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Nous sommes en 1995, après l'apartheid, dans la petite ville imaginaire de Smitsrivier, emblématique de la bien réelle volonté du nouveau gouvernement d'Afrique du Sud de construire un nouveau pays et de la non moins réelle ambiguïté de la Commission Vérité et Réconciliation, chargée de gérer les demandes d'amnistie déposées par les anciens tortionnaires de l'apartheid (souvent d'anciens policiers qui ont torturé et parfois tué des membres de l'ANC). Si la Réconciliation était surtout prêchée par les autorités religieuses, la Vérité était recherchée par les nouveaux responsables politiques du pays. Mais quelle vérité ? Et était-il possible d'en faire apparaître une ? Car il y avait bien deux camps totalement opposés, les Blancs et les Noirs, les gens au pouvoir et les opposants, les tortionnaires et les victimes, donc… forcément deux vérités, au moins.

Le roman de Gillian Slovo, fille de l'ancien avocat puis ministre de Nelson Mandela (et à l'origine de la Commission), se situe dans ce contexte, qu'il nous permet de saisir dans toute sa complexité et il va même plus loin en démontrant à quel point victimes et bourreaux sont intimement liés. A travers les personnages de Dirk Hendricks, ancien policier et Alex M'Pondo, rescapé qui voulait laisser son passé de militant ANC aux oubliettes, car il pense avoir une lourde responsabilité dans la mort d'un de ses amis dont le corps n'a jamais été rendu à ses parents, entourés de leurs avocats Ben Hoffman et Sarah Barcant, la romancière tisse une intrigue dense, bien menée, où vérité et mensonge jouent au chat et à la souris, jusqu'à la fin. La romancière montre bien que rien n'est manichéen, malgré tous les rêves ou illusions des uns et des autres. (Le roman aurait pu s'appeler La vérité et autres mensonges, comme le roman de Sascha Arago.)

J'ai eu un tout petit peu de mal à entrer dans ce roman, parce que chaque chapitre se focalise sur un personnage, les allers et retours dans le passé sont fréquents (c'est sûr, j'étais un peu fatiguée quand j'ai commencé ma lecture) mais une fois plongée dans le bain (brûlant de soleil et de poussière) de Smitsrivier, je n'ai quasiment plus lâché le roman. Ses personnages sont bien campés, on se laisse déstabiliser par les manoeuvres et les contradictions des uns et des autres. Jusqu'à la fin, les événements et les rapports humains se succèdent, s'emboîtent, s'éclairent, rivalisent dans une construction impeccable.

Un très beau roman, nécessaire.
Lien : http://desmotsetdesnotes.wor..
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J'ai ressorti ce livre pour un challenge.
J'ai été assez déçue par cette lecture.
Le sujet toujours d'actualité (la ségégation entre gens de couleurs) mais peu de rebondissements. Il y a beaucoup de retours dans le temps pour nous donner
Cela traîne , les personnages sont très nombreux .
Pas beaucoup de rebondissements comme annoncé en quatrième de couverture.
Ce roman est loin d d'un thriller , c'est juste la chronique d'un procès .
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1995, Afrique du Sud. Dans la « nation arc-en-ciel », l'heure est à la réconciliation et au pardon. L'apartheid a été aboli ; victimes et bourreaux doivent se faire face pour pouvoir se tendre la main. C'est ce que le gouvernement sud-africain souhaite en tous les cas mettre en place à travers la Commission « Vérité et réconciliation », censée asseoir, par ses enquêtes, le fondement d'une société post-apartheid apaisée. C'est dans ce cadre que Sarah, jeune procureur à New-York, revient dans la ville de son enfance, Smitsrivier. Elle a été appelée par son ancien mentor, Ben, un avocat militant réputé mais mourant. En effet, ce dernier souhaite que Sarah l'aide à faire la lumière sur la mort de Steve Sizela. Celui-ci, membre de l'ANC, avait été enlevé en même temps qu'Alex Mpondo, aujourd'hui député. La confrontation d‘Alex avec son ancien tortionnaire Dirk Hendricks serait certainement un moyen de découvrir bien des vérités. Mais Alex semble cacher quelque chose et les anciens policiers de l'apartheid ne sont pas prêts à faire amende honorable, fut-ce pour éviter la prison.

