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Critique de Jackylebook


De cette autrice, Marie Sizun, j'avais déjà lu « Les petits personnages » publié également aux Editions Arléa qui m'avait beaucoup plu par son originalité. A partir de tableaux de peintres célèbres, elle inventait une existence et une histoire aux personnages de ces oeuvres, « ces oubliés de la peinture, ces marginaux, ces créatures à peine ébauchées » écrit-elle.
Dans « 10, villa Gagliardini », Marie nous touche d'une autre manière. Par ce court roman, elle nous dévoile un pan beaucoup plus personnel de sa vie. Elle nous plonge à l'époque de la seconde guerre mondiale, période de sa petite enfance puisque née en 1940, dans une atmosphère on le comprendra un peu spéciale.
On la retrouve, donc, seule avec sa maman dans ce minuscule appartement du XXème arrondissement de Paris. Il se compose d'une pièce de vie qui fait également office de chambre séparée de la cuisine par un corridor. Pas de quoi faire rêver avec sa tapisserie grise, mais de ses premières années elle en conserve un sentiment de tendresse infinie, comme d'un nid ouaté où il fait bon vivre. Un refuge face à cette triste actualité que déverse la radio et l'horizon exigu fait de toits et de cours devant les immeubles. Laissons-lui la parole : « J'ai deux ans et je suis dans l'appartement. Ce qu'il y avait avant je ne m'en souviens pas. Ma vie commence au petit appartement. C'est mon écorce, ma coquille, mon nid. Je ne sais rien de lui, mais sa lumière, ses couleurs, son odeur sont à moi autant que la présence de ma mère…. C'est un être vivant, fraternel, jumeau. IL est moi comme je suis lui, comme on peut s'aimer ou se haïr sans jamais cesser d'être soi ».
De cet espace réduit, on comprendra bien vite que les liens avec sa maman sont fusionnels, d'autant plus que cette dernière ne travaille pas et s'avère très permissive avec sa petite. Elle dessine sur les murs, sur les portes.
Mais cet univers bascule avec l'arrivée du père, de retour à la fin des hostilités. D'éducation catholique stricte, il n'accepte pas ce laissez aller et Marie ressent une aversion pour ce perturbateur. La maman, elle, heureuse du retour de son mari, le laisse prendre la main et diriger le foyer. La naissance d'un petit frère, la nécessité de quitter son antre douillet pour commencer ses études, tout commence à se compliquer.
On parcourt ce roman avec beaucoup d'émotions, on ressent cet amour et cette complicité qui la lient à sa maman, la nostalgie pour cette période de sa vie malgré un environnement hostile et des conditions de vie précaire du fait de la pauvreté du foyer.
Une plume vraiment agréable et fluide, comme quoi on peut devenir quelqu'un de bien tout en ayant un début de scolarité tumultueuse.
Merci aux Editions Arléa et à Marie Sizun pour ce bain de tendresse.
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