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Critique de Scribe


L étoile jaune de l'inspecteur Sadorski
Paris 29 mai 1942, une bombe explose dans un café proche du palais de justice ou viennent boire un verre les policiers du service des brigades spéciales entre deux séances de tortures sur des juifs, des communistes et toutes personnes qualifiées dans cette période de terroristes. Cette explosion se révélera précipitée, mais en entendant dans les hautes sphères de cette police aux ordres de Vichy l'on veut du résultat. Peu importe les méthodes, les violences, ce qui compte c'est que les terroristes parlent. Lors de cet attentat plusieurs blessés sont relevés et deux morts. L'inspecteur Sadorski revenant de vacances est désigné comme enquêteur. Quelques jours plus tard faisant une escapade à vélo avec son épouse , il se retrouve dans l'orée d'un petit bois tombe sur le cadavre d'une femme totalement dénudée, la tête fracassée. Il mettra un bon moment à relier toutes ces histoires entre-elles. Outre ces deux affaires qui vont s'entrechoquer, il participe en tant qu'inspecteur à la grande rafle du Vel d'Hiv exigée par les Allemands et mis en oeuvre avec beaucoup de pugnacité par la police Française. « A l'instigation des nazis et au nom de l'État français, une action mémorable qui se gravera dans les esprits sous le nom insolite de rafle du Vel'd'Hiv. On en parlera encore des décennies plus tard et même au siècle suivant. 9 000 courageux fonctionnaires, policiers, gendarmes solidement armés et équipés pour faire la guerre à des femmes, des vieillards, des adolescents, des alités, des nourrissons, des opérés de la veille, arrachés de leurs lits et même quelques cadavres de juifs morts de maladie » qui seront conduits en bus réquisitionné dans des lieux de rétention avant leur départ vers d'autres destinations et pour beaucoup les chambres à gaz . Il faut lire la description de cette journée dans le chapitre intitulé « La Chasse au Juif » ou l'on ressent la brutalité, la bestialité de ces fonctionnaires qui auront pour ceux que la justice des hommes rattrapera à la fin de la Guerre l'excuse «  que nous n'avons fait que d'obéir à des ordres. »
L'inspecteur Sadorski, au fil de cette histoire se décrivant lui même comme pétainiste, anticommuniste notoire anti-juif, mérite cent fois que sa vie s'arrête là, brutalement par deux balles 7,65 ou de 6,35 . On le souhaiterait ! Cet individu est un spécimen de la pire espèce, imbu de sa personne, jouant avec sa « brème » carte tricolore, pour piller abuser de ses fonctions, piller ,
de violer des femmes juives en leur faisant miroiter la clémence d'une libération. En liant le destin tragique d'une jeune fille mineure Julie Odwak qu'il convoite à ce lui de sa mère internée par ses directives apposant sur la carte d'arrestation la mention communiste ce qui lui augure un traitement particulier de la police Française avant d'être remise aux autorités allemandes pour être déportée on arrive au comble du cynisme. Sadorski se fait également plaisir en arrêtant des crânes , en dénonçant par un écrit anonyme aux Allemands le comportement de différentes personnes répertoriées comme étant un danger pour l'ordre public, résistants, réfractaires aux ordonnances éditées.
En lisant page après page ce livre de Romain Slocombe, nous nous retrouvons témoins des actes abominables de Sadorski et ses sbires, des gestes désespérés de femmes se jetant par la fenêtre de leur immeuble lors de cette rafle, entraînant dans la mort leurs enfants, en étant témoin de scène de tortures infligées à coup de nerf de boeuf et autres spécialités de cette brigade spéciale ou l'abjection est à son paroxysme.
Romain Slocombe, nous présente un récit très détaillé, parfaitement documenté.Il suffit de prendre connaissance des ses notes biographiques .Romain Scolombe fait ici oeuvre d'historien. Ce qui nous amène à une expression encore plus forte de dégoût lorsque l'on apprend que l'histoire de Sadosrki, n'est pas sans rapport réel avec les activités réelles de l'IPA Louis Sadosky, retrouvé dans les archives de la préfecture de police en consultant les dossiers d'épuration des policiers.
Ce récit nous permet de revenir sur un passé que certains préfèrent oublier. Il nous ouvre les yeux sur une période ou la police française a permis l'arrestation de milliers d'hommes, de femmes, d'enfant dans le seul but de répondre aux exigences du IIIe Reich, qui n'en demandait pas autant.
Mon parcours professionnel, m'a conduit dans une caserne ayant été utilisée lors des rafles à Drancy, puis cette époque pas si lointaine en 1974 à Compiègne au Camp de Royallieu : ( La caserne de Royallieu a été construite en 1913 et regroupe 25 bâtiments sur une surface de 16 hectares. de 1941 à 1944, elle fut transformée par l'armée allemande en l'un des principaux camps de transit de France. Près de 45 000 personnes y ont été acheminées : internés politiques, résistants, pour beaucoup communistes, civils russes ou américains et juifs. (Source mémorial de l'internement et de la déportation). Mon régiment c' était installé dans les lieux mêmes ou ont transité toutes ces personnes en partance vers les camps de la mort ! Puis je me suis retrouvé à Berlin.
L'étoile jaune de l'inspecteur Sadorski est plus qu'un roman c'est un morceau d'histoire de France. Merci M. Romain Slocombe.
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