Dans un avenir lointain, au fin fond de notre galaxie...
-BazaR, on est où là ?
-Sur Lemnos.
-Ha. Et... y'a quelque chose à voir sur cette planète ?
-Un labyrinthe.
-Chouette ! J'adore les défis ! Il a l'air immense... aussi grand qu'une ville !
-Oui, mais celui-là, c'est pas pour jouer, il est rempli de pièges mortels.
-Brrr... Qu'est-ce qu'on fait là alors ? Y'a pas âme qui vive là-dedans..!
-Si. Il y a un homme. Muller qu'il s'appelle : c'est l'homme du labyrinthe et on est venu suivre ses aventures.
-Ok, mais pourquoi est-il allé tout seul là-dedans ?
-C'est une longue histoire... En gros, il a voulu s'isoler des hommes suite à une sorte de malédiction qu'il subit encore certainement. T'as lu
Philoctète de
Sophocle ? C'est le même pitch...
-Non, faut que je le note... Ah ! Pas si seul que ça en fait. Regarde, y'a un vaisseau qui arrive...
-Pile à l'heure. C'est Boardman et Rawling qui viennent chercher Muller. Ils ont besoin de lui et j'ai l'impression que leur mission ne va pas être facile... Chut, ils arrivent...
Comme vous l'aurez compris, Nadou38 et BazaR, deux babelionautes intrépides et membres de la corporation silverbergienne ont exploré ensemble l'un des univers du grand Robert...
Et voici mon rapport :
On pourrait qualifier ce roman de «labyrinthopéra» puisque l'essentiel du récit s'y déroule. L'histoire est narrée tour à tour du point de vue de Muller, Boardman et Rawling. Même si l'organisation des chapitres ne le montre pas, on pourrait découper ce roman en 3 parties :
1/ «le défi du labyrinthe» où l'on suit, pas à pas, les étapes à franchir, les épreuves à traverser pour Boardman et Rawling afin de rejoindre Muller au coeur de cette construction diabolique, alors que de loin, ce dernier s'interroge sur leurs intentions et sur la réaction à envisager face à cette venue perçue comme une intrusion. Un passage qui aurait pu être captivant et oppressant, mais qui malheureusement tirait par moments en longueur. Il faut dire aussi que je m'attendais à davantage de surprises concernant les obstacles du labyrinthe.
2/ «la manipulation» où l'on va être témoin des mensonges et ruses employés pour convaincre Muller de suivre ses congénères.
Boardman est inflexible, il a une mission, certes de la plus grande importance, qui autorise sa conscience à envisager tous les moyens possibles pour parvenir à ses fins, peu importe les dommages collatéraux.
Pour équilibrer cela, il y a le sensible et super naïf Rawling (il faut vraiment l'être pour accepter d'entrer dans une cage sans savoir quel piège elle lui réserve !) qui fait office d'interlocuteur exclusif face à Muller.
Quant à ce dernier, il oscille entre espoir et désillusion sur les hommes. Malgré sa lucidité sur la nature humaine, il veut quand même y croire encore... Vont-ils le convaincre, va-t-il être abusé ou au contraire est-ce lui qui aura le dernier mot...? La réponse dans la dernière partie...
On a également la réponse à un certain nombre de questions qui émergeaient au début du récit, mais je dois avouer qu'elles ne m'ont pas toujours satisfaites, souvent trop simple ou trop brève (je pense notamment aux explications du succès de Muller pour traverser le labyrinthe).
3/ le dénouement de l'histoire... Ben là je dirai juste que le rythme s'est accéléré pour mon plus grand plaisir, me laissant dans un certain suspens jusqu'au bout.
Silverberg est toujours agréable à lire, mais ce roman est loin d'être mon préféré de l'auteur. Heureusement que j'ai pu partager mes impressions avec BazaR, nos échanges contribuent fortement au souvenir agréable de cette lecture et je l'en remercie.
Lu dans le cadre du challenge «2018, l'année Silverberg...»