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Critique de Maghily


Ce roman est avant tout un véritable exercice de littérature, parfois complexe, qui a pu en dérouter plus d'un·e. Il est divisé en 4 grandes parties (dont une fait à la fois office d'introduction et de conclusion) : apparition, convive, hôte, traversée, apparition.

Chacune de ces parties se consacre plus particulièrement à l'un·e des protagonistes : l'autrice nous en dresse le portrait depuis l'enfance puis nous fait vivre avec elle/lui les quelques heures ou jours qui précèdent l'événement. Pour chacune de ces parties, l'autrice choisit un mode de narration propre, censé représenter le mode de pensée ou le caractère du personnage suivi [enfin, c'est comme ça que j'ai compris le concept]. Ainsi, dans la première partie, nous suivons Leah, à travers une sorte de flux de conscience relatant à la fois ses interactions de la vie de tous les jours, ses pensées quant à son passé ou sa vie actuelle, etc. C'est, pour moi, la partie durant laquelle il faut s'accrocher : j'ai moi-même été perdue à plusieurs reprises [et là, j'étais heureuse de lire ce livre en traduction]. Ce mode de narration reflète vraiment bien l'état d'esprit de Leah : frustrée de ne pas mieux gagner sa vie malgré son diplôme, en couple avec un homme qu'elle aime énormément mais qui insiste pour qu'ils s'inscrivent dans une programme de procréation médicalement assistée alors qu'elle n'a jamais voulu d'enfant [et n'a jamais osé lui dire], noyée dans sa culpabilité et ses contradictions, elle ne sait plus comment avancer dans la vie.
Ensuite, on retrouve un mode de narration plus classique (narration à la 3e personne du singulier) dans la partie consacrée à Felix. La vie de Felix, et donc le chapitre qui lui est consacré, comporte moins d'intérêt à mes yeux même si c'est avec lui qui le récit prend un tournant décisif. Ce que j'en ai principalement ressorti, c'est la description de la cité de Caldwell.

Puis, dans hôte, on s'attache au personnage de Nathalie dans une succession de micro-textes classés selon une liste numérotée. Cette partie est à mes yeux la plus intéressante car elle permet de mieux comprendre comment l'amitié de Nathalie et Leah s'est construite et, surtout, comment elle a perduré au fil des années. L'autrice y aborde la question d'être transfuge de classe et des difficultés que cela engendre pour maintenir des liens sereins avec sa famille. A travers les moments choisis pour raconter Nathalie, on découvre également son obsession de toujours donner à voir la meilleure partie d'elle-même et ce que cela a impliqué dans sa réelle connaissance d'elle-même et pour son estime personelle. C'est aussi à travers Nathalie que l'autrice aborde la question du détachement la religion dans laquelle on peut avoir été élevé. C'est un sujet qu'on retrouvait déjà dans White Teeth.
Dans ce roman, il est également fortement question des ravages de la drogue et de la déchéance que cela engendre pour certains personnages. L'autrice questionne aussi le regard des autres sur les personnes droguées : quel soutien peuvent-elles ou non trouver auprès de leurs proches ou des gens qu'elles croisent régulièrement dans la rue ? Qu'est-ce que cela implique de devenir invisible aux yeux des autres ? Etc.
e ne l'ai pas précisé plus tôt mais dans Ceux du Nord-Ouest, nous naviguons à nouveau dans un environnement très multiculturel. Cela influe évidemment sur la destinée et les choix des personnages que nous suivons.

Vous l'aurez compris, c'est un roman foisonnant qui approche des sujets assez sombres. J'ai aimé retrouver le ton de Zadie Smith même si je l'ai trouvé moins piquant que dans White Teeth.
Lien : https://www.maghily.be/2022/..
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