RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE :
Natsume Sôseki, Je suis un chat, traduit du japonais et présenté par Jean Cholley, Paris, Gallimard, 1978, p. 369, « Unesco ».
Ainsi, puisque le monde dans lequel nous vivons est difficile à vivre et que nous ne pouvons pas pour autant le quitter, la question est de savoir dans quelle mesure nous pouvons le rendre habitable, ne fût-ce que la brève durée de notre vie éphémère. C'est alors que naît la vocation du poète, la mission du peintre. Quel que soit son art, l'artiste apaise le monde, il est précieux en ce qu'il enrichit le cœur de l'homme.
Chapitre 1.
Sans savoir pourquoi
J'aime ce monde
Où nous venons pour mourir
Sur l'aile du vent
Légère et lointaine
L'hirondelle
Les pattes de chat font oublier leur existence ; on n’a jamais entendu dire qu’elles aient fait du bruit par maladresse, où qu’elles aillent. Les chats se déplacent aussi silencieusement que s’ils foulaient de l’air ou que s’ils marchaient sur des nuages. Leur pas est doux comme le bruit d’un gong en pierre qu’on frappe dans l’eau, doux comme le son d’une harpe chinoise au fond de quelque caverne. Leur marche est parfaite comme l’intuition profonde et indescriptible des plus hautes vérités spirituelles.
En y regardant de plus près, le poète est d'un tempérament infiniment plus inquiet que le profane, et ses nerfs plus fragiles que le commun des mortels. S'il lui est donné de connaître des joies supérieures, il a aussi d'insondables chagrins. Aussi vaut-il mieux y réfléchir à deux fois avant de devenir poète.
Chapitre 1.
Pour ceux qui sont partis
Pour ceux qui sont restés
Les oies reviennent.
Pour faire œuvre de qualité, il me faut insuffler la vie aux choses telles que je les sens, avec leur charme tel que je l'éprouve. […] Si mon œuvre ne peut refléter la beauté telle que je l'ai vue, sentie, sans dépendre de la tradition ancienne ni se borner à une imitation, je ne pourrai pas la reconnaître comme mienne.
Chapitre 6.
Une chose effrayante, si on la regarde telle qu'elle est, devient un poème.
OREILLER D'HERBES, Chapitre 3.
Les petits crétins ! Rien de plus normal à ce qu’un maître puisse ne pas savoir…
Dire qu’on ne sait pas quand on ne sait pas, est-ce que c’est si extraordinaire ?
Je retournai à la salle des profs en me disant que si j’avais pu résoudre ce problème, je ne serais certainement pas venu m’enterrer dans ce trou pour un salaire de quarante yens ! Porc-Épic me redemanda comment ça c’était passé. Comme mes grommellements répétés ne semblaient pas le satisfaire, je dis que les élèves de cette école étaient des cancres qui ne comprenaient rien à rien.
Porc-Épic fit une drôle de tête.
La troisième et la quatrième heure, tout comme celle qui suivit le déjeuner, se déroulèrent en gros de la même manière. Chacune était une nouvelle épreuve de grossièreté. L’enseignement n’était en tout cas pas une partie de plaisir, me dis-je. Les cours de la journée étaient terminés pour moi, mais je ne pouvais pas rentrer, il me fallait attendre là pour rien jusqu’à trois heures. À trois heures, il me revenait d’inspecter la classe où mes différents élèves avaient été chargés de faire le ménage, une fois qu’ils m’en avaient informé. Puis je devais vérifier le registre de présence et je pouvais enfin partir. À quelque prix qu’on eût acheté mon corps, y avait-il une loi qui m’aurait enchaîné à l’école même durant mes heures libres et obligé à regarder fixement mon bureau ?
Quatre murs nus
Seule une lampe
Pour adoucir la chambre glacée.