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Critique de vilvirt


«Tu es un ciel clair avec le vent en poupe. Viens, ma reine, faisons une promenade. On pourrait aller au théâtre clandestin.»


Ah ! le théâtre clandestin et ses spectacles effroyables ! J'avoue que je ne connaissais pas le sujet et que j'ai découvert un aspect de l'époque victorienne tout à fait inédit (et dérangeant) Ce polar historique explore bien des domaines inattendus. C'est un mélange original de ténèbres et de misère, une enquête noire qui rend hommage à Arthur Conan Doyle à travers des personnages à la fois totalement atypiques (Mr X) et tristement ordinaires (comme la narratrice elle-même).

Au sein d'une société déchirée entre son puritanisme et ses pulsions dépravées, Somoza explore avec talent la psyché humaine et la complexité de l'art tout en navigant sur les eaux ténébreuses du polar. Ambiance glauque aux relents gothiques qui prend place dans un hopital psychiatrique, personnages abîmés, débits de boissons, spectacles racoleurs et meurtres effroyables qui hantent la ville de Portsmouth... on se retrouve vite englué dans une histoire assez prenante, mais qui souffre, toutefois, d'un manque de clarté vers la fin et qui s'embrouille un peu dans les fils de son intrigue. le rythme n'est pas toujours au rendez-vous, toutefois on savoure l'accumulation de petits détails sur le décor sordide de cette ville portuaire de la côte sud de l'Angleterre et l'atmosphère moralement délétère des théâtres.

Et sur tout cela tranche l'effrayante capacité d'analyse de Mr. X dont l'intelligence va se confronter à ce que l'humanité compte de plus sombre...

J'ai beaucoup apprécié la narratrice, l'infirmière Anne McCarey, une femme au physique ingrat mais au coeur immense, posée et mature, qui veut prendre sa vie en main et cherche à conserver son indépendance à une époque où c'est presque impossible. Son passé houleux va apporter son lot de problèmes. Ensemble, Anne et Mr. X (secondés par Doyle en personne) vont remonter le fil d'une intrigue particulièrement retorse dont les nombreux rebondissements nous tiennent en haleine jusqu'aux dernières pages.

"Étude en noir" est une belle performance du genre. Un voyage au coeur du crime renforcé par un contexte historique extrêmement bien rendu. Ou comment démontrer que le théâtre peut devenir un véritable manipulateur d'émotions...


"L'avantage des gens qui n'ont pas de chance, c'est qu'ils ne sont pas superstitieux."
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