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Critique de Aquilon62


Qui mieux que Philippe Sollers pour nous faire partager Sa Venise dans ce dictionnaire amoureux

Lui qui nous dit : "du bon usage de Venise : choisir son quartier, son pont, son ponton, son quai, son jardin, ne plus bouger, lire ou écrire" Et bien partons avec lui lire ce Dictionnaire Amoureux

Et il aura écrit sur Venise et à Venise, et dès le prologue le ton est donné :

"Je me revois, à l'automne 1963, arrivant pour la première fois, de nuit, à Venise.
Je viens de Florence, me voici tout à coup sur la place Saint Marc.
La prévision de la scène est étonnante : debout, sous les arcades, regardant la basilique à peine éclairée, je laisse tomber mon sac de voyage, ou plutôt il me tombe de la main droite, tant je suis pétrifié et pris.
J'entends encore le bruit sourd qu'il fait sur les dalles.
Je sais, d'emblée, que je vais passer ma vie à tenter de coïncider avec cet espace ouvert, là, devant moi.
J'ai ressenti une émotion du même genre, mais moins forte, en pénétrant, à Pékin, dans la Cité interdite et, surtout, en allant aux environs visiter le temple du Ciel au toit bleu.
C'est un mouvement bref de tout le corps violemment rejeté en arrière; comme s'il venait de mourir sur place et, en vérité, de rentrer chez soi. Être dehors est peut être une illusion permanente : il n'y aurait que du dedans et nous nous acharnerions à ne pas le savoir.
La nuit (il était très tard, il n'y avait personne ni sur la place ni dans les ruelles) favorisait ce choc semblable à celui qu'on ressent dans l'épaule en tirant un coup de fusil. Détonation silencieuse, vide, plein, vide : évidence intime"
Tel un syndrome De Stendhal....

On comprend mieux cet amour qu'il voue à la Sérénissime et qu'il sait si bien nous transmettre, prenant le relais d'autre écrivains illustres, qui perpétuent a mon sens, le plus beau texte sur Venise, a savoir

L'éloge de Venise, de Luigi Crotto Cieco d'Hadria, prononcé pour la consécration du doge sérénissime de Venise Luigi Mocenigo, le 23 août 1570.

« Voici la ville qui, à tous, inspire la stupeur. Et j'ajouterai que toutes les vertus en Italie dispersées en fuyant la fureur des barbares ici se rassemblèrent, et, ayant reçu du ciel le privilège des alcyons, firent, sur ces eaux, de cette cité, leur nid. Et je conclurai ainsi : qui ne la loue est indigne de sa langue, qui ne la contemple est indigne de la lumière, qui ne l'admire est indigne de l'esprit, qui ne l'honore est indigne de l'honneur. Qui ne l'a vue ne croit point ce qu'on lui en dit et qui la voit croit à peine ce qu'il voit. Qui entend sa gloire n'a de cesse de la voir, et qui la voit n'a de cesse de la revoir. Qui la voit une fois s'en énamoure pour la vie et ne la quitte jamais plus, ou s'il la quitte c'est pour bientôt la retrouver, et s'il ne la retrouve il se désole de ne point la revoir. de ce désir d'y retourner qui pèse sur tous ceux qui la quittèrent elle prit le nom de Venetia, comme pour dire à ceux qui la quittent, dans une douce prière : Veni etiam, reviens encore. »

Un texte qui exprime si bien ce qu'est Venise et qui donne envie d'y venir et d'y revenir que ce soit en vrai ou au travers de textes ou d'ouvrages et ce Dictionnaire Amoureux y contribue...
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