reste est véridique par ailleurs, mais l'exotisme reste confiné dans l'esprit du jeune officier Marlow, second du navire « La Judée » qui part à destination de Bangkok. Toute la nouvelle ou presque se passe à bord de ce qu'il faut bien appeler une coquille de noix, tellement elle subit d'avaries, de défaillances, de gros accidents, et est de plus malmenée par Poséidon.
C'est un Marlow plus âgé qui raconte l'aventure à ses amis, autour d'une bonne bouteille sur laquelle il prélève allègrement sa dîme. le message qu'il veut faire passer, c'est que ce n'est pas la série de drames qui a laissé un souvenir prégnant dans sa mémoire, mais bien l'allégresse, la vitalité, l'imprudence et la naïveté avec laquelle sa jeunesse a abordé les évènements. Qu'importe la dureté des mésaventures, il était jeune, diable ! La nostalgie amère de son « soi » plus jeune qui jamais ne reviendra transpire à travers l'encre d'imprimerie. Il la transforme en morale universelle.

Mais le héros est la jeunesse chargée de rêves, et donc le récit n'est pas raconté de manière triste. Les notes d'humour sont présentes, ne serait-ce que dans la description physique des personnages, comme son capitaine à la figure « en casse-noisettes, le menton et le nez tentant de se rejoindre par-dessus une bouche enfoncée ». On reconnaît aussi le passé de navigateur de Conrad, tellement le style est chargé de termes maritimes qui m'échappent (mais qui sont tous définis dans les notes de bas de page). Conrad sait écrire, pour sûr.

Tout compte fait, ce récit me laisse un arrière-goût de frustration et ne me donne pas vraiment envie de continuer avec Conrad. Mais vous pouvez toujours essayer de me faire changer d'avis ;-)
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Joseph Conrad est un auteur que je tiens en très haute estime. D'abord, il est l'auteur du « coeur des ténèbres » que je considère comme un chef d'oeuvre absolu. Et puis, chaque fois que je lis une oeuvre de Conrad, j'y trouve quelque chose d'intéressant. Même quand un texte ne me convainc pas entièrement, il y a tout de même quelque chose à en retirer.

La nouvelle « Jeunesse » est intéressante à plus d'un titre. Comme « le coeur des ténèbres », ce récit met en scène Marlow, alter-ego de Conrad lui-même. Mais « jeunesse » se déroule avant « le coeur des ténèbres ». J'ai trouvé intéressant de découvrir Marlow dans un autre contexte et à une autre époque. Si on le reconnait par certains aspects, il y a une évolution dans sa psychologie entre les deux récits. Et c'est bien normal. « Jeunesse » porte bien son titre. Si la nouvelle est racontée du point de vue d'un Marlow plus âgé qui porte un regard nostalgique sur cette période passée, c'est bien la fougue et l'enthousiasme de la jeunesse qui sont mis en avant. Cette nouvelle est donc beaucoup moins sombre et plus optimiste que « le coeur des ténèbres ». J'ai même envie de parler de légèreté même si celle-ci est teintée de nostalgie. le ton est donc très différent du « coeur des ténèbres », ici il n'est pas question de sensation oppressante, le récit est plutôt porté sur les péripéties et il y a même des notes d'humour.

Quand on lit « jeunesse » après avoir lu « le coeur des ténèbres » il est inévitable de faire la comparaison entre ces deux oeuvres mettant en scène le même personnage. Mais, au cours de ma lecture, j'ai repensé à une autre oeuvre de Conrad « le frère de la côte » qui ne met pourtant pas en scène le même personnage et qui se déroule dans un contexte très différent. Si j'ai pensé à ce roman, c'est qu'à mon avis les deux oeuvres en question symbolisent des moments opposés dans la carrière de Conrad. « Jeunesse » est écrit dans les débuts de la carrière de l'auteur et on y sent un enthousiasme, un goût de l'aventure, un plaisir d'écrire. « le frère de la côte » est, au contraire, un roman de fin de carrière de Conrad. La fougue de la jeunesse a laissé place à une certaine fatigue, à une forme de lassitude.

Outre l'intérêt offert par la contextualisation de ce texte dans l'oeuvre de l'auteur, « jeunesse » a bien d'autres qualités. C'est un récit très plaisant à lire. On ne s'ennuie pas une seconde. L'intrigue est très bien menée et Conrad semble s'amuser à malmener le vieux rafiot qui sert de cadre à l'histoire, on sent même de la malice chez lui. L'auteur fait encore une fois preuve de son immense talent pour dépeindre et caractériser finement des personnages. En quelques traits, il donne vie à une galerie de personnages riche et variée. J'ai particulièrement aimé le personnage du vieux Capitaine dont c'est le premier voyage en tant que commandant. L'écriture de Conrad me séduit toujours autant. Sa plume est fluide, simple et élégante. Un vrai bonheur.

Plus je lis Conrad, plus je l'apprécie. Je suis bien contente qu'il me reste encore plein d'oeuvres à lire, la promesse de belles lectures.

