- L'essentiel, c'est ce qu'il reste au bout du chemin.
es hurlements d’une mère sont une des rares choses qui vous détruisent définitivement de l’intérieur. C’est irréparable.
Quand les hommes se mettent à boire, ils le font avec ceux qui passent et qu’ils ne voient même pas. Ce ne sont que des fausses amitiés, des gorges ouvertes sur le vide. Quand les hommes se mettent à boire, ils commencent à plusieurs mais finissent toujours seuls.
Il était parti de Saint-Pétersbourg en laissant toute son histoire mais il a eu le temps d’emporter une petite statue de Pouchkine un buste, qu’il m’offrit ce jour-là.
– Tiens Ptit’sa. C’est pour toi. Comme cela tu n’oublieras jamais d’où nous venons. Et sache bien que l’argent n’a aucune importance, crois moi je peux te le dire ! L’argent est une chose fragile, qui va et vient et s’épuise. Sois riche de mille autres choses ma chérie, c’est ce que t’enseigneras cette statue. Ne te laisse jamais engourdir. Souviens-toi de notre histoire et des chemins que la vie peut parfois prendre …
Ma sœur mon frère et moi savions bien que ma mère lui avait tout imposé, la maison, le chien, Noël, les saisons, et les choses à prévoir.
Peut-être que nous aussi, elle nous avait imposés ? Parfois j’en avais la sensation.
– Mais je croyais que les enfants, il faut les désirer à deux ? demandai-je à ma sœur, le soir, quand nous discutions serrées l’une contre l’autre sous les couettes.
– Tu parles ! répondait-elle. Il y a des femmes qui mettre comme cela le grappin sur des hommes.
– Le grappin ? comme pour les bateaux de pirates ?
– Oui, un peu comme ça, si tu veux ! disait-elle en riant. Une sorte d’arbordage , !
Je suis à présent une vieille petite fille qu’il pourrait enfin prendre dans ses bras mais c’est trop tard, nous n’avons jamais su. La seul chose que nous somme capables de faire, c’est de nous asseoir l’un à côté de l’autre dans la voiture (ça va ? me dit-il après vingt ans d’absence …) et de rouler dans la garrigue fenêtres ouvertes pour allez une dernière fois ensemble dans la Maison blanche aux volets clos.
Les hommes de notre famille ont toujours été des salauds, de magnifiques salauds.
Tous les paysans des environs étaient conviés. Anna et Natacha s'habillaient en princesses russes avec de longues robes rouges de velours brodé. les hommes étaient en costumes clairs.
-En semaine, ils étaient chauffeur, livreur, ouvrier et, au mieux, professeur de piano ou de russe. les temps étaient si durs, Ptit'sa, murmura Anna.
Mais, à la Californie, tout cela n'existait plus. La révolution, les espoirs abandonnés, le manque d'argent. Ils riaient. Ils s'aimaient. Ils oubliaient. Ils s'oubliaient.