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Critique de koalas


J'ai retrouvé mes phrases. Comme elles m'ont paru creuses ! Aussi vivantes que des cadavres...Le néant...Six cents pages de néant...Voyage au bout de la nullité.

Dochin doute de son talent...

Pourtant "La Java brune", un pavé de 600 pages, une saga noire vert-de-gris qui a pour principal décor le Paris trouble et sinistre de l'occupation, écrit par le tandem Dochin-Gastinel est un évènement littéraire comparé à celui de Céline en 1932. le roman est plébiscité par la presse écrite, la radio et le passage des deux compères dans la fameuse émission littéraire "Bouillon de lecture" animé par Gros sourcils.

Retour en arrière : des années de galère à l'élaboration du chef d'oeuvre...

Jean Rémi Dochin, SDF, la quarantaine à la dégaine d'écrivain américain avant la gloire, écrit à ses heures perdues. Traîne savate, il finit par atterrir dans un motel la Halte du Bon Accueil sur le plateau des mille vaches. Hotel tenu par Céline Ferdinaud, une ancienne libraire au passé trouble de 75 ans, une sorte de Paul Léautaud en jupon au cou de dindon. Ce gîte atypique accueille les éclopés, les freaks, les marginaux, les malfoutus de tous bords (culs-de-jatte, goitreux, bossus...) et ceux qui ont des animaux encombrants comme Jojo l'orang-outan de Bornéo , un pitbull sans muselière ou encore un Maki . Céline éberlué découvre la prose talentueuse de Jean Rémi, le compare à l'écrivain Céline et l'encourage à finir d'écrire son roman ou plutôt sa trilogie. Il doute, manque d'assurance sur son talent , elle lui assure que son bouquin va avoir un succès fou, elle le relit, le corrige le rassure, le reluque, lui refile une chambre douillette, un peu d'amour physique, de tendresse et lui tape son manuscrit à l'oeil à la machine à écrire (une vieille underwood de 1930) bien qu'elle ait des rhumatismes aux doigts comme Renoir. Quelle style cette Céline!

la Java brune : un succès littéraire qui met la pagaille

Un petit éditeur ,"Le Papyrus" dirigé de main moite par Eugène Malgodin, toujours aux trois quarts ivre, imprimeur des livres scolaires pour enfants retardataires et de quelques romans à l'eau de rose écrits par des laissés-pour-comptes de la plume, édite un chef d'oeuvre, La Java brune. le succès est immédiat. Les grands critiques littéraires font des papiers élogieux malgré quelques recalcitrants plumitifs qui vont décéder prématurément de morts suspectes. le tandem Dochin-Gastinel bât de l'aile. Gastinel, pseudo-coauteur, ancien éditeur, marionnettiste et tripier fait chanter Dochin pour une histoire sordide. Les deux tomes suivants à paraitre promettent des révélations fracassantes . Les RG vont y mettre leur nez. Dochin va apprendre à ses dépends que n'est pas Céline qui veut!

Le quarantième et dernier roman. de Pierre Siniac est un polar à clé brillant, un roman féroce, bavard et manipulateur à l'instar du titre "Ferdinaud Céline" mais aussi une critique acerbe du monde de l'édition qu'il connait bien . Les gallim's, Charpentier et autres qui se reconnaitront en prennent pour leur grade. Il tourne en ridicule les émissions littéraires "Sunlights" comme bouillons de lecture (animé par gros sourcil) qui parlent plus de la vie "people" des romanciers que de leur roman, se moque ironiquement des auteurs comme "l'abonné du Flore, avec son bouquin si mince que ça pourrait lui servir de chausse-pied" et se marre quand des bons chic -bon genre essayent d'écrire de la littérature policière. Ces écrivains de polars férus de socio-populisme ont peut-être envie de s'encanailler.

Bon, je ne vais pas vous le cacher ce Siniac , il se mérite parce que l'intrigue, il ne nous la sert pas sur un plateau d'argent. Il nous promène au gré de son univers abracadabrant, une sorte de roman à freaks et à farce dont il nous tends les clés vers la page 300. Impatient ou abonné du Flore s'abstenir...


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