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J'ai souvenir d'annotations écarlates, comme au fer rouge, sur mes cahiers de collégien, qui me disaient : trop de répétitions !
Ce livre c'est ma vengeance, ma réhabilitation, car Joseph Conrad en use, en abuse à dessein, sans jamais paraître indigeste.
Mieux, c'est d'une efficacité redoutable au point de vue sonore (bravo pour la traduction).
Petit livre dans son format, mais grand roman sur la jeunesse écrit par un auteur plein de nostalgie de ses exploits maritimes, comme un vieux chêne que les haches menacent. Les haches du temps.
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Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
Le train s'ébranla soudain. Je saluai la vieille femme : je ne l'ai plus jamais revue....Passez moi la bouteille
. [............................................]

J'y pense avec plaisir, avec affection, avec regret - comme on pense à un cher disparu. Je ne l'oublierai jamais....Passez moi la bouteille.
[.....................................]

Chez le coiffeur ou le buraliste, on nous demandait familièrement : "Pensez vous que vous arriverez jamais à Bangkok ?"
Pendant ce temps, l'armateur, les assureurs et les affréteurs se chamaillaient à Londres, et notre solde tombait toujours....Passez moi la bouteille.
[.......................................]

Mais en général nous étions taciturnes et graves - et assoiffés. Ah ! quelle soif ! Et il nous fallait faire attention à l'eau. Chacun avait juste sa ration.
Le navire fumait, le soleil flamboyait...Passez moi la bouteille.
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«Inutile de vous dire ce que c'est que de bourlinguer dans un canot non ponté. Je me rappelle des jours et des nuits de calme plat, où l'on souquait, l'on souquait, et le canot semblait rester immobile, comme ensorcelé dans le cercle de l'horizon marin. Je me rappelle la chaleur, le déluge de grains de pluie qui nous obligeait à écoper pour échapper à la mort (mais remplissaient notre baril d'eau) et je me rappelle seize heures d'affilée, la bouche sèche comme de la cendre, avec un aviron de queue pour maintenir mon premier commandement face aux lames déferlantes. J'ignorais jusque-là quel bon marin je faisais. Je me souviens des visages tirés, des silhouettes abattues de mes deux hommes, et je me souviens de ma jeunesse et du sentiment qui ne reviendra plus jamais --- le sentiment que je pourrais durer à jamais, survivre à la mer, à la terre, à toute l'humanité ; ce sentiment trompeur qui nous attire fallacieusement vers les joies, les périls, l'amour, les vains efforts --- vers la mort ; la conviction triomphante de la force, la chaleur de la vie dans une poignée de poussière, l'ardeur au cœur qui chaque année s'affaiblit, se refroidit, diminue et s'éteint --- s'éteint trop tôt, trop tôt --- avant la vie elle-même.
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Nos visages marqués par le labeur, par les déceptions, par le succès, par l'amour; nos yeux las cherchant encore, cherchant toujours, cherchant ardemment à extraire de la vie ce quelque chose qui, tandis qu'on l'attend encore, a déjà disparu - a passé sans qu'on le voie, en un soupir, en un éclair - en même temps que la jeunesse, que la force, que le romanesque des illusions.
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[...] je me rappelle ma jeunesse, ce sentiment qui ne reviendra plus, – le sentiment que je pouvais durer éternellement, survivre à la mer, au ciel, à tous les hommes : ce sentiment dont l’attrait décevant nous porte vers des joies, vers des dangers, vers l’amour, vers l’effort illusoire, – vers la mort : conviction triomphante de notre force, ardeur de vie brûlant dans une poignée de poussière, flamme au cœur, qui chaque année s’affaiblit, se refroidit, décroît et s’éteint, – et s’éteint trop tôt, trop tôt, – avant la vie elle-même.
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[...] - Oui, j'ai bourlingué pas mal dans les mers d'Extrême-Orient : mais le souvenir le plus clair que j'en ai conservé, c'est celui de mon premier voyage. Il y a de ces voyages, vous le savez vous autres, qu'on dirait faits pour illustrer la vie même, et qui peuvent servir de symbole à l'existence. On se démène, on trime, on sue sang et eau, on se tue presque, on se tue même vraiment parfois à essayer d'accomplir quelque chose, - et on n'y parvient pas. Ce n'est pas de votre faute. On ne peut tout simplement rien faire, rien de grand ni de petit, - rien au monde, - pas même épouser une vieille fille, ni conduire à son port de destination une malheureuse cargaison de six cent tonnes de charbon.
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Un navire de croisière qui s'échoue. le commandant qui prend la fuite. Une trentaine de passagers qui perd la vie. Ca c'est passé il y a quelques années, vous vous en souvenez. Pour un marin, déserter le bord c'est le déshonneur suprême. Et pour un romancier, c'est l'occasion de sonder les abysses de l'âme humaine.
« Lord Jim » de Joseph Conrad, un classique à lire chez Folio.
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