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Emmanuèle de Lesseps (Traducteur)Michel Houellebecq (Auteur de la postface, du colophon, etc.)
EAN : 9782842053185
77 pages
1001 Nuits (01/05/1998)
3.95/5   177 notes
Résumé :
Publié pour la première fois en 1967, ce texte culte, maintes fois réédité, s'inscrit d'emblée dans la lignée des grands pamphlets qui ont marqué la pensée révolutionnaire de l'époque. Scum - littéralement, la lie ou acronyme de Society for Cutting up Men [Association pour tailler les hommes en pièces] - reste un texte d'une radicalité peu commune. L'homme, la femme, le pouvoir, l'argent, le travail, les rapports amoureux : rien n'échappe à Valerie Solanas dans sa c... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (34) Voir plus Ajouter une critique
3,95

sur 177 notes
Militante féministe depuis plus de dix ans, il fallait bien un jour que je me penche sur ce pamphlet. Et moi qui me fais régulièrement traiter de misandre, anti-hommes, pro matriarcat, j'aimerais faire lire à tous ceux là ce petit livre, qu'ils comprennent ce qu'est la misandrie.
L'autrice est essentialiste ; c'est à dire qu'elle pense (grosso modo) que les hommes naissent pervers, mauvais, violents - et autres "qualités" tandis que les femmes seraient douces, compréhensives, innocentes et généreuses. Personnellement, je suis une féministe de la deuxième vague : radical/matérialiste. Je considère que c'est l'éducation, la société, bref tout ce qui nous entoure, qui façonne notre façon de voir et de penser les choses. Pour moi, notre personnalité est quasiment acquise à près de 95%, l'inné se retrouvant juste dans le physique. Ce qui fait que, contrairement à Solanas, j'ai encore un peu d'espoir quant à changer la société -même si ça va être très très long, vu ce que je lis dans les médias, ou lorsque j'écoute les gens parler.
Au final, j'ai tout de même un peu ri tant c'était exagéré, mais sa colère, je la partage et elle est légitime.
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C'est parce que Virginie Despentes en fait une référence que je me suis intéressée à "Scum Manifesto" le texte le plus radical de l'histoire du féminisme, le Scum étant une "Association pour tailler les hommes en pièces" comme l'indique le sous-titre. Alors rien que pour ça il faut lire le cri de colère de Valerie Solanas, à ne pas prendre au premier degré même si elle l'a écrit avec une grande sincérité en 1967. Il faut dire qu'aux États-Unis l'époque est marquée par la pensée révolutionnaire, entre la lutte des Noirs pour les droits civiques et la guerre du Vietnam et que l'autrice est une femme qui a été abusée par les hommes toute sa vie, depuis sa petite enfance.

Ce pamphlet doit s'entendre comme la haine du patriarcat et des mâles dominants plutôt que des hommes individuellement. D'ailleurs, Valerie Solanas avait des potes y compris transgenres dans la vraie vie.
Elle met donc les pieds dans le plat en déclarant qu'il faut bousiller le système patriarcal fondé sur l'argent, la domination et le travail, avec les filles Scum.
Elle y met de la violence y compris contre "les filles à son papa" comme elle appelle les femmes soumises (en opposition aux femmes Scum) ou contre le Grand art en référence à Andy Warhol qu'elle ne cite pas mais qui la suffisamment méprisée pour qu'elle le blesse gravement en lui tirant dessus en 1968 quand elle fréquente la Factory à New-York.

Voilà un livre qui met mal à l'aise parce qu'il appelle très clairement à l'éradication des hommes (ce qui est impensable bien sûr sauf pour Valerie Solanas) mais cela prend peu de place dans le manifeste finalement. C'est la critique de la société de l'époque qui est centrale d'autant plus qu'elle est persuadée de la supériorité de la femme, l'homme étant une femme manquée. Si cela peut sembler caricatural puisque radical, il y a aussi un côté visionnaire dans ce livre : elle évoque par exemple l'automation généralisée ou la binarité de genre. Et puis, il faut compter de belles phrases comme "Les femmes savent indistinctement que le seul mal est de nuire aux autres et que le sens de la vie est l'amour."
Ce qui est certain c'est que personne n'a écrit un texte comme ça avant.


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En anglais, « scum », c'est l'ordure, le rebut, le salaud. Pour Valerie Solanas, c'est l'acronyme de Society for Cutting Up Men, et c'est déjà tout un programme !

« Vivre dans cette société, c'est au mieux y mourir d'ennui. Rien dans cette société ne concerne les femmes. Alors, à toutes celles qui ont un brin de civisme, le sens des responsabilités et celui de la rigolade, il ne reste qu'à renverser le gouvernement, en finir avec l'argent, instaurer l'automation à tous les niveaux et supprimer le sexe masculin. » (p. 9) Dans ce pamphlet, l'autrice effectue une démonstration par l'absurde poussée à l'extrême. Cela peut sembler grotesque ou délirant, mais à bien lire et relire le texte, on comprend toute la pertinence du propos.

