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Critique de PhilippeCastellain


Du Japon viennent deux types d'oeuvres. D'une part les films de Kurosawa, les petits recueils de nouvelles, où j'ai l'impression de rentrer assez facilement et rapidement. Et puis celles comme les films de Ozu ou les livres de Natsume Soseki, ou j'ai l'impression que mon esprit cartésien d'occidental se prend en pleine tronche un mur de bronze et y perd ses gros sabots. Ce ‘Voyageur' rentre donc bel et bien dans la deuxième catégorie : en apparence il ne s'y passe pratiquement rien, on sent bien cependant qu'il s'y passe quelque chose, mais qu'on n'est pas capable de comprendre quoi.

Nous suivons un jeune architecte, Jirô, en visite à Osaka pour retrouver un ami avec lequel il doit partir en voyage. En parallèle il doit mener quelques démarches pour le mariage (arrangé) de l'une de ses deux soeurs. Mais rien ne se passe comme prévu. Son ami, malade, a été hospitalisé, et passe tout son temps à se préoccuper d'une autre patiente dont il s'estime responsable de la maladie. D'autres petits démêlés suivent… Assez rapidement cependant, le récit de Jirô se recentre autours de sa relation (complexe et pas franchement amical) avec son frère Ichiro et (amicale mais ambigüe) avec sa belle-soeur Nao. Ledit frère est, il faut le préciser, un intellectuel de haut niveau, mais dont le tempérament morose et les sautes d'humeur inexplicables altèrent le climat familial et pèsent sur ses proches – dont Nao.

On pénètre dans le Japon des années 1920 – 1930. L'occidentalisation s'est largement imposée dans le mode de vie, mais modernisme et tradition cohabitent de façon complexe. Les jeunes gens étudient la physique et la mécanique dans les universités, vont au bureau en costume-cravate, mais continuent de se fier à leur famille pour conclure des mariages arrangés. le cadre de pensée n'échappe pas à ce mouvement, et le bouddhisme zen et le shintoïsme se heurtent de plein fouet au cartésianisme et aux conceptions nietzschéennes, laissant les intellectuels japonais fort désemparés. Quant aux femmes, elles continuent de faire la cuisine et la vaisselle.

Peut-être vais-je simplement chercher trop loin, et Satsume Soseki n'est-il qu'une sorte de Dhôtel oriental, attaché à découvrir la profondeur des choses dans la banalité des gestes du quotidien, et les destinés extraordinaires dans les plus humbles et les plus routinières des vies. Ou peut-être pas…
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