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Critique de BazaR


Bon,
Finalement ce roman me laisse une impression mitigée. Comment, pourquoi ? Difficile de faire le tri. Je vais essayer d'en parler avec toute la subjectivité possible :)

Je crois que le fait que ce roman constitue essentiellement une réécriture du mythe de Philoctète – si bien mis en scène par Sophocle (et paraît-il par Eschyle et Euripide aussi, mais ces dernières ont été perdues) – a malheureusement joué contre moi. J'ai pris le texte de Sophocle comme grille de lecture principale. Je comparais sans cesse les caractères des personnages, j'essayais de retrouver le rythme et le ton de la tragédie antique dans le texte du 20ème siècle. J'étais déçu quand ça ne collait pas. Si proche qu'il soit de son modèle, ce roman reste une oeuvre originale qui veut aborder ses propres thèmes.

La proximité avec Philoctète est patente, surtout dans les caractères des personnages. Boardman fait un Ulysse plus roublard et désagréable que l'original si c'est possible, mais on peut aussi le voir comme un Churchill qui n'hésite pas devant les moyens à employer (merci à Nadou38, splendide compagne de LC, qui m'a inspiré ce point). Rawlins est un authentique Néoptolème, naïf à souhait (même trop parfois) mais bordé de noblesse et de justice.
Mais le plus réussi est Muller, l'homme marqué d'une malédiction qui l'a éloigné de son espèce, isolé dans le labyrinthe. le caractère, les réactions de ce Philoctète sont beaucoup plus approfondies. L'homme est devenu bipolaire, enchainant le rejet intégral de l'ordurière humanité en général et de Rawlins en particulier, et le besoin vital de retrouver enfin un être humain avec qui parler. Il est persuadé qu'il a subi la punition divine des héros antiques qui cherchaient à dépasser leur condition humaine. Tout le roman tourne autour de lui, le reste est presque de l'habillage.

Presque. Car un autre thème est abordé que j'aime beaucoup : celui de la difficulté de communication entre espèces différentes. Dans ce roman, la communication est incroyablement difficile, le résultat est au minimum frustrant, au pire très dangereux. Robert Silverberg en vient pratiquement à déclarer qu'aucune communication n'est possible, hormis un darwinisme mécanique ou une relation du genre « botte-fourmi » mis en avant dans le premier film des Avengers. On n'est au-delà de la Stratégie Ender et La Voix des Morts d'Orson Scott Card où la communication était déjà un souci majeur.

Mais plusieurs trucs m'ont déplu : l'aspect trop mécanique de la pénétration dans le labyrinthe par l'équipe venue y chercher Muller ; on se croirait dans un vieux jeu vidéo des années 1990 comme Lara Croft ou Prince of Persia (encore une fois merci Nadou38 pour l'image). du coup, on se demande comment Muller a réussi sans avoir plusieurs vies (et j'ai presque pleuré de dépit quand il l'a expliqué). Autre chose : l'aspect artificiel des dialogues (j'avais dit que je serais subjectif). J'ai eu beaucoup de mal à y faire coller de vraies gens. Ce n'est pas de l'imitation du théâtre, ce n'est pas surjoué, c'est… très peu convainquant (en tout cas moi j'ai souvent raclé ma gorge). C'est peut-être un effet de la traduction. Enfin, Bob prend un peu par-dessus la jambe les dimensions de l'univers en cherchant la galaxie d'origine de certains extraterrestres et en la trouvant en une dizaine d'années. le genre de trucs qui m'agace.

Voilà. Résultat mitigé. Sauf sur un point capital : la LC avec Nadou38 qui a définitivement bonifié ma lecture et sorti de temps en temps de ma grille de lecture Philoctète. Un grand merci à elle.
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