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Critique de Lady_Stardust


En prélude, je peux dire avec conviction que son Prix World Fantasy de 1986 n'est pas usurpé, car ce Chant de Kali bourdonne déjà du savoir-faire du Maître Simmons.

Moins épais que bon nombre de ses successeurs, il vous happe pourtant sans délai, à l'instar de son incipit, qui malicieusement repris dans le synopsis, donne déjà la note : du mal, il sera ici question !

[...]

Sachez que le trouillomètre va chuter furieusement vers le zéro dès le débarquement en Inde, et ce malgré la chaleur suffocante du lieu de destination...

À peine parachuté dans cette ville de Calcutta, la sourdine d'une vague angoisse commence à résonner dans l'esprit de Bobby, et dans le notre aussi d'ailleurs ^^

Juste après avoir mis les pieds à l'extérieur, dans la nuit chaude et humide et le tohu-bohu des porteurs à la sortie de l'aéroport, se coule une angoisse, renforcée par l'état de choc ressenti face à la violence émanant de la ville.

Et juste après, ça y est... on commence à l'entendre ! Ce bruit... cette clameur... étourdissante... oppressante... qui s'insinue, puis submerge, jusqu'au bord de l'étourdissement.

C'est comme ça que débute ce chant de Kali, dans la rumeur de la ville, avec des sons tantôt stridents, tantôt gémissants, tantôt alarmants. Une agitation de misère et une plainte de désespoir qui heurtent. Un air glauque, poisseux, délétère.

La psalmodie de cette déesse de la destruction mènera Bobby en des endroits funestes et nauséabonds, l'obligeant à errer dans des ruelles emplies d'immondices pour retrouver les traces de ses adorateurs : les Kapalikas.

Piégé au coeur d'une étrange enquête, dans un pays dont il ignore tout, il devra aller jusqu'aux portes de la mort, lorsque le chant se transformera en une lamentation assourdissante qui emballera la roue de sa destinée.

Même lorsque le héros croira réussir à s'en sortir, Kali continuera sa complainte dévastatrice. L'impression d'être comme paralysé, et de sentir les événements lui échapper, le poussera vers une spirale infernale, qui n'aura de cesse que dans l'ultime refrain menant au bord de la folie.

En contrepoint de toute cette sinistre fureur, la poésie est bien là, dans la juxtaposition d'extraits de grands poètes venant comme battre la mesure d'une litanie funèbre.

Et à la toute fin du récit, une autre forme de poésie s'immisce aussi dans sa conclusion, et en fait une vraie réussite. Elle prend du sens et donne une ampleur supplémentaire au récit, pour le restituer juste et parfait !

En résumé : Ne vous attendez pas à une ballade platement dépaysante ou exotique, ou a un choeur criard et tapageur. Une mélopée horrifique un brin lancinante serait plus à même de la définir. Rien ne nous est épargné dans le funeste refrain de Kali. Avant de l'entonner, ayez le coeur bien accroché car certaines scènes pourraient bien jouer les ritournelles. Mais sa mélodie proclame surtout l'avènement d'un grand auteur qui n'a pas fini de nous fasciner ;-)
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