AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de nineentreleslignes


Les vies rêvées de la baronne d'Oettingen de Thomas Snégaroff
Albin Michel

« le monde s'oublie sans cesse, malgré les efforts des vivants pour ne pas mourir. »
Dans le bureau long et vieilli de son arrière-grand-père, Thomas Snégaroff, le narrateur, découvre dans un tiroir qui refusait de s'ouvrir, de vieux papiers ayant appartenu à son ancêtre, imprimeur d'art. Quelques photos, des lettres, un cahier, deux croquis, assez pour démarrer une enquête sur celle qui semble avoir considérablement marqué l'aïeul. Il s'avère que la flamboyante jeune femme porte autant de pseudonymes que de dons, à la fois : muse, mécène, peintre, écrivain, poète.
Remonter l'histoire de la Baronne d'Oettingen est un véritable voyage dans le Paris Avant-gardiste.
Pas plus vénitienne que Baronne, Hélène d'Oettingen est née Elena Miontchinska en Ukraine, le titre elle le gardera à l'issue de son premier mariage. Flanquée d'un improbable frère sensé la surveiller Serge Ferrat, Hélène gagne Paris et ses entrées dans la Bohème de Montparnasse où elle rencontre les plus doués : le Douanier Rousseau vieillissant, Apollinaire le magnifique, Modigliani le tourmenté, Picasso, Max Jacob et tant d'autres.
Peu conventionnelle, affranchie des codes, la baronne reçoit dans son salon e la rue Raspail, les artistes qui font et défont les courants artistiques de l'époque, achète des toiles qui plus tard la sortiront d'embarras, assiste à l'avènement du surréalisme, du mouvement Dada qui libèrera le précédent de ses chaînes pour aller plus loin encore.
Dans son lit, les hommes se succèdent, elle les choisit, ne les retient pas. Fidèle en amitié, elle se lasse en amour. Quand la guerre éclate et lui prend ses amis, elle ne s'en remet pas.
Hélène oscille entre euphorie et abattement, quand la mélancolie est trop forte elle se souvient de « sa bibliothèque de Krasnystaw où les loups hurlaient et les carpes sautaient. »
Puis un jour, elle rencontre un imprimeur juif et russe comme elle, Snegaroff, l'histoire ne fera pas long feu mais c'est lui qui gardera au creux de son vieux bureau quelques papiers inédits.
Thomas Snegaroff nous offre la magnifique biographie d'une femme libre, injustement méconnue dans l'histoire de l'art, l'histoire d'une femme qu'on aimait pas beaucoup dans sa famille, ajoute-t-il, l'histoire d'une femme dont j'ai adoré lire la vie !

Commenter  J’apprécie          50



Ont apprécié cette critique (1)voir plus




{* *}