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Critique de foxinthesnow


Tout d'abord ça veut dire quoi le titre ? En anglais, scum c'est le rebus, la lie, le déchet. Mais S.C.U.M. c'est aussi Society for Cutting Up Men, ce qui veut dire : société pour émasculer les hommes.
Ce court essai est un manifeste misandre, corrosif, violent, rageur, drôle, rebelle, démesuré. Sa langue crue nous concocte parfois des descriptions hilarantes, comme celle des hippies, ou de l'obsession pour le sexe qu'elle décrit minutieusement chez les hommes. Les citations que je mets en slide seront éclairantes !!
L'autrice oppose les filles à papa qui perpétuent le patriarcat, et les SCUM, des femmes libérées du joug des hommes, dominatrices, rebelles, indépendantes. Solanas, féministe radicale et travailleuse du sexe, fait partie des deuxièmes.
Elle professe que les hommes veulent devenir des femmes, ils envient leur sexe et leur faculté à porter un enfant... renversant ainsi les théories freudiennes avec malice.
Valérie Solanas présente la famille et le couple comme lieu de l'installation de la supériorité des hommes, aux conséquences émotionnelles le plus souvent négatives pour leur entourage.
Les SCUM veulent baiser le système, arrêter de travailler, prendre le contrôle politique, mettre fin aux formes de gouvernements actuels. C'est ainsi que ce manifeste féministe porte un projet politique anticapitaliste, une forme d'utopie où la virilité et la destruction du monde seraient éradiquées.
C'est un appel à la guerre civile, à un soulèvement des femmes contre les hommes, qui peuvent s'entourer d'auxiliaires masculins gagnés à leur cause. La violence est au coeur de cette révolution.
Elle rêve d'une société entièrement automatisée, pour le bien collectif, avec le moins d'effort de travail possible, une atmosphère de fête... comme Marcuse, de l'école de Francfort, l'attendait. Elle imagine la disparition de l'argent qui ne sert plus à rien ; une reproduction de l'humanité en laboratoire, hors de la sphère du sexe (dont les femmes SCUM, l'ayant bien pratiqué, s'en seront désintéressé).
Ce pamphlet publié en 1968 eut un succès de scandale, de courte durée. La même année, Valérie Solanas tira sur Andy Warhol. Son texte est une déclaration de guerre, un voeu d'extermination et un cri de haine à la gente masculine, d'une misandrie parfois grotesque; mais c'est aussi une analyse des rapports sociaux de sexe pleine de colère et de lucidité.
C'est politique, impertinent, c'est indécent, injuste parfois, mais aussi grossier et jouissif. Autoédité tout d'abord, ce texte a gagné ses lettres de noblesse avec une publication aux éditions 1001 Nuits en 2021, avec une postface de Lauren Bastide.
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