Le postulat de Valerie Solanas, c'est que l'homme voudrait être une femme. Frustré, il compense en baisant à tout va et en projetant sur les femmes ses propres faiblesses. « Chaque homme sait, au fond de lui, qu'il n'est qu'un tas de merde sans intérêt. » (p. 16) Pour mettre en place une société plus juste où les femmes auraient toute leur place, l'autrice prône évidemment la fin du patriarcat et du capitalisme, mais surtout la mise sous tutelle des hommes, ces êtres maladifs et incomplets. « La virilité est une déficience organique, et les hommes sont des êtres affectivement infirmes. » (p. 10) Il faut redonner le pouvoir aux femmes, seules à être capable de l'assumer et de diriger le monde.

Au-delà du discours violemment satirique et agressif envers les hommes et résolument féministe, Valerie Solanas veut forcer les lecteur·ices à changer de vision sur le monde, à déplacer leur point de vue pour se mettre dans les pompes de l'autre sexe. « L'amour ne peut s'épanouir dans une société fondée sur l'argent et sur le travail dépourvu de sens. Il exige une totale liberté économique et individuelle. » (p. 47) En première lecture, le manifeste est évidemment féroce et jubilatoire : il fait hurler de rire, soit pour éviter de hurler tout court, soit pour s'entraîner à hurler, justement !

La postface modeste et lucide de Lauren Bastide éclaire le texte et donne d'autres pistes pour le comprendre et l'appliquer à notre société de 2023. Vous vous en doutez, ce petit livre prend sa place sans attendre sur mon étagère de lectures féministes ! « Les femmes, elles, prennent pour acquises leur identité et leur individualité, elles savent instinctivement que le seul mal est de nuire aux autres et que le sens de la vie est l'amour. » (p. 40)
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Lauren Bastide, dans sa postface, écrit : "Car personne n'a jamais vraiment su comment aborder le texte de Solanas."
Et c'est comme çà que je me sens après avoir refermé cet ouvrage, prise entre un premier degré revanchard et extrême, limite malaisant, et un second degré rigolard, tout aussi malaisant par les idées pas si ridicules que çà qui émergent du texte, prises au milieu de présentations caricaturales. Parce qu'aujourd'hui, quelle femme ne se reconnaitrait pas dans au moins une face de la domination masculine que Valérie Solinas présente dans son manifeste. du coup, on peut en arriver à se poser la question de la légitimité de l'éradication des hommes. C'est presque une blague. Presque... parce que dans la société du #metoo, on peut légitimement s'interroger.
En parallèle, Valérie Solanas remet en cause le capitalisme, rêvant d'une société sans argent et automatisée qui répondrait à tous les besoins de ses membres et en feraient des êtres égaux.
La postface de Lauren Bastide raconte Valérie Solinas et sa vie et replace dans un contexte actuel ce pamphlet féministe un brin extrême, mais intéressant à lire, ne serait-ce que pour mettre à jour notre part revancharde, envers les hommes et la société et réfléchir sur notre place vis-à-vis de tout çà.
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Plus qu'une pensée féministe, rebelle, anarchiste ou que sais-je encore, Scum Manifesto est avant tout un pamphlet. Afin de bien éclairer le futur lecteur, il est bon de définir le concept du pamphlet, soit un écrit fait pour tuer.
A ce titre, Scum Manifesto réussit, puisqu'il argumente et explique comment et pourquoi il faudrait tuer tous les hommes de la Terre sans éprouver aucune pitié.

Le véritable problème de ce texte est son auteur : Valérie Solanas. Et certain(e)s lecteur(ice)s qui n'ont jamais vu aucun ordre patriarcal s'exprimer, qui pensent que ces idées sont des fantasmes de féministes, auront l'impression de tenir entre leurs mains un mein kampf. A celles-là et ceux-là, j'aimerais les rassurer.

Non, un génocide masculin n'aura jamais lieu, peu importe le nombre de gens qui le lisent, et
non, jamais les femmes ne détiendront un pouvoir absolu et fasciste sur l'humanité - oui je sais, il parait que certaines tribus primitives évoluant culs-nus avaient mis en place un pouvoir matriarcal, mais ne nous en inquiétons pas outre-mesure.
Pour l'instant, et je parierais mon âme là-dessus, des hommes déteindront le pouvoir sur les femmes jusqu'à la fin des temps.

Cela, n'importe quel esprit honnête pourrait en convenir. D'où l'humour de l'auteur par ce renversement des forces, et le trente-six millième degrés nécessaire pour lire ce texte. Mais hormis cela, que reste t-il ? le cri d'une femme blessée par les hommes. Comme ces hommes qui la violèrent depuis sa plus tendre enfance, ou comme celui qui l'exploita artistiquement (1), puis qui perdit sa pièce de théâtre (2) par pur je m'en foutisme, ou encore, comme cet homme éditeur qui fit fortune en vendant le Scum Manifesto dans le monde entier sans jamais rétribuer son auteur. Au final Solanas n'arrivera pas à briser sa tragédie, les hommes, et finira par crever d'une pneumonie dans une bouge crasseux de San Francisco.

