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Critique de Biblioroz


Rue Popincourt, les Maigret dînent chez les Pardon ; une vieille habitude qui se renouvelle chaque mois. C'est une soirée de juin sur laquelle plane une menace d'orage. Au milieu de la fumée de cigare pour l'un et de la pipe pour l'autre, la conversation dévie prudemment sur l'existence de la méchanceté pure, du mal absolu, pervers, vicieux. Maigret, bien en peine de répondre, aura toutefois l'impression d'y être confronté tout au long de l'enquête à venir.
Médecin attitré de son ami, Pardon en profite pour entraîner le commissaire dans son cabinet attenant avec des recommandations inutiles sur la nécessité de mettre un frein au rythme de travail et réduire sensiblement la consommation d'alcools ; des conseils qui vont également suivre et hanter Maigret dans les jours à venir.

Quelques jours plus tard, c'est Maigret lui-même qui est convoqué chez le préfet du moment. Après certains détours sur les vieilles méthodes de travail du commissaire, ce jeune préfet, un sourire satisfaisant comme tatoué sur ses lèvres, lui fait part sèchement d'une plainte déposée à son encontre par une jeune fille, la nièce d'un maître des requêtes au Conseil d'État. En sortant, défaillant, sonné, l'accusé s'enfile deux doubles cognacs tout en repensant aux conseils de son ami Pardon !
Maigret, avec sa vieille habitude de se déplacer en personne lorsqu'on demande son aide, est bien allé secourir une inconnue suite à un coup de fil nocturne. Et maintenant la déposition de la demoiselle est accablante et sonne comme une machination. Qui a intérêt à précipiter la retraite du célèbre commissaire principal ?

Passé le choc émotionnel de sa mise en accusation, Maigret va partir à la chasse aux informations, tout en évitant le contact avec l'accusatrice et sa famille qui lui a été formellement interdit. Heureusement que le doute ne vient nullement affoler Mme Maigret, sa confiance est entière.
Son mari humilié va connaître la place « du mauvais côté du bureau », subir un interrogatoire et effectuer une introspection sur sa carrière.

Nous allons côtoyer le milieu de la bourgeoisie parisienne, le milieu médical et le milieu tout court.
De la Brasserie Dauphine à un deux étoiles, nous arpentons Paris des années soixante.
Nous croisons ses concierges, ses femmes au foyer, ses employés qui déjeunent dans les petits restaurants.D'apéritifs en pressions, Maigret culpabilise par rapport aux recommandations de son ami Pardon et nous donnerait presque soif !
Les descriptions concises attachées à un personnage, un immeuble, un jardin ou la météo, nous entraînent dans le monde de Simenon, pour un voyage en immersion dans cette époque révolue mais autour de sujets toujours d'actualité comme la différence de classe sociale, le conflit des générations.
Le rythme du départ du roman est lent, beaucoup de réflexions et de descriptions, puis tout s'accélère avec de plus en plus de dialogues. Maigret, comme à son habitude, démarre son enquête par des tâtonnements, part un peu au hasard, puis, lorsqu'il a une piste, nous entraîne avec lui et nous transmet sa fièvre de la vérité.
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