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Critique de Natiora


En 1938, l'emprise nazie sur l'Allemagne commence à dépasser les frontières pour s'installer progressivement en Autriche. Des juifs autrichiens commencent à être rassemblés, expulsés de leurs maisons. Les soeurs de Sigmund Freud sont inquiètes, elles pressentent le pire. Lorsqu'elles s'ouvrent à leur frère, celui-ci ne prête pas attention à leurs craintes. Il est fier de sa culture germanique, et pense que les évènements ne sont que passager, que lui et sa famille ne craignent rien.

Pourtant il se résout un jour à quitter le pays pour s'exiler à Londres, avec femme et enfants. On l'autorise à établir une liste des personnes qu'il veut emmener avec lui. Y figurent son médecin et sa famille, son personnel de maison, et même son chien. Mais pas ses soeurs. Adolfine, la narratrice, tombe des nues. Elle qui était si proche de son frère enfant ne comprend pas qu'il laisse tomber ses propres soeurs.

C'est ainsi que s'ouvre ce roman, sur la déception des soeurs de Freud, et sur leur arrivée dans un camp. Mais ce passage cède vite la place au récit du parcours de la famille Freud. Depuis la rencontre des parents au milieu du XIXè siècle jusqu'aux années 1930. L'histoire se focalise sur Adolfina, la narratrice. Très proche de son frère dans son enfance, ils se sont éloignés à mesure que les années passaient. Sa mère ne l'aimait pas, ne faisait que la rabaisser, ce qui l'a empêchée de mener la vie normale à laquelle ont eu droit ses autres soeurs : un mariage, une maison, des enfants…

Goce Smilevski a pris le temps de faire des recherches poussées pour nous parler du destin malheureux de cette femme, mais aussi pour ancrer son récit dans un contexte précis. Nous évoluons ainsi dans la ville de Vienne telle qu'elle était au tournant du XXè siècle, sa place dans la vie culturelle en Europe notamment. Les idées de l'époque sont aussi évoquées : la psychanalyse évidemment, mais aussi le mouvement vers l'égalité des sexes, qui n'en était encore qu'à ses débuts.

C'est un roman intéressant pour en savoir davantage sur le passé familial de Freud, mais c'est surtout un roman très agréable à lire pour l'histoire d'Adolfina. Que les faits soit réels ou fictionnels n'a que peu d'importance tant l'histoire est riche, bien tournée, étoffée par le contexte de l'époque. La plume fluide de Goce Smilevski rend la lecture facile, on se laisse porter en douceur. Une belle réussite !
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