Le cercle secret, tome 2 : Captive

Tout ce qu'elle savait, c'était que le froid qui remontait de sa main le long de son bras la gagnait, à présent, tout entière et qu'à partir de maintenant, elle ne pourrait plus revenir en arrière.

Il y avait de l'incompréhension dans ses beaux yeux verts. Et puis, tout à coup, la lumière se fit dans son esprit et ce fut comme si une pierre avait été jetée dans l'eau si tranquille de ces sources si claires. Et, quand Cassie le vit, quand elle vit Diana prendre pleinement conscience de ce qui se passait, quelque chose, en elle, mourut à jamais.

Elle ne voulait pas se disputer avec Diana. Mais toute cette douleur, cette rancœur... Il fallait bien que ça sorte, d'une façon ou d'une autre. Elle n'avait encore jamais imaginé ce que ça faisait, l'horreur que c'était de se voir ainsi parée de toutes les vertus, défendue bec et ongles par des gens certains d'avoir affaire à quelqu'un de bien, alors qu'on ne l'était pas.

Une vague d'excitation, qui semblait provenir de la pierre elle-même, la parcourut de part en part. Quand elle serrait l'hématite, elle avait pourtant l'impression de tenir un glaçon. Elle n'en n'éprouvait pas moins tous les trucs que Mélanie lui avait décrits, tout ce qu'elle était censée ressentir quand elle trouverait son cristal de prédilection : il épousait parfaitement sa paume et il semblait y trouver naturellement sa place. Elle aimait bien cette façon qu'il avait de peser dans sa main.

Peut-être que, parmi ses ancêtres, il y avait eu une jeune sorcière comme ça, qui avait dansé dans une clairière, au clair de lune. Peut-être qu'elle avait dansé, toute seule, jusqu'à ce qu'elle entende le chant d'une flûte de Pan et surprenne une ombre parmi les arbres. Et peut-être qu'alors elle avait dansé avec le dieu de la forêt, dans la clarté argentée...

Elle regarda Diana, assise là, sur son lit. Aussi belle que puisse être la fille de la gravure, Diana l'était encore plus. Avec ses cheveux de cette couleur incroyable - entre l'or et l'argent, comme des rayons de soleil tissés avec un clair de lune -, son visage de fleur et ses yeux d'émeraude, Diana ressemblait plus à une créature de magie, tout droit sortie d'un conte de fées ou d'une ancienne légende, qu'à une personne réelle.

De paix jamais ne connaîtras
D ami jamais ne garderas
D amour jamais ne te lieras

Chêne et houx, sève et fleur
Allumez en son coeur cette secrète ardeur !

La femme à l'homme, l'homme à la femme
Depuis l'aube du monde
Unis coeur à coeur.
La femme à l'homme, l'homme à la femme
Depuis l'aube du monde
Unis corps et âme.

Pour un amant infidèle :

De paix jamais ne connaîtras
D’ami jamais ne garderas
D’amour jamais ne te lieras
De moisson jamais ne feras

De repos onc ne trouveras
De satiété onc n’obtiendras

Ta soif jamais n’étancheras
Ton chagrin jamais ne passera
Tes dettes jamais n’acquitteras
Ta peur jamais ne te quittera

Alors, ce jour tu maudiras
Jour funeste où tu me trompas.