Déchirures

La magie n’aimait pas la lumière du jour, il avait assez de bon sens pour comprendre cela.
Il se retourna donc vers le sentier.
Il vit que les animaux s’étaient rassemblés en cercle compact autour de la clairière, de tous côtés.
-Nenia

Marie n’eut pas à regarder sa copine pour se rendre compte qu’elle allait se laisser embobiner par le type. Liz aurait suivi les yeux fermés n’importe quel mâle aux cheveux longs qui se donne une apparence intellectuelle. Or Marie n’aimait pas ce type, ses manières efféminées, son look de dandy de carnaval…
-Nocturnes

(...) et bleu également le tatouage du serpent qui s’enroulait autour de son corps : une protection supplémentaire, une autre forme de réappropriation de sa chair… tout avait été bon pour ne pas, pour ne PLUS JAMAIS ressembler à sa sœur jumelle.

[Sister]

Candice ouvrit les yeux, le souffle court.
Elle avait encore rêvé de sa sœur.
Elle était allongée dans le noir, au milieu de la nuit étouffante, en ces instants incertains où les terreurs enfantines resurgissent pour vous serrer le cœur, ramenant les affres des souvenirs.
Elle avait instinctivement écrasé ses poings contre sa bouche pour ne pas hurler, et ses phalanges étaient en sang.
— Juste un rêve… Juste un putain de rêve… murmura-t-elle aux ténèbres, pour s’en persuader.
Et pour cause. Cela faisait un an que Violaine était morte.
Un an que Candice pouvait enfin vivre correctement, sans la présence écrasante de sa sœur jumelle. Sans avoir à subir son horrible méchanceté jour après jour.

[Sister]

SISTER

Maintenant sœurette est dans la rue
Cherchant le premier client venu
Juste une petite heure pour payer
Son tout nouveau nez
On lui donne un billet de cent pour son corps
Pour son âme, dix centimes, et encore
Ce sont des tristes faits – chaque parent devrait le savoir
Des tristes faits – chaque parent devrait le savoir

(Alice Cooper, Grim Facts)
[Sister]

Ses cheveux, d'un blanc immaculé, cascadaient sue ses épaules minces. Sous son gilet de velours rouge dépassait le col d'une chemise blanche très XIXe siècle. Un doigt de lumière venu du bar faisait danser la fumée devant son visage, reflets sanguins sur ses traits pâles.
(Nocturnes)

- Je vais te faire un chouette tatouage, grimaça le skinhead, en avançant vers lui, pas à pas.
La lame crantée de son couteau de chasse luisait d’un bleu froid, seul éclat dans l’obscurité. L’étroite ruelle, coincée entre de vieux bâtiments noirs de crasse et le mur d’enceinte d’une église, interdisait toute fuite. Il n’y avait même pas un seul lampadaire pour signaler leur présence à la rue principale, pourtant si près.
Stigmates

Le couteau glissa, ouvrant la peau du haut vers le bas.
Il demeura lucide...
La douleur - le feu - dévora sa chair, en suivant la piste de la lame, à mesure que le corps de Nath prenait conscience de sa profanation.
Sa chair hurlait, entaillée, violée. Son sang pleurait, pleurait, pleurait.

- Tais-toi ! Toi comme ta mère, vous êtes toutes les mêmes ! Toutes les femelles attirent le péché ! Moi aussi, j'ai été dupe ! Mais c'est fini !

Elle se souvenait encore de la tête de son père lorsqu'elle lui avait annoncé sa vocation, des années auparavant.
- Que je n'entende plus parler de ces histoires de mannequins, hein ? avait-il hurlé. C'est un milieu de droguées, de putes et de gouines, voilà ce que c'est ! Un fatras de vicieuses et de dégénérées ! Tu veux nous faire honte ou quoi ?