Le parfum des fleurs la nuit

Leïla Slimani qui n'écrit pas sur commande (elle a besoin de sentir une nécessité pour prendre la plume) accepte un peu malgré elle de se laisser enfermer une nuit entière dans le musée d'art moderne, la Pointe de la Douane, à Venise, afin d'écrire un texte qui entrera dans la collection « Ma nuit au musée » des éditions Stock. J'ai eu un petit moment d'inquiétude quand j'ai vu qu'il s'agissait d'un musée consacré à l'art contemporain. N'étant pas particulièrement réceptive à ce type d'oeuvre, j'ai eu peur de passer totalement à côté de ce livre. Mais, fort heureusement, si Leïla Slimani parle de certaines oeuvres, elle profite surtout de cette occasion pour nous livrer sa conception de la littérature, du métier d'écrivain mais aussi son opinion sur la place de la femme et sur le fait de venir d'une double culture. Cette lecture est très enrichissante. On en apprend un peu plus sur cette auteure, sur son ambivalence liée à sa position de femme dans une société musulmane et à celle de sa double appartenance. Elle ne se sent jamais tout à fait à sa place où qu'elle soit. La littérature lui permet de laisser libre cours à tout ce qui la traverse sans aucune entrave liée à son sexe ou à sa culture d'où ces personnages très particuliers et dérangeants comme la nounou d'Une chanson douce ou la mère dans son premier roman Dans le jardin de l'ogre. Autre belle découverte de ce livre, une plante, le galant de nuit (quel très beau nom !), le jasmin ou lilas de nuit qui n'exhale son parfum qu'à la nuit tombée, qu'on trouve dans le musée et qui a marqué la jeunesse de l'auteure.
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