Voici un roman sur l'après apartheid qui montre combien, malgré la volonté des politiques de reconstruire un pays apaisé, les contradictions perdurent. Certes, on demande une réconciliation (la vérité pour les victimes en échange de l'amnistie) mais cette commission n'apporte pas de réparation aux victimes. Comment alors faire table rase du passé ? Les douleurs passées, les traumatismes, les violences subies et les êtres chers assassinés constituent beaucoup d'obstacles à cette réconciliation tant souhaitée.
Un roman intéressant qui révèle pourquoi les tensions communautaires persistent tant dans ce pays.
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C'est un très beau roman sur la difficile réconciliation entre deux peuples, entre deux traditions. L'histoire se déroule en 1995 dans une petite ville d'Afrique du Sud imaginée par l'auteur : Smitsrivier. Va y siéger la Commission Vérité et Réconciliation. Sarah, jeune procureur à New-York, revient dans son pays à la requête de son mentor, vieux et malade. Elle va représenter Alex Mpondo, victime de tortures. Face à lui, son bourreau, un ancien policier.
La tension est à son comble aiguillonnée par la chaleur accablante de cette terre aride qui renferme tant de secrets. Les deux camps ont chacun "des cadavres dans le placard".
C'est passionnant et bouleversant.
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1985, une des années les plus noires de l'apartheid. Alors que le régime est déjà ébranlé par les émeutes répétées dans les townships et une réprobation internationale croissante, il s'arc-boute e répond aux revendications de liberté par une répression accrue. le fils des Sizela est victime de cette féroce violence et disparaît, sans que son corps ne soit restitué à ses parents.

"Bien sûr. Pieter savait maintenant pourquoi il s'était réveillé en sursaut. C'était cette foutue Commission Vérité et Réconciliation qui arrivait en ville, pour tout remuer et entretenir la fureur de Sizela."

Dix ans plus tard, la nouvelle Afrique du Sud est, en théorie, une "nation arc-en-ciel". Pour que la transition ne vire pas au bain de sang, le gouvernement met en place la Commission "Vérité et Réconcilation", censée promouvoir, par ses enquêtes, le fondement d'une société post-apartheid apaisée. Ben, avocat militant réputé mais mourant, fait appel à Sarah, son ancienne élève désormais procureure à New-York, pour élaborer une stratégie destinée à obtenir des informations sur la mort de Steve Sizela, en échange du témoignage d'Alex, à propos d'une affaire voisine.

Très vite il apparaît que les affaires sont inextricablement liées, qu'Alex, malgré son statut de victime et de héros de la communauté noire, cache quelque chose, et que les ex-policiers de l'apartheid ne sont pas prêts à faire amende honorable, fut-ce pour éviter la prison. La tâche de Sarah n'est pas si aisée, elle qui doit défendre Alex, lequel semble entretenir avec son ancien geôlier une relation plus que troublante.

Mais si l'esprit et le principe de la commission sont louables (amnistie des crimes de l'apartheid contre vérité pour les victimes), son action n'en soulève pas moins une foule de problème juridiques et éthiques, ne serait-ce que parce qu'elle n'apporte pas de réparation, et entretient les haines recuites et les tensions communautaires.

"Le silence. Il leur avait été familier autrefois. Un silence né d'abord de la crainte que l'homme le plus âgé inspirait à Dirk et qui, graduellement, d'une compréhension mutuelle avait fini par devenir une véritable amitié. Un silence qui avait aussi trempé dans les jours de sang, une façon d'échapper à tous ces mots hurlés dans la fureur. Un silence qui n'était plus possible, parce que dans les sables mouvants des temps nouveaux, même si les mots étaient durs, les choses non dites qui rôdaient sous la surface étaient bien plus dangereuses encore."

Quoique je sois peu friande du style judiciaire, Poussière rouge émeut. Par la fille de deux célèbres militants anti-apartheid (son père a été leader du PC sud-africain et avocat de Mandela dans les années 1960), le roman de Gillian Slovo prend presque la forme d'une fable à propos de l'Afrique du Sud contemporaine. Malgré une écriture (ou une traduction ?) un peu lourde, Poussière rouge se révèle finalement bien plus complexe qu'il n'y paraît, révélant les contradictions d'un pays en pleine reconstruction, dont le rapport au passé, au travers de la métaphore de la jeune femme émigrée puis de retour, est questionné sans concession.
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J'avais acheté ce livre il y a plus d'un an déjà, chez un bouquiniste parisien. Je l'avais laissé de côté, puis ouvert, j'avais lu quelques lignes, et l'avais finalement refermé. Il ne suffit pas d'ouvrir un livre pour que le livre s'ouvre ! Pourquoi parfois il nous résiste pour céder ensuite ? Mystère...

En tout cas, cet été j'ai renoué avec lui et j'ai immédiatement été captée. Cet excellent roman, tout en finesse, et d'une belle écriture pour autant que la traduction permette d'en juger, s'est révélé d'une grande force, et s'est imprimé durablement dans ma mémoire. En Afrique du Sud, après l'apartheid, l'héroine, Sarah Barcant, une brillante avocate exilée aux Etats-Unis se voit rappelée par le mentor de sa jeunesse pour assister un ami, Alex M'Pondo ; celui-ci va être confronté à son ancien tortionnaire devant la "Commission Vérité et Réconciliation". le procès doit être l'occasion de comprendre ce qu'est devenu le corps d'un ami d'Alex, lui aussi victime de la torture, et qui n'a jamais été retrouvé, à la grande douleur de ses parents.

L'histoire s'approche parfois du polar, mais le but est bien davantage de saisir la complexité d'une situation, dans un pays encore divisé et meurtri, les ambiguïtés des personnages (...)
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"Poussière rouge" n'est pas un documentaire et pourtant…
C'est bien un roman que Gillian Slovo nous propose et c'est à travers ce roman qu'elle tente de nous expliciter les problèmes qu'a fait surgir l'abolition de l'apartheid en Afrique du Sud. Tout se joue et se déjoue sur un laps de temps très court : la durée d'une Commission Vérité et Réconciliation, à peine quelques séances. Un seul endroit est évoqué toujours et encore le long de ces quasi quatre cents pages : la ville de Smitsrivier et ses proches alentours, théâtre du drame.
Mais rien n'est évident, car une tragédie en cache et en révèle une autre.
Toutefois, l'auteur a su nous relater les affaires avec une simplicité remarquable, tout en ne gommant pas leur côté grave ; et, qualité suprême à mes yeux, elle a su conserver une certaine nervosité au récit.
Définitivement, il n'y a que la fin du livre qui pêche : pourquoi avoir décidé de jeter fugacement l'avocate blanche dans les bras de son client noir pour une rapide étreinte ?
Peut-être pour souligner davantage l'indiscutable rapprochement, qui est en train de s'accomplir en Afrique du Sud …?
C'était un peu maladroit, alors que le reste de l'histoire ne l'était pas, bien au contraire.
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Roman jeunesse dans l'excellente collection Scripto (Gallimard)
Un plaisir que cette collection, comparable à Medium de l'école des loisirs. Les romans sont bien souvent de bonne facture. Encore vrai !

Ici dans une Afrique du Sud de l'immédiat après-apartheid, en pleines commissions Vérité&réconciliation destinées à apaiser les esprits et à permettre au pays d'avancer, une jeune avocate vient épauler son ancien mentor, dans la recherche de la vérité entre anciens policiers boers et famille de disparus. Mais y a-t-il seulement Une vérité ? Qu'apportera-t-elle ?
La complexité de ce pays et de son histoire est traitée avec délicatesse et sans éviter les difficultés.
Un magnifique roman pour mieux connaître et comprendre une situation si loin de notre Europe.
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Avant toute chose, le lecteur doit savoir que cet ouvrage n'est pas un essai historique (il existe des traductions en français des travaux de la commission en question), mais d'un roman.
Aussi l'auteur s'appuie sur un fond de vérité qu'elle immerge dans des lieux fictifs, avec des personnages fictifs pour bâtir une histoire qui pourrait être plus vraie que nature.
Là où Gillian Slovo fait fort, c'est qu'elle parvient à recréer une situation crédible de part en part, en y ajoutant, une part de romanesque.

Comme cela existe dans de nombreux pays en proie aux conflits, et exactions, la commission Vérité et Réconciliation est une forme de confessionnal où l'on vient y "avouer " publiquement ses actes, et y exprimer ses souffrances dans le but de faire face à son passé d'une part, et de retrouver dignité de l'autre. Une sorte de transition entre un avant que l'on souhaiterait ne plus voir se reproduire, et un après à reconstruire entièrement.

Tout cela parait simple… la réalité est tout autre. C'est ce que démontre Gillian Slovo au travers de ses personnages et de ses situation sans parti pris ni manichéisme. Elle s'attache tout simplement à monter la complexité de l'être humain, et sa difficulté à sortir de son emprisonnement idéologique. La vérité est un idéal volatil et insaisissable. On ne peut jamais complètement expurger le passé.

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Un bon "policier" sur les périodes de transitions, et principalement l'incroyable transition imparfaite mais réussie qu'a connu l'Afrique du Sud.
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