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Critique de avislitterairedetheoetgaultier


Charles Sitzenstuhl, docteur en sciences politiques, actuellement membre du cabinet du ministre de l'Economie et des Finances en France, publie à 31 ans son premier roman. Il s'agit d'un récit autobiographique qui commence avec l'emménagement de sa famille dans la petite maison jaune de la rue Claude-Debussy, à Sélestat, en Alsace centrale, en 1994. Cette maison, comme la Golf blanche du père, vont devenir les théâtres de la violence froide, récurrente, absurde d'un père tout-puissant et tyrannique.

De manière chirurgicale, le narrateur détaille son quotidien familial, avec son père allemand, sa mère alsacienne et sa petite soeur. le quotidien est entièrement suspendu aux crises de nerf du père, qu'un rien peut emporter jusqu'à faire craindre le pire. Un quotidien ritualisé à l'extrême, selon le seul bon vouloir de celui face à qui la mère et la soeur s'effacent presque totalement du discours du narrateur.

Malgré la violence, l'humiliation, la peur, le narrateur ne peut détourner les yeux de celui dont il scrute le corps en permanence, comparant son corps d'adolescent blanc, malingre et frêle, à celui tonique, musclé, viril du père. Toutes les activités sont bonnes pour tenter de rejoindre ce père autant aimé que craint. Car c'est bien à une histoire d'amour passionnel qu'on assiste, aussi terrible qu'intense, celui d'un fils pour son père, avec tout ce qu'il peut y avoir de meurtrier dans un tel amour.

C'est une sorte de fascination qui m'a poussé - presque contraint - à aller au bout de cette lecture un brin douloureuse, pris par l'inquiétude à chaque détour de page que quelque chose de terrible se passe. J'ai beaucoup pensé à Edouard Louis pendant la lecture, mais là où Edouard Louis réanime des traces traumatiques par un style vivant et fort, j'ai trouvé l'écriture de Charles Sitzenstuhl trop opératoire, donnant à ce récit troublant un tour documentaire.

Gaultier
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