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Critique de ODP31


Lapin chasseur au menu du jour !
Perso, je préfère Bugs Bunny à la moutarde mais ce n'est pas le sujet. Alors, quoi de neuf docteur Siniac ?
Comme les vieux garçons un peu maniaques, les tueurs sont attachés à leurs petites manies. Celui d'une petite ville de province ne tue que le jeudi soir et signe ses crimes d'un éventail. Son surnom : forcément Jack l'Eventeur… Génial !
Séverin Chanfier, ancien flic, bavurophile, tombe en rade dans le patelin et décide d'enquêter pour se refaire la cerise entre gueuletons et visites guidées au bordel.
Il va découvrir que dans ce bled, la routine est aussi immuable qu'un jour sans fin, façon Bill Murray au réveil. Les habitudes composent la symphonie du quotidien. Au métro, boulot, dodo, les habitants des lieux préfèrent la trilogie, resto, ragots et culbuto.
Les donzelles victimes du tueur sont blafardes. le crime ne sied pas au teint. En revanche, si le petit bourg est sinistre, ses habitants sont du genre rougeauds. La prostituée vedette est syndiquée, les élus prêts au pire pour ne pas bouleverser la quiétude mortifère, le chasseur est susceptible, le cuistot affable et le voyageur de commerce un peu obsédé.
Côté pédigrée, on est dans le champêtre : entre la mère maquerelle qui s'appelle Augustine Balbaupoul, l'assureur baptisé Urbain Petitbosquet et la voyante qui signe Emilienne de Chamboise, pas de place pour un Kévin Destates dans les streets.
Si les crimes ne suffisaient pas à animer le village, un corbeau croasse des lettres anonymes et promet la fin du massacre si certains acceptent de rompre le train-train quotidien. Gare à vous : c'est l'effet papillon qui larve sous le clocher. La revanche des secrets sur les apparences.
Si on sort la boussole, le village se situe en Vendée dans les années 70 et Siniac ne perd pas le Nord quand il s'agit de dézinguer le bar et les moeurs provinciales. Satire et ça tire sur tout ce qui bouge : le petit notable et son prestige de niche, les culs bénis souvent à l'air, le journaliste alcoolique à jeun de scoop et l'entremetteuse compromettante.
J'aime le verbe de Siniac. J'aime l'humour désenchanté qui fait chanter les mots de l'auteur et coscénariste des Morfalous.
Le dénouement est un peu décevant mais le roman de Pierre Siniac, publié en 1981 propose un vaccin qui reste encore efficace contre la moraline.
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