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Critique de latina


Vous est-il déjà arrivé d'être tellement « travaillé » par le roman que vous êtes en train de lire que vous en rêvez la nuit, et que vous vous réveillez, l'esprit troublé et tout entier tourné à l'intérieur de vous ? Eh bien moi, c'est ce qui m'est arrivé avec « le bourgmestre de Furnes ».
Je n'ai pas rêvé des personnages, non, mais l'atmosphère, la fameuse atmosphère des romans de Simenon baignait mon rêve. Et c'était une sensation très troublante, en effet.

Furnes : une petite ville flamande, à quelques kilomètres de la mer du Nord. Une pluie froide bat les pavés de la grand-place, et le carillon du beffroi se fait entendre régulièrement. le café, où se réunissent pour jouer aux cartes ou aux échecs, les « réguliers », jouxte l'Hôtel de ville, où règne en maitre Terlinck, imperturbable, à l'esprit totalement indépendant et se fichant complètement du regard et de l'opinion des autres. Terlinck dont tout le monde a peur, y compris sa femme et sa servante ex-maîtresse qui l'épient sans cesse, Terlinck qui déteste le principe de « faire la charité », Terlinck qui va refuser une aide financière au jeune Jef Claes ayant « fait un enfant à une jeune fille », provoquant le suicide de celui-ci...

Mais le terrible Joris Terlinck a curieusement une autre facette dans sa personnalité dominatrice : son étrange besoin de protéger les jeunes filles. A commencer par sa fille Emilia, folle, qu'il protège, nourrit et lave dans une chambre tout en haut de leur belle maison donnant sur la grand-place. Et puis il y a Lina, la fille de son grand ennemi, l'amoureuse de Jef Claes, qui est chassée par son père après le scandale du suicide et qui s'en va à Ostende, pas très loin de là...

La vie « officielle » et la vie privée de Terlinck se mêlent à partir de là, inextricablement. Et moi, au fil de ma lecture, inexorablement, je me sentais de plus en plus absente au monde pour pénétrer celui de Terlinck.
Nul besoin de détails psychologiques. Mais une foule de petits gestes. Des paroles assénées. Des minuscules descriptions. Tout cela forme une multitude de touches impressionnistes. Et comme dans un tableau du même nom, quand on regarde de trop près, on ne voit que des flashes, mais quand on s'éloigne, on englobe tout à coup la vérité.

Il faudrait que je me réveille, pourtant. Non, je n'en viens pas à bout, de ce roman déroutant, troublant...magistral.

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