C'est ce qui motiva mon envie d'écrire cette critique, vous affirmer que pour bien appréhender ce court pamphlet, il est nécessaire de s'intéresser à la vie de son auteur. Solanas, un artiste de génie que la société américaine destina à la rue, la toxicomanie et à la prostitution, mais un esprit incroyable aussi, une guerrière pleine de pulsions de vie, et de mort.

En plus du Scum Manifesto, si vous souhaitez vous intéresser à ce destin hors du commun, je vous conseille vivement le visionnage du film qui raconte sa vie, " I Shot Andy Warhol ", et la prestation incroyable de l'actrice qui l'incarne, Lili Taylor.


(1) le même homme qui exploita le peintre Basquiat, puis qui l'assassina
(1) selon Solanas son oeuvre ultime, qu'elle ne possédait qu'en un seul exemplaire.
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critiques presse (1)
BDGest
19 février 2021
La vitalité de l'écriture de Théa, mêlée à la force de la mise en scène et du séquençage de Bernardo Juan Serrano brossent dans les pages de cette bande dessinée un portrait psychologique d'une grande subtilité.
Lire la critique sur le site : BDGest
Citations et extraits (62) Voir plus Ajouter une citation
Les femmes savent indistinctement que le seul mal est de nuire aux autres et que le sens de la vie est l'amour.
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Rongé qu'il est de culpabilité, de honte, de peurs et d'angoisses, et malgré la vague sensation décrochée au bout de ses efforts, son idée fixe est toujours : baiser, baiser, baiser. Il n'hésitera ni à nager dans un océan de merde ni à s'enfoncer dans des kilomètres de vomi, s'il a le moindre espoir de trouver sur l'autre rive un con bien chaud. Il baisera n'importe quelle vieille sorcière édentée, n'importe quelle femme même s'il la méprise, et il ira jusqu'à payer pour ça.
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En dehors de son côté lèche-cul, la conversation de la Fille à son Papa est encore limitée par sa crainte d’exprimer des opinions déviantes ou originales et par son sentiment d’insécurité qui l’emprisonne. Ce qui lui enlève tout charme. La gentillesse, la politesse, la « dignité », le sentiment d’insécurité et la claustration mentale ont peu de chance de s’allier à l’intensité et à l’humour, qualités dont ne peut se passer une conversation digne de ce nom. Et la conversation digne de ce nom ne court pas les rues, étant donné que seules les femmes tout à fait sûres d’elles, arrogantes, exubérantes, et fortiches, sont capables d’avoir une conversation intense et spirituelle de vraies salopes.
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À force de ne jamais agir à sa façon, on se sent dépassé par ce monde et on accepte passivement le statu quo. Maman aime ses enfants. Elle se met quelquefois en colère, mais la crise passe vite et n’exclut jamais ni l’amour ni l’acceptation profonde. Papa, lui, est un débile affectif et il n’aime pas ses enfants ; il les approuve - s’ils sont « sages », gentils, « respectueux », obéissants, soumis, silencieux et non sujets à des sautes d’humeur qui pourraient bouleverser le système nerveux mâle et fragile de Papa - en d’autres termes, s’ils vivent à l’état végétal. S’ils ne sont pas « sages », Père ne se fâche pas - quand il est un père moderne et « civilisé » (la brute moralisatrice et gesticulante d’autrefois est bien préférable car suffisamment ridicule pour se déconsidérer d’elle-même) - non, il se contente de désapprouver, attitude qui, contrairement à la colère, persiste, et exprime un rejet fondamental : le résultat pour l’enfant, qui se sent dévalorisé et recherchera toute sa vie l’approbation des autres, c’est la peur de penser par lui-même, puisqu’une telle faculté conduit à des opinions et des modes de vie non conventionnels qui seront désapprouvés.
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Les agissements de SCUM seront criminels. Il ne s’agira pas de simple désobéissance civile, de violer ouvertement la loi pour aller en prison et attirer l’attention sur l’injustice. Cette tactique suppose l’acceptation globale du système et n’est utilisée que pour le modifier légèrement, pour changer certaines lois précises. SCUM se dresse contre le système tout entier, contre l’idée même de lois et de gouvernement. Ce que SCUM veut, c’est démolir le système et non obtenir certains droits à l’intérieur du système. D’ailleurs, SCUM - qui garde la tête froide, qui est avant tout égoïste - évitera toujours de se faire prendre et de se faire condamner. SCUM agira par en dessous, furtivement et sournoisement (mais les meurtres de SCUM seront toujours connus en tant que tels).
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