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Critique de BazaR


BazaR
08 décembre 2018
♬Voilàààà, c'est fini ♪

L'une des plus grandes saga SF de tous les temps est désormais derrière moi. Il m'en aura fallu des années pour en achever enfin la lecture. Je remercie encore et toujours lyoko d'avoir fait un bout du chemin avec moi sur les deux derniers tomes.
Et donc, c'était comment ? Eh bien j'ai nettement préféré ce tome 4 au précédent, cependant on reste loin de la jouissance ressentie pour les deux premiers volumes (les Hypérion).

Le démarrage est particulièrement époustouflant. On pénétre dans un jeu politique complexe, un « Game of Thrones » où des personnages ecclésiastiques à la Borgia, des hommes d'affaires impitoyables, des militaires ambitieux et des IA manipulatrices créent une enthousiasmante ambiance « Dune ».
Tout cela est cependant rapidement balayé pour se reconcentrer sur l'affrontement principal : l'invasion virale provoquée par Énée – Celle qui Enseigne – de l'ordre établi par une Église catholique aux instances dirigeantes dévoyées et manipulées par les IA du Centre.

Ce tome étant le dernier de la série, la plupart des explications concernant les nombreux mystères multidimensiono-spatio-temporels sont enfin fournies. Leur lecture participe des meilleurs moments du bouquin. Je n'ai pu qu'applaudir à l'évocation des simulations informatiques du projet Tierra de Thomas S. Ray comme source fondamentale de la création des IA du Centre et au rôle fondamental dans son récit que Dan Simmons fait porter au vide quantique, preuve que l'auteur suivait avec ardeur l'actualité scientifique.
Autre élément profondément jouissif : les voyages au sein de mondes et de cultures exotiques qui sont autant d'hommage au style de Jack Vance auquel Simmons dédie d'ailleurs ce livre. Comment ne pas s'émouvoir devant les descriptions du peuple coloré de Vitus-Gray-Balianus B, du monde gazeux inconnu et de ses créatures baudruches dans lequel Raul Endymion est projeté, de l'Arbre-Étoile des Extros ou de l'adaptation étonnante des cultures non chrétiennes au dangereux monde de T'ien Shan ?

Malgré tout je trouve que l'Éveil d'Endymion souffre de trop de variations de rythme. Alors qu'à certains moments l'action s'accélère et laisse présager d'un crescendo qui va emporter le lecteur, le soufflet retombe dans de longues descriptions ou des dialogues philosophico-politiques intéressants mais non souhaités à l'instant où je les lisais. J'en ai éprouvé de la frustration.
Autre élément désagréable : la nature suiviste, maladroite, très second couteau du narrateur Raul Endymion. Raul n'est pas un héros que l'on admire, il n'est pas un personnage tragique que l'on plaint. Bien que faisant preuve de courage quand c'est nécessaire, il est profondément quelconque, très peu charismatique. Son amour absolu pour Énée – le véritable personnage charismatique du récit entre Jésus Christ et Jeanne d'Arc – renforce cette impression, tellement elle le fait tourner autour de son petit doigt (tout en l'aimant absolument elle aussi cependant). Sa jalousie d'adolescent m'a fatigué également.
D'autres personnages à l'énorme potentiel – Rachel, le père de Soya – reste au second plan à mon grand regret, alors qu'ils auraient certainement apporté une épaisseur supplémentaire au roman si Dan Simmons les avait laissés s'exprimer. Enfin, la nature purement maléfique du Centre, désignant les IA comme des méchants de série B suffisants et cruels, m'a un peu désappointé ; je préférais la vision moins manichéenne de la Chute d'Hypérion.

Le message d'Énée est finalement plus de nature mystico-religieuse qu'humaniste à mon avis. A l'instar d'un Pierre Bordage, Simmons montre une espèce humaine qui doit se transformer en « quelque chose d'autre » si elle veut être « sauvée ». le bonheur n'est pas dans une vie physique éternelle. Les explications d'Énée perdent la valeur d'extrapolation scientifique pour devenir des formules de Messie ou de Prophète : écouter la musique des sphères, tout ça… Des éléments que j'apprécie dans un contexte fantasy mais moins dans un récit qui se veut plutôt SF appuyé sur la science comme je l'ai dit plus tôt.

Au final ce récit qui clôture une série culte mérite d'être lu bien qu'il ne soit pas dépourvu de faiblesses. Cependant force est de constater que, personnellement, les Endymion ne m'ont pas apporté le plaisir ressenti à la lecture des Hypérion. Une suite de qualité, mais de qualité moindre dont je pouvais me passer.
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