AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Presence


Ce tome fait suite à La cour des hiboux (épisodes 1 à 7). Il contient les épisodes 8 à 12, et le numéro annuel 1, parus en 2012, majoritairement écrits par Scott Snyder, avec l'aide de James Tynion IV pour la deuxième partie de l'épisode 8, le numéro annuel 1, la deuxième partie de l'épisode 11 et l'épisode 12. La majeure partie des illustrations sont réalisées par Greg Capullo (dessins) et John Glapion (encrage), sauf pour la deuxième partie de l'épisode 8 (Rafael Albuquerque), la deuxième partie de l'épisode 11 (Albuquerque), et le numéro annuel (dessiné et encré par Jason Fabok). La première partie de l'épisode 12 est dessinée par Becky Cloonan, la deuxième par Andy Clarke. Parallèlement au présent tome, il est possible de lire l'intégralité du crossover dans Night of the Owls (en anglais). Il contient "All star western" 9, "Batman" 8 & 9 et le numéro annuel 1 (contenus dans le présent tome), "Batman the dark knight" 9, "Batgirl" 9, "Batwing" 9, "Birds of prey" 9, "Detective comics" 9, "Nightwing" 8 & 9, "Batman & Robin" 9, "Catwoman" 9 et "Red Hood and the Outlaws" 9.

Alors que Bruce Wayne se repose un peu dans sa bibliothèque, la Cour des Hiboux a décidé de passer à l'offensive en lâchant ses agents (Talons, en français les Ergots) dans Gotham pour en assassiner les principaux édiles. Une bonne dizaine d'entre eux sont arrivés au manoir des Wayne pour assassiner Bruce Wayne. le numéro annuel développe l'origine de Mister Freeze (Victor Fries) : son lien avec Bruce Wayne, la mystérieuse Nora, etc. Par la suite, Batman obtient enfin un indice qui lui permet de remonter jusqu'à l'instigateur principal de cet assaut contre les principaux citoyens de Gotham, ou peut-être pas, avec une incroyable révélation à la clef (ou peut-être pas).

Ce tome s'ouvre avec un zoom arrière partant d'un tampon de regard d'égout pour finir au dessus des toits de Gotham, alors que Wayne se fait la réflexion qu'il ne connaît finalement pas sa ville. Après son passage entre les mains de la Cour des Hiboux, il a pris conscience qu'une société secrète a manipulé dans l'ombre la croissance de Gotham à son insu. le travelling traduit visuellement l'idée que Wayne prend du recul (sous-entendu il ne l'a jamais fait auparavant). L'image d'après se situe dans la bibliothèque du manoir des Wayne plongée dans le noir, où Bruce contemple une maquette de Gotham. À nouveau il y a une métaphore visuelle sur l'image erronée que Bruce s'est forgé dans sa tête et cette réplique factice, tout aussi approximative. Tout d'un coup Wayne détecte la présence des Ergots et il s'en suit une dizaine de pages d'action, très vivantes dans lesquelles les phylactères se font discrets pour privilégier le mouvement. La deuxième partie de l'épisode prise en charge par Albuquerque développe l'aspect de coordination avec les autres titres gravitant dans la sphère d'influence de Batman (ceux cités pour le crossover "Night of the Owls"). Ce tome comprend plusieurs moments aussi impressionnant que la première partie de cet épisode où le lecteur est aux cotés de Batman, observant son intelligence au travail, épaté par ses prouesses physiques, et sa capacité d'anticipation. Tout au long du tome, le lecteur va ainsi se trouver face à des séquences d'une grande intelligence narrative, à la fois sur le plan de l'intrigue et sur le plan visuel. Dans la séquence d'ouverture de l'épisode 10, Batman a enfin trouvé une piste à remonter et il interroge une femme dont la main se crispe ressemblant alors à une serre. La page d'après, Batman écrase un masque de hibou contre des barreaux, et il éclate comme un oeuf. Quelques pages plus loin, Jonathan Glapion effectue un travail d'encrage exceptionnel pour rendre compte de la décrépitude des pièces désaffectées traversées par Batman.

Mais à coté de ces passages époustouflants, le lecteur est confondu par d'autres éléments d'une rare maladresse, à la fois dans l'intrigue, mais aussi dans les choix visuels. Ça commence avec Snyder qui ne peut pas s'empêcher de parsemer son récit de référence à The Dark Knight returns, que ce soit Batman endossant une armure, ou la commande "Activate Fido" qui évoque Carrie Kelley prenant les commandes de la batmobile tank, même l'utilisation des trophées de la batcave est dérivative et manque d'imagination, comme si Snyder était obligé de faire référence à l'histoire ultime de Batman (ultime en termes de ventes). Toutefois ces séquences pourront réjouir les lecteurs récents de la série. Mais, même eux devraient être déconcertés par cette référence gratuite à Henri Ducard, compréhensible uniquement par les connaisseurs experts en Batman. le summum est atteint par l'énorme révélation de la fin de l'épisode 10, aussitôt désamorcée dès l'épisode suivant, comme si Snyder s'excusait de l'énormité qu'il avait proférée. Snyder s'enfonce encore avec la séquence consacrée à Jarvis Pennyworth qui permet de mettre en scène un autre Pennyworth, mais dépourvue de tout autre intérêt. Greg Capulo n'est pas en reste de séquences en toc avec Batman en train de voler : étrange choix de le dessiner comme possédant un superpouvoir alors que l'un des principaux attraits du personnage est qu'il pourrait à la rigueur être un humain normal. La scène dans laquelle Batman s'agrippe au réacteur d'un avion en plein vol met en surcharge le niveau d'exigence de suspension consentie d'incrédulité du lecteur.

Enfin le lecteur pourra éventuellement souffrir lors du passage d'un dessinateur à un autre. Albuquerque est très convaincant et intéressant, mais son style ne se marie pas bien avec celui de Capullo. Il en va de même de celui de Fabok pour l'épisode annuel inséré au milieu du tome, plus réaliste ce qui fait ressortir par contraste les scènes traitées de manière plus exagérée par Capullo. Placé en fin de tome, l'épisode consacré à l'influence de Batman sur 2 individus ordinaires jure moins, malgré le style très différent de Becky Cloonan. Par contre le lecteur a du mal à comprendre pourquoi elle n'a pas dessiné toutes les pages de l'épisode, et pourquoi le final est dessiné à nouveau dans un style réaliste par Andy Clarke.

À l'issue de la lecture de ce tome, le lecteur a l'impression d'avoir lu un patchwork de pièces disparates du fait de l'hétérogénéité des styles graphiques, et du retour en arrière sur le passé de Mister Freeze en beau milieu de tome. le travail des 2 créateurs principaux (Scott Snyder et Greg Capullo) oscille entre des séquences époustouflantes, et des séquences enfantines.
Commenter  J’apprécie          60



Ont apprécié cette critique (5)voir plus




{* *}