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Critique de 5Arabella


Grâce à une amnistie décrétée par le Président du Chili, un certain nombre de détenus peuvent sortir avant la fin de leur peine. Parmi eux, Angel un très jeune homme, amoureux des chevaux, romantique impénitent. Et le trop fameux Vergara, génial perceur de coffres-forts, décidé à se retirer définitivement et de couler des jours heureux auprès de sa femme, grâce à la partie du butin que son complice Monasterio, qu'il n'a pas dénoncé, n'a certainement pas manqué de garder pour lui.

Mais les choses ne se passeront pas comme prévu, entre autres parce qu'Angel est en possession du plan d'un coup infaillible, et qu'il a besoin de Vergara pour le réaliser. Il y tient d'autant plus qu'il a rencontré Victoria, une adolescente fragile et sensible, dont le père a été assassiné pendant la dictature et dont la mère a sombré dans la dépression, et qui a besoin d'argent pour réaliser son rêve de devenir danseuse.

Skarmeta a un don fabuleux pour nous décrire et faire aimer ses personnages, essentiellement de petites gens confrontés aux difficultés du quotidien, qui ne manquent pas dans le Chili, certes sorti de la dictature, mais confronté aux difficultés économiques, au chômage, aux injustices sociales criantes, à la misère des services publiques. Et malgré tout Angel, Victoria, Vergara et tous les autres gardent leurs rêves et leurs espoirs et font le maximum pour ne pas se renier et d'aller jusqu'au bout d'eux même.

Skarmeta nous décrit un monde chaleureux de petites gens, prêts à aider les autres mais aussi nous fait entrevoir l'autre monde, ceux qui ont assassiné et torturé, qui se sont enrichi dans le sang et les larmes, et qui sont toujours là, un peu dans l'ombre, mais qui n'ont pas vraiment renoncé et peuvent resurgir à chaque instant.

On pourrait catégoriser ce livre comme un roman noir, il comporte les ingrédients du genre: truands, prostituées, escrocs, voleurs. Il y a un suspense, la préparation du «coup», un assassin qui rôde...Mais ce n'est de toute façon qu'un décor, un peu convenu, un peu clin d'oeil: nous avons tous lu ce genre de livres, vu des films noirs qui nous ont raconté ce genre d'histoire, nous sommes en terrain connu, on a pas besoin de nous donner tous les détails, nous pouvons les reconstruire de mémoire. L'essentiel ce sont les personnages, leur musique intérieure, la douce nostalgie qui baigne tout le livre, celle des rêves entrevus mais jamais complètement réalisés.

Et bien sûr il y a aussi l'écriture de Skarmeta. Une écriture qui a l'air si simple au premier abord, qui coule de source pourrai-je dire. Mais évidement, si on se penche un peu sur elle, on découvre à quel point elle est élaborée et riche. Les dialogues sont d'un naturel absolu, on imagine que de vraies personnes pourraient parler ainsi, mais en même temps il y a là une sorte de subtile élégance qui sourd à chaque instant. Et puis ce qui fait peut être une de grande originalité de l'auteur, c'est une sorte de second degré permanent, une discrète et tendre ironie, de minuscules distances qu'il établit à chaque moment par rapport à ce qu'il nous raconte, et qui rend d'une certaine façon sa présence toujours sensible au lecteur.
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