Manquer d'un membre, d'un œil, ou avoir une infirmité quelconque était considéré comme un crime esthétique: tout pouvait être réparé et la bienséance commandait d'offrir à ses congénères une apparence agréable. Les imperfections et la laideur outrageante étaient éminemment antisociales.
Il n'y a pas une puissance du mal qui règle l'ordre des choses, pas plus qu'il n'existe une puissance du bien. L'univers est un immense mécanisme impersonnel.
Si cela ne peut être reproduit en laboratoire, ce n’est pas réel. Si cela ne peut être mis en équation, ce n’est pas réel. S’il n’y a pas de circuits, ce n’est pas réel. C’est ainsi que parlait son père. Comment pouvait-il être transformé fondamentalement au point d’émettre réellement ses propres émotions?
L'homme n'avait pas été créé pour traverser ainsi le vide, d'un astre à un autre... On prétend que notre époque offre le plus grand champ à l'existence humaine, mais je crois qu'un homme gagne plus à connaître chaque grain de sable doré d'une seule petite île du Pacifique que de passer sa vie à bourlinguer ainsi, de monde en monde.
La galaxie est immense et l'homme continue de la fouiller à la recherche de ses frères stellaires, poussé par un désir pervers, fait de curiosité et de crainte. Bien que l'hyperpropulsion ait ouvert la voie vers tous les points de l'univers, il n'existe pas assez de personnel pour voir et étudier tous les mondes.
- (...) A la guerre, un soldat tue parce que l’univers lui impose cette situation. Ce peut être une guerre injuste et il se peut que son frère se trouve dans le vaisseau qu’il doit viser, mais la guerre est réelle et il doit y tenir son rôle.
- Et où placez-vous le libre arbitre dans ce mécanisme universel dont vous parlez, Charles?
- Nulle part. Il n’y en a pas. C’est pourquoi l’univers sent mauvais.
- Que me voulez-vous en réalité ?
- Rien.
- Alors, pourquoi ne pas m'avoir laissé seul ?
- Parce que vous êtes un être humain et que vous êtes longtemps resté seul ici. Je suis d'une nature très sociale et j'aime bien donner mon amitié. Cela vous parait très stupide ?
Un homme petit qui sait paraître grand assis devant une table peut contrôler des empires, car le destin des mondes est toujours réglé autour d'une table.
"[...] je crois qu'un homme gagne plus à connaître chaque grain de sable doré d'une seule petite île du Pacifique que de passer sa vie à bourlinguer ainsi, de monde en monde."
Vous voyez la vérité a éclaté. Je n'étais pas un dieu. Seulement un pauvre homme mortel qui avait subi des désillusions à propos de sa déité. Les dieux véritables ont compris qu'il fallait que j'apprenne ma leçon jusqu'au bout. Ils ont décidé qu'il faudrait que je me souvienne toujours de la bête misérable cachée sous la couche d'épiderme. Surtout, ne jamais oublier l'animal sous la dépouille